Chroniques rebelles
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Samedi 14 janvier 2006
Réfractaires à la guerre d’Algérie 1959-1963
Érica Fraters (Syllepse)
Article mis en ligne le 6 mars 2008

par CP

Lors d’une émission des Chroniques rebelles, nous avons reçu Hélène Bracco pour son livre Pour avoir dit non, actes de refus dans la guerre d’Algérie, 1954-1962, paru chez Paris-Méditerranée et, pour en débattre, il y avait quelques-uns de ceux qui avaient vécu cette expérience de refus de la guerre d’Algérie qualifiée alors de « pacification » par les autorités, qui furent arrêtés et incarcérés, notamment des anarchistes, et d’autres. Mais il était bien peu question des libertaires comme d’ailleurs des militants de l’Action civique non violente dans le livre d’Hélène Bracco. D’où l’intérêt de Réfractaires à la guerre d’Algérie 1959-1963 , livre collectif qui retrace les engagements, les luttes et la détermination remarquables de ceux et celles qui s’opposèrent à la violence coloniale étatique. Le livre décrit des luttes qui, il faut le souligner, nourrissent l’imagination pour des actions actuelles et futures.

Il faut replacer les actions des réfractaires dans le contexte de la fin des années 1950, en pleine guerre d’Algérie, alors qu’« il n’était pas évident, pour la grande majorité des Français, de se rendre compte que cette "pacification" cachait une guerre coloniale bien réelle. » Il n’était effectivement pas simple alors de « dire non » et, de surcroît,
d’«  inscrire cette désobéissance civile dans un cadre plus général,
assorti de la proposition immédiate d’un service civil en Algérie.
 »

« Les réfractaires pouvaient avoir des origines et des motivations philosophiques, religieuses ou politiques diverses. Il y avait ceux qui refusaient tout port d’armes pour raisons religieuses, d’autres par antimilitarisme pur et simple et ceux qui s’opposaient à cette guerre coloniale. »

Les témoignages, les récits, les articles de journaux, les tracts de l’époque offrent une vision immédiate de la situation et illustrent la réalité vécue par les appelés qui refusaient d’aller en Algérie pour faire la guerre, et aussi par les soldats déjà sur place en Algérie qui s’opposaient aux ordres d’exécuter des prisonniers ou d’employer la torture. Autant de personnes représentant « un éventail de motivations assez large qui faisait converger les convictions intimes de chacun dans la réalité d’une action collective délibérément non violente ».

Ce livre est à la fois une leçon de modestie et d’espoir car, savoir dire non — même si c’est souvent difficile et risqué —, c’est toujours possible.