Chroniques rebelles
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Samedi 14 novembre 2015
Les complexes militaro-industriels et le commerce des armes
Avec Patrice Bouveret et Sivan Halévy
Article mis en ligne le 16 novembre 2015
dernière modification le 5 juillet 2016

par CP

Complexes militaro-industriels et commerce des armes

Avec Patrice Bouveret (Observatoire des armements) et Sivan Halévy

Film documentaire de Yotam Feldman

The Lab. Vendeurs de guerre

En partant d’une enquête sur le complexe militaro industriel israélien et ses conséquences sociales et économiques, le film de Yotam Feldman porte une réflexion plus large sur la responsabilité directe des États dans les guerres et les massacres de civils. S’agissant des
États israélien, français, états-unien, britannique et des États producteurs d’armements, leur responsabilité est rarement discutée, sinon occultée, d’autant que ces mêmes États sont à
la fois fabricants d’engins de mort et signataires de conventions pour la protection des populations civiles. Déclarations humanistes et signatures aux oubliettes lorsque sont concernées les coopérations militaires, les contrats de ventes d’armes ou encore les trafics juteux en sous-main par des réseaux non officiels et mafieux.

Yotam Feldman souligne qu’en Israël, 150 000 familles vivent du commerce des armes et que cette production est florissante. La promotion des armes et des nouvelles techniques de guerre s’appuie sur la démonstration in situ des opérations militaires en Palestine, et en particulier à Gaza qui est un véritable laboratoire à portée de chars, d’avions, de drones et autres innovations meurtrières… Conséquence de l’opération Plomb durci, menée contre Gaza en 2008-2009, Israël a vendu pour des milliards de dollars d’armement militaire testé sur la population gazaouie.

Chaque opération militaire israélienne s’avère très rentable à l’international et c’est ce que montre le documentaire de Yotam Feldman, The lab – Vendeurs de guerre, qui prévoit des interventions militaires à échéances régulières pour renforcer commercialement l’industrie israélienne de l’armement. Les campagnes publicitaires utilisent évidemment dans leur communication l’image de femmes hôtesses style bimbos, ou bien celle de guerrières entraînées et impavides, histoire de prouver que la représentation genrée des warriors
est remplacée par le « tous et toutes sur le pied de guerre », et qu’Israël est à la pointe
du progrès. Certains intellectuels israéliens se rallient à la militarisation de la société en justifiant à l’aide de graphiques et de démonstrations philosophiques, la manière la plus
efficace de « supprimer » les « autres », l’ennemi, et l’un des intervenants va même jusqu’à déclarer à la caméra : « Les Palestiniens sont nés pour mourir, alors aidons-les » !

Les armes, comme les stratégies et les tactiques de guerre s’exportent avec succès, notamment au Brésil, où elles sont utilisées contre les populations des favelas. Le contrôle des populations est en effet un enjeu largement développé, malgré quelques regrets au passage sur le sacrifice de victimes civiles innocentes. On connaît le refrain : il est impossible d’éviter les dommages collatéraux pour séparer le bon grain de l’ivraie !

L’occupation militaire de la Palestine est une source de profit 
pour la société israélienne, d’où cette interrogation de Yotam Feldman sur l’aspect de la rentabilité : 
« À quand la prochaine opération ? »

Le traité sur le commerce des armes interdit aux États signataires la vente ou les échanges de matériel visant à commettre des crimes de guerre ou des génocides. « Le risque que les exportations d’armes sapent la paix et la sécurité et soient utilisés pour violer le droit international humanitaire » est supposé être évalué. Or la France se contente jusqu’à
présent de rappeler les obligations du traité qu’elle a ratifiée sans pour autant expliquer comment elle compte les mettre en œuvre. L’opacité sur le sujet permet-il toutes les dérives ? Le rôle des complexes militaro industriels est-il tabou ? Les informations au public sont-elles classées « secret d’État » ? Enfin quels sont les échanges de matériel avec d’autres pays et les projets de recherche multinationale ?

À la lumière du travail de l’Observatoire des armements, du film de Yotam Feldman, The Lab. Vendeurs de guerre, et à quelques jours du « salon international de la sécurité intérieure des États », Milipol Paris, il apparaît comme essentiel d’aborder ces questions.

Patrice Bouveret (Observatoire des armements) traite ici du problème de la coopération militaire entre la France et Israël… Je voudrais cependant ajouter que les attentats meurtriers du vendredi 13 novembre à Paris relancent également la question du commerce des armes et de la facilité pour les obtenir.

Lors d’une présentation de son film, The Lab. Vendeurs de guerre, Yotam Feldman a déclaré :
« Au cours de la réalisation du film, une image m’a traversé l’esprit à propos des frontières que nous croyons, que nous voulons très nettes, entre d’un
côté, le beau monde de l’art, de la pensée, de l’université et du savoir, et, de l’autre, le monde terrible de la politique, de la barbarie, des militaires et de l’occupation : ces frontières ne sont pas aussi nettes qu’on pourrait le souhaiter. Elles sont indéfinissables.

Et dans le film, on peut le constater dans les liens existant entre l’occupation et l’université, entre le monde politique et le monde de l’art. Personne n’est finalement exclu de la responsabilité de la situation, ne serait-ce que par le profit que nous en tirons. C’est ce que j’ai compris en réalisant ce film, les frontières sont très floues, notamment entre eux et nous. »

Et c’est cette responsabilité induite qui amène à poser des questions à Sivan Halévy sur la résistance, sur les pistes de mobilisation contre les complexes militaro industriels et sur le refus de l’instrumentalisation de l’opinion. Sivan Halévy est aussi le co-auteur du Livre de Handala, dans une nouvelle édition avec un sous titre : Une autre histoire de Palestine.

En juillet 1987, le caricaturiste palestinien Naji al-Ali, créateur du personnage de Handala et ancien président de la Ligue des caricaturistes arabes, est assassiné d’une balle en pleine tête à la sortie de son bureau de Londres. Ses desseins critiquaient l’occupation israélienne et les régimes arabes. Desseins qu’il décrivait comme « l’expression des opprimés qui paient cher leurs vies, portant sur leurs épaules le fardeau des erreurs commises par les autorités ». L’implication d’agents doubles contrôlés par le Mossad dans ce meurtre n’a jamais abouti.

Mais son personnage Handala est toujours présent, partout. Handala est à la fois la promesse de ne pas trahir la cause du peuple palestinien et l’attachement à la terre natale de Palestine (Naji al-Ali a, comme quelques 800 000 autres Palestiniens.nes, subit la Nakba, la Catastrophe, période contemporaine de la création de l’État d’Israël qui lui a permis de détruire environs 500 villages palestiniens. Expulsé de son village al-Shajara en Galilée, il s’est retrouvé réfugié dans le camp de Ein el-Helwe dans le sud du Liban, près de Saïda) ; la dénonciation de tous les complots (israéliens, arabes, étatsuniens) ourdis contre le peuple arabe ; mais aussi l’espoir dans le panarabisme issu de Nasser, la reconnaissance du rôle des femmes palestiniennes dans la persistance de l’esprit de résistance, l’attachement au Liban et à son peuple… Handala est beaucoup de ces choses qui font jusqu’à aujourd’hui l’oppression du peuple arabe en général et du peuple palestinien en particulier ainsi que leurs cris de résistance.

Aujourd’hui, Handala est devenu un symbole du « Droit au retour » des Palestiniens.nes sur leur terre. Et il commence à être connu dans la sphère politico-culturelle dite « occidentale » entre autres grâce à l’édition de livres des dessins de Naji al-Ali.



Mercredi 18 novembre 2015 à 20h

La guerre contre les peuples :

Israël, les Palestiniens et la pacification globale

Réunion publique avec Jeff Halper, coordinateur de l’ICAHD (Comité israélien contre la démolition de maisons palestiniennes).

Dans le cadre d’une tournée organisée par la Plateforme des ONG pour la Palestine, en collaboration avec l’Observatoire des Armements et avec le soutien de plusieurs associations, dont l’UJFP, présentation de son livre (en anglais) War Against the People : Israel, the Palestinians and Global Pacification (La guerre contre les peuples : Israël, les Palestiniens et la pacification globale).

L’intervention de Jeff HALPER portera sur deux thèmes :
 la situation actuelle et ses perspectives (ou manques de perspectives), vue du côté israélien, sous le titre : où va Israël ?

 les dangers que font courir au monde entier les développements israéliens, testés contre les Palestiniens, dans le domaine des armements et de la politique sécuritaire.

Militant des droits civiques, Jeff Halper est l’une des grandes figures de la lutte pour la paix en Israël. États-unien et ancien militant contre la guerre au Vietnam, il vit en Israël depuis 1973, a enseigné l’anthropologie aux universités d’Haïfa et Beersheba et dirigé le centre Moyen-Orient de Friends World College à Jérusalem (mouvement quaker). En 1997, Jeff Halper co-fonde le Israel Committee Against House Demolitions (ICAHD) qui s’oppose pacifiquement à la politique de destruction de maisons palestiniennes dans les territoires occupés et à Jérusalem-Est (27 000 maisons et bâtiments palestiniens ont été détruits depuis 1967). Jeff Halper est membre du comité du Tribunal Russel sur la Palestine. Il anime aujourd’hui le réseau "The People Yes Network" (Le Réseau Oui aux Peuples).



Tournée du Freedom Theatre

Théâtre de la Liberté de Jénine

Le théâtre de la Liberté de Jénine présente L’Ile (The Island) les vendredi 27 et samedi 28 novembre au théâtre Berthelot de Montreuil et le mardi 1er décembre à l’espace Jean Vilar d’Arcueil.

Le cinéma le Méliès projette le film Les Enfants d’ Arna de Juliano Mer Khamis, le lundi 16 novembre à 20h45 à Montreuil.

Entretien en compagnie de Sonia Fayman sur l’association ATL Jénine et la tournée de la troupe du Théâtre de la Liberté de Jénine

L’Ile est une pièce écrite par trois écrivains sud-africains [1], au temps de l’apartheid.
Le Freedom Theatre joue cette pièce dont les thèmes, comme le dit Gary English, metteur en scène de la version palestinienne, « sont universels, notamment la tragédie de ceux qui, dans le monde sont, quoi qu’il en soit, emprisonnés pour des raisons purement politiques, des croyances ou simplement parce qu’ils s’expriment contre l’injustice. »

Les Amis du Théâtre de la Liberté de Jénine produisent aujourd’hui l’Ile, en France, en soutien au Théâtre de la Liberté.

« Il n’y a pas de paix sans liberté

La paix et la liberté sont inséparables »

Arna Mer Khamis



Musiques

Edwin Starr, War

Donovan, Universal Soldier

Trio Joubran, Rubama