Chroniques rebelles
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Samedi 12 novembre 2016
Outmonster the monster, Angry Cats. Afectados de Silvia Munt. Retour de festival : Cinemed de Montpellier.
Article mis en ligne le 14 novembre 2016
dernière modification le 23 novembre 2016

par CP

Outmonster the monster, nouvel album de The Angry Cats sorti le 15 octobre 2016

Entretien avec Fred Alpi

Afectados
Film documentaire de Silvia Munt (Sortie le 16 novembre 2016)
L’entretien avec la réalisatrice souligne son implication dans un tournage où la caméra devient invisible pour donner libre cours à la parole de celles et ceux que le système bancaire et l’État bâillonnent…

Enfin retour de festival
Autour du Cinemed ou le cinéma méditerranéen sans frontières

Troisième opus du groupe The Angry Cats (les chats en colère), Outmonster the Monster nous plonge dans une dimension où se mêlent engagement, interrogations, constat sur la société actuelle et émotions personnelles… Bref un tour complet de ce que peut apporter le rock qui se veut dans la continuité du rock classique et subversif…

Rock des origines ? Peut-être… The Angry Cats se sont à coup sûr approprié un maximum d’influences, de courants et non des moindres, pour exprimer la révolte, le refus de conformité, la volonté de s’exprimer hors des codes, la conscience sociale… Le rock ou faire bouger les mentalités, c’est ce qui en a fait son caractère initial.

Outmonster the Monster, 11 titres et trois musiciens qui se donnent à fond, sans contrainte et en toute générosité… Dans la veine de deux morceaux particulièrement évocateurs, l’un issu d’un album précédent du groupe, Fly away from the Nighmare, et le très fort et poétique Étranges abysses de Fred Alpi, ce nouvel album des Angry Cats met en écho des textes puissants, une production impressionnante et des influences musicales parfaitement intégrées, ce à quoi s’ajoute l’osmose idéale entre les trois musiciens… À voir et écouter sur scène et sur CD, Outmonster the Monster est une très belle réussite et on en redemande.

http://bit.ly/TAC_ChroniquesRebelles

https://www.youtube.com/watch?v=OEJlAYyQIso&index=3&list=PL0BKVXhWnxDXpxRVrc1EAOo3Qibey7Fef

Afectados (rester debout), film documentaire de Silvia Munt

En 2012, l’Espagne est frappée de plein fouet par la crise économique et le taux de chômage atteint alors 27%. Des centaines de milliers de personnes, qui n’ont plus la possibilité de rembourser leur crédit immobilier, sont expulsées de leur logement, ce qui n’efface pas pour autant leur dette auprès des banques. Les banques expulsent, exproprient et continuent de ponctionner leurs victimes… Tandis que les logements restent vides, trop chers à louer ou à vendre. Des immeubles entiers, propriété des banques, sont vandalisés et se dégradent par manque d’entretien. Illustration encore une fois de la logique du profit contre-productif et imbécile.

Que gagnent en effet les banques à jeter ainsi quelque 600 000 personnes à la rue ? Des familles entières, des enfants, des femmes enceintes, des handicapé.es, tous et toutes démunies face à l’absurdité du système. C’est alors qu’un collectif s’organise, spontanément, rassemblant de nombreuses personnes qui refusent la résignation, et veulent aussi venir en aide aux victimes des prêts bancaires toxiques.

La plateforme se réunit tous les mercredis, prend en charge les urgences, apporte soutien et informations pour réagir contre l’insupportable, aménage un bâtiment pour celles et ceux qui sont à la rue, développe l’entraide, «  libère » et occupe des logements vides, organise des manifestations… C’est en cela que le film de Silvia Munt, Afectados, est jubilatoire, avec deux thèmes essentiels qui en sont le fil rouge : la survie et la solidarité.

« Je connaissais la théorie et maintenant je vois la pratique » dit une des personnes dans le film. Les séquences de l’atelier de squat et de l’occupation festive de la banque illustrent parfaitement cette mise en pratique. « C’est risqué et illégal, mais c’est légitime » explique une jeune femme de l’atelier de squat qui recommande d’occuper les appartements vides — propriété des banques —, et non ceux des particuliers ou des logements sociaux.

Dans Afectados, Silvia Munt donne la parole à celles et ceux qui en sont privé.es la plupart du temps. Des témoignages simples, vrais et bouleversants se succèdent à l’écran : « Pendant des années, on a vécu comme des somnambules. On pensait qu’on faisait tout bien ». « Je ne serai plus jamais comme avant et je ne le souhaite pas ». « On a la liberté de savoir vivre autrement ». « J’ai appris la solidarité et à aimer les gens ». Et de conclure par rapport aux logements « libérés » : « C’est notre droit. Nous allons nous battre !  »

Afectados de Silvia Munt s’achève sur le regard d’un homme tourné en gros plan vers la caméra qui semble dire « et vous ? ». Une image qui résume toute la dynamique de Afectados (Rester debout) de Silvia Munt qui traite dans ce film de la prise de conscience, de la dignité retrouvée et de l’entraide au-delà des différences.
Et puis personne n’est à l’abri de se retrouver à la rue comme le dit Silvia Munt dans l’entretien. Il faut garder à l’esprit que l’ennemi n’est pas l’autre, comme on tente de le faire croire, mais le système dont les banques sont un avatar. Alors, « s’entraider, ça fait grandir ».

Le film est sur les écrans depuis le 16 novembre.

Entretien avec Silvia Munt

Le Cinemed ou le cinéma méditerranéen sans frontières

Le Palmarès d’un festival est souvent source de regrets de voir certains films oubliés dans les récompenses. Mais il est difficile de choisir parmi des œuvres de grande qualité. Cette année, c’est le film de Jo Sol, Vivre et autres fictions, qui a remporté l’Antigone d’or et deux autres prix, dont celui de la meilleure musique de films.

Vivre et autres fictions narre le quotidien deux hommes, Pepe, qui sort d’un hôpital psychiatrique, et Antonio, activiste et handicapé. Le film questionne sur le regard porté par les autres sur la différence, sur son déni ou son acceptation et sur la normalité.

Le réalisateur catalan a tourné Vivre et autres fictions avec conviction et un petit budget, sans aucune aide. Il réussit là un film émouvant, entre documentaire et fiction : la rigueur et l’émotion pour dire les difficultés, la réalité, l’amitié, l’amour… Il faut espérer que le film soit distribué prochainement.

Personal Affairs de Maha Haj a reçu le prix de la critique. Trois lieux, des récits qui se croisent entre Nazareth, Ramallah et la Suède. Le film joue sur cet humour de l’absurde que l’on trouve chez Elia Suleiman. L’humour et la résistance vont très bien ensemble. L’entretien de Maha Haj sera bientôt diffusé dans les Chroniques rebelles.

Timgad de Fabrice Benchaouche a lui remporté le prix du public. Un archéologue franco-algérien travaille sur le site des ruines romaines de Timgad. L’instituteur du village, qui a formé une équipe de foot avec ses élèves, rêve d’aller en finale à Alger. Une peinture sociale et un film tout en rebondissements avec des comédiens formidables.

Autre film algérien récompensé, L’Étoile d’Alger de Rachid Benhadj. Retour sur le destin d’un jeune musicien durant la décennie noire. L’entretien avec Rachid Benhadj sera également diffusé dans les chroniques rebelles.

Le Cinemed ou le cinéma méditerranéen sans frontières… À suivre.

La Bataille de Florange de Jean-Claude Poirson au CINEMA L’ENTREPOT, 7-9 Rue Francis de Pressense Paris 75014
 Mercredi 16 à 19H40
 Mercredi 23 à 19H40

« Les promesses, c’est terminé ! On va prendre notre avenir en main ! » Un début qui annonce une lutte déterminée contre un capitalisme que les sidérurgistes qualifient de « féodal  » et qui s’inscrit dans la durée. Deux mandats présidentiels et… rien.
Mittal, pdg d’Arcelor-Mittal, est un prédateur financier qui a fait fortune en bourse et décide de tout, notamment de casser une région même si le secteur fait des bénéfices.

Cette aberration a poussé Jean-Claude Poirson, ancien ouvrier et militant, à suivre pendant trois ans le combat pour l’emploi des ouvriers sidérurgistes de Florange. « On n’est pas des criminels. On veut juste du travail. » En réponse, les CRS qui débarquent… De victimes, ils deviennent les coupables, mais la résistance ne fléchit pas.
La Bataille de Florange est le journal d’une lutte ouvrière… On lâche rien chantent-ils face au mépris et aux mensonges des politiques.

Le film, suivi de débats, est sorti le 24 octobre et tourne dans toute la France. À voir.

https://vimeo.com

CINEMA CAMEO, 24 rue du Palais Metz 57000
 Vendredi 25 novembre à 20h30 (suivi d’un débat avec le réalisateur, Edouard Martin, Antoine Terrack et Luis de Fraitas)

Carole Matthieu de Louis-Julien Petit


Thriller social percutant, le film donne à voir la violence des techniques managériales pour plus de performances. Humiliations, insultes, déshumanisation… Ce qui aboutit à l’addiction aux médicaments et même jusqu’au suicide. Isabelle Adjani interprète admirablement le rôle d’une médecin du travail qui tente en vain d’alerter la direction des dangers de ces pratiques managériales. Elle est face à Corinne Masiero, non moins convaincante en DRH de choc.

L’un des employés, désespéré, supplie la docteure de l’aider à en finir, ce qu’elle refuse d’abord, puis envisage comme une solution pour obliger les dirigeants de la boîte à revoir leurs méthodes de travail.

À voir sur Arte vendredi 18 novembre à 20h55

22 novembre à 20h, au Cinema des cinéastes, avant première du film de Jean-Michel Carré Russie, l’Empire contre-attaque.
Diffusion sur France 2, mardi 6 décembre vers 22h30.