Chroniques rebelles
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Samedi 14 janvier 2017
Théâtre : La domination masculine par la compagnie Manifeste rien. Cinéma : Tempête de sable d’Elite Zexer. La Cigale, le corbeau et les poulets. Film documentaire d’Olivier Azam…
Article mis en ligne le 15 janvier 2017
dernière modification le 18 janvier 2017

par CP

À travers la découverte des rapports de genre, c’est-à-dire des catégorisations de l’inférieur et du supérieur, on découvre la racine commune du racisme et des discriminations. La domination masculine est certainement la première des inégalités à cerner pour l’analyse des processus et des pratiques de domination. Celle qu’en fait Pierre Bourdieu l’amène à observer que les dominants sont également prisonniers de leur domination.

Seule sur scène, Virginie Aimone dit un texte inspiré de l’essai de Pierre Bourdieu, la Domination masculine, en emprunte le titre, auquel s’ajoutent des mythes, des poésies populaires berbères et des témoignages des deux rives de la Méditerranée, qui sont issus des travaux de l’anthropologue Tassadit Yacine.

La représentation offre un One Woman Show impressionnant dans lequel la comédienne Virginie Aimone aborde notamment l’importance de la violence symbolique comme moyen de domination, l’adoption du point de vue dominant par les femmes de leur image dévalorisée et la soumission transmise comme un code incontournable de l’ordre social de sexe. Et cela, même si les rapports de sexe et la division sociale du travail tendent aujourd’hui à brouiller les pistes et à donner l’impression que l’inégalité entre les hommes et les femmes s’efface.

Les modalités du clivage féminin/masculin sont en perpétuelle mutation, certes les femmes « occidentales » ont de plus en plus accès à leur indépendance matérielle, cela ne signifie pas pour autant que les inégalités entre les hommes et les femmes soient éradiquées. Les inégalités salariales en sont la preuve formelle et l’on est encore loin de l’application en pratiques de la fameuse formule « à travail égal, salaire égal ». Et l’on pourrait aussi donner comme exemple le partage des tâches non rémunérées, dites domestiques, ou encore le frein à la féminisation de la langue française qui prend le prétexte d’une règle instaurée au XVIIe siècle, selon laquelle le masculin l’emporte sur le féminin. Cette règle, encore enseignée aujourd’hui, inscrit de facto la domination phallocratique dès l’enfance et conduit à l’invisibilité du féminin.

Dans ce contexte, on peut se poser la question de l’influence de l’historicité des rapports sociaux de sexe. En effet, si les textes sur les rapports sociaux de sexe sont en général écrits par des femmes, ils se situent le plus souvent dans une perspective de libération des femmes, mais néanmoins l’analyse demeure dans le cadre d’une vision masculine du monde social.

D’où l’importance du montage de ce texte par la compagnie Manifeste Rien avec les mythes populaires kabyles analysés par Tassadit Yacine. Ainsi s’ajoute une matière ludique et une dimension pratique et quotidienne aux propos développés dans l’essai de Pierre Bourdieu. Surgit alors sur scène, grâce à l’interprétation de Virginie Aimone, des personnages, des situations, des illustrations de ce qu’est au jour le jour, et sans qu’on y prenne garde, la Domination masculine dans nos sociétés et ailleurs : le sujet est universel.

Tassadit Yacine est directrice d’études à l’EHESS à Paris, membre du laboratoire d’Anthropologie Sociale, fondatrice de la revue Awal. Spécialiste du monde berbère et des rapports de domination, elle a écrit de nombreux livres dont Si tu m’aimes, guéris-moi (éditions MSH), Chacal ou la ruse des dominés (la Découverte), des articles, notamment dans le Monde Diplomatique, et dirigé des ouvrages sur et autour de Pierre Bourdieu.

LA DOMINATION MASCULINE de Pierre Bourdieu et les textes de Tassadit Yacine

Dimanche 22 janvier à 17h à la Bellevilloise, Paris 75020 La représentation sera suivie d’un débat en présence de Tassadit Yacine

Réservation : manifesterien@gmail.com
La Bellevilloise, 19-21 Rue Boyer, 75020 Paris
Métro Gambetta ou Ménilmontant.

Les prochaines sorties cinéma :

La Cigale, le corbeau et les poulets

Film documentaire d’Olivier Azam qui annonce ainsi son film : « comédie documentaire réalisée par l’équipe de Merci patron ! D’après un scénario écrit par “l‘élite de la police”.  »

En deux mots, voilà de quoi il retourne. En 2009, des lettres de menaces, signées « cellule 34 », et des balles sont envoyées au président Sarkozy. Branle-bas de combat, la blague est prise très au sérieux puisque environ mille fonctionnaires se mettent à pied d’œuvre pour retrouver les soi-disant « terroristes ». La mobilisation se prolonge des mois, avec enquêtes, caméras de surveillance, traques et écoutes téléphoniques. Ça ne rigole pas ! Il s’agit du président de la République, celui qui avait dit aux flics qu’il fallait faire du chiffre. Bref, c’est toute une cellule antiterroriste digne des branquignols en action contre une bande de copains, habitants de Saint-Pons-de-Thomières, dans l’Hérault.

Finalement, après nombre de cafouillages paranoïaques et autres billevesées policières, les condés découvrent que les supposés coupables — le corbeau — tiennent leurs réunions dans un lieu hautement dangereux et subversif qui n’est autre que le tabac du coin, qui fait aussi librairie, connu sous le nom de la Cigale ! On se croirait dans un film de Louis de Funès, mais non, c’est bien la réalité.

La cellule antiterroriste a flairé le danger et flanque en garde à vue tout ce petit monde, une racaille de village dont il faut se méfier : Pierre, libraire et écrivain public à ses heures, Tintin, président de la maison de retraite, Jeannot, le Sancho du groupe, Jean-Michel, qui fomente des actions pacifistes spectaculaires, Guy, président du Secours populaire, Bernard, membre de l’association ATTAC, Marcel, ancien principal de collège… Et en plus ils publient La Commune !

Mais si, c’est une histoire vraie… Une vraie farce juridique où l’État joue la paranoïa jusqu’au ridicule, qui hélas ne tue pas ! C’est filmé par l’équipe des Mutins de Pangée et c’est truculent !

Ce sera sur les écrans le 18 janvier, mercredi prochain.

Tempête de sable Film de Elite Zexer (25 janvier 2017)

Ce film, la réalisatrice semble l’avoir littéralement porté en elle durant des années, depuis sa rencontre avec les tribus bédouines, notamment avec les femmes qui, malgré une société conservatrice, tentent de la changer en luttant de l’intérieur. C’est l’histoire de Layla, qui est étudiante à l’université, soutenue par son père, Slimane, qui la pousse à acquérir une certaine autonomie, comme conduire par exemple.

Cependant la pression de la communauté est forte et l’oblige à épouser une seconde femme, n’ayant eu que des filles avec la première. Le film se déroule durant la période du mariage où Jalila, sa mère, qui ne supporte pas d’être remplacée par une seconde épouse, découvre que Layla est amoureuse d’un garçon qui n’est pas de la même tribu.

Convaincue que son père la soutiendra dans son choix, Layla lui présente le garçon, mais la rencontre tourne court. Incapable d’aller contre les traditions et le jugement d’autrui, Slimane décide de marier sa fille au plus vite. Layla se rebelle, mais elle est très vite confrontée à un dilemme : couper tout lien avec sa famille et épouser l’homme qu’elle aime ou bien accepter la tradition dans laquelle elle a été élevée.

Tempête de sable sera sur les écrans le 25 janvier.

Chez nous Film de Lucas Belvaux (22 février 2017)

Le nouveau film de Lucas Belvaux ne sort que le 22 février, mais déjà il provoque des polémiques. Il s’agit de politique fiction puisque le Bloc patriotique est une copie conforme du Front national, avec une blonde platinée à sa tête, suivez mon regard…

http://www.andreas-lesite.com

un concert
http://www.andreas-lesite.com/0extendedlive

et des vidéo/performance en solo :
http://www.andreas-lesite.com/videos-live