Chroniques rebelles
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Samedi 3 juin 2017
Grèce : les centres de santé solidaire, la solidarité…
Article mis en ligne le 5 juin 2017

par CP

Le dernier salon du livre libertaire a été l’occasion de nombreuses rencontres et également de prendre connaissance des projets et des actions de solidarité au plan international. Cette émission aujourd’hui est le fruit de ces rencontres alors que le salon avait programmé la projection du film de Maria Kourkouta et Niki Giannari, Des Spectres hantent l’Europe. Un film documentaire qui donne l’idée exacte de ce qu’est la vie des migrant.es : l’attente, le sentiment d’abandon, l’espoir d’un ailleurs, le rêve d’un passage impossible et la pérennité de l’exil forcé des populations.

En Grèce, il y aurait au moins 60 000 réfugié.es bloqué.es dans les camps tenus par l’armée et le HCR, des camps où les conditions de vie sont extrêmement précaires.

Les réalisatrices, Maria Kourkouta et Niki Giannari, sont toutes deux engagées sur le terrain. La lutte pour les dispensaires, les centres de santé solidaire a commencé tout d’abord pour venir en aide aux migrant.es et aux sans papiers. Avec la crise grecque, l’urgence s’est généralisée pour une grande partie de la population grecque dépourvue de couverture sociale. Niki Giannari est membre de l’Hôpital Social de Thessalonique et elle fait partie des personnes qui l’ont mis en place. C’est pourquoi je voudrais citer l’un de ses textes qui fait la synthèse sur la situation sociale et politique.

« L’Hôpital Social de Solidarité de Thessalonique a été fondé en novembre 2011, par des médecins et autres bénévoles, ayant comme but de répondre aux besoins médicaux quotidiens de milliers de sans-papiers, réfugiés et immigrés, mais aussi de grecs privés de toute couverture médicale. Cette clinique aujourd’hui autogérée par de dizaines de personnes ne reçoit aucune aide financière des institutions, de l’église ou de l’Union Européenne et elle n’en est qu’une parmi les dizaines qui existent dans presque toutes les grandes villes du territoire grec. [Ce texte a été rédigé en décembre 2015 par Niki et était] destiné à accompagner le petit Calendrier 2016 que la clinique édite et publie sous forme de livre illustré de textes et d’images, à prix bas, en chaque fin d’année, pour l’année à venir. Ce texte a provoqué de grandes discussions contradictoires. Il se présente pourtant comme une sorte de compte-rendu de l’année précédente, cette année 2015 où, comme l’auteur l’écrit, « il s’est passé tellement de choses, c’est comme si rien n’avait eu lieu ».

« Une chose est certaine : après la prise du pouvoir par le parti d’extrême-gauche Syriza, en janvier 2015, une grande partie du peuple grec a eu un fol (ou pas) espoir de finalisation des politiques stériles de l’austérité et de l’ « état d’urgence » économique imposée par la mise en œuvre des mémorandums qui ont amené une grande partie de la société grecque à l’appauvrissement et à l’exclusion sociale. Pour beaucoup de gens, cet espoir s’est écroulé après la soumission à laquelle s’est plié ce gouvernement en juillet 2015, après le « NON » aux mesures d’austérité, prononcé majoritairement par le peuple grec lors du référendum. […]

2015, l’année de la « première fois à gauche », comme certains disent ironiquement ou bien fièrement, en Grèce, une année où le gouvernement de Syriza, les longues négociations et la soumission marquée par un nouveau et douloureux mémorandum, ont profondément marqué et continuent à marquer la société grecque. »

Nous parlerons, avec Jacques Leleu, de sa perception de la situation dans les espaces solidaires, des centres de santé solidaire, des initiatives sur place, des assemblées générales, des agressions de l’extrême droite et des mafieux, de la solidarité internationale, des luttes et de résistance…

NOTES :

Le Centre de santé solidaire de Néa Philadelfia. Un centre de santé solidaire autogéré où les soins sont gratuits. Les médecins et les « administratifs/ves » sont bénévoles. En 4 ans, le centre de santé a soigné 1200 personnes et réalisé 5000 consultations. Une pharmacie, au sein du centre de santé, est pourvue médicaments grâce aux dons. Il y a également un cabinet dentaire.

En Grèce, sur 11 millions d’habitant.es, 3 millions n’ont plus accès aux soins de base.

Actuellement, on compte 60 centres de santé solidaires en Grèce, dont certains sont liés à Syriza et d’autres sont autonomes, comme celui de Néa Philadelfia. Les volontaires appartiennent à toutes les formations politiques : communistes, trotskystes, anarchistes et sans étiquette.

Une loi récente modifie l’accès aux médicaments. Dorénavant toute personne malade peut se présenter dans une pharmacie avec une ordonnance et obtenir les médicaments nécessaires en s’acquittant de 25 % du prix. Une grande partie de la population ne peut pas payer cette quote part.

Les centres de santé solidaires ont un rôle élargi parmi la population, bien au delà de la santé :
1 — Ils sont une forme de résistance au quotidien, notamment par le biais des cantines solidaires. Le réseau des centres de santé est très important pour la conscientisation de la population.
2 - La pratique solidaire et gratuite des centres de santé est un facteur important de conscientisation des populations et de l’implication par la suite. Les patient.es deviennent des volontaires,
3 - Les centres de santé et les cantines solidaires sont les « avant-gardes » d’un autre modèle de fonctionnement de la société. D’autres formes autogérées existent, notamment les assemblées populaires. [1]

L’assemblée populaire de Néa Philadelfia a un rôle politique et culturel (les initiatives).
Depuis 5 mois, ce sont des attaques quotidiennes, notamment des membres d’Aube Dorée et des mafieux, liés au club sportif de l’AEK. C’est l’une des 3 équipes de foot d’Athènes qui appartient à un armateur, qui fait partie de ces mafieux. Ces attaques de l’assemblée populaire découlent de son opposition au projet de construction d’un stade de foot qui entraînerait en partie la destruction d’une forêt. En outre, ce stade « privé » serait financé par une subvention de l’État grec de 80 millions d’euros tandis que l’armateur gestionnaire du club ne donne pas un centime.

Selon les informations des camarades grec/ques, AEK (K c’est Constantinople) est l’équipe de foot des réfugiés des années 1930, au moment de la guerre contre la Turquie. Ces réfugiés étaient progressistes à l’époque. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. AEK est partagé entre deux « courants », dont l’un s’appelle « ORIGINAL ». Composé il y a peu de temps d’anarchistes et de progressistes, c’est aujourd’hui un ramassis de mafieux. Le second courant, « GETTO », est ouvertement fasciste et signe ses tags d’une croix dans un O.

AEK occupe les locaux de l’assemblée populaire, Deux locaux au centre ville, face à la mairie. Récemment ANTARSIA a organisé un meeting, qui a été attaqué par les mafieux et l’extrême droite qui ont entièrement détruit le centre culturel et envoyé des militant.es à l’hôpital. Dernièrement, un rassemblement a été organisé au centre ville sur le thème de la démocratie. Nous étions 400, à 150 mètres, les militants d’extrême droite et les mafieux étaient une centaine et armés. Les anarchistes ont assuré le service d’ordre et la protection. Les mafieux et les militants d’extrême droite (de 50 et 500) sont quotidiennement présents, armés et protégés par la police. Ils bloquent intervention politique et culturelle dans la ville. Les militant.es sur place assurent tant bien que mal une présence quasi « clandestine » en réalisant des bombages la nuit et en collant des autocollants, malgré la menace d’attaques graves.

Un convoi solidaire composé d’électriciens et de gaziers, organisé par les comités d’entreprise EDF GDF, partira fin septembre 2017 en Grèce.
Pour tout contact :

Solidarité France - Grèce | POUR LA SANTÉ
Comité Argenteuil Bezons

E-mail : france.grece.solidarite.sante@gmail.com


CINÉMA

Les Lauriers roses rouges de Rubaiyat Hossain. Roya est comédienne de théâtre à Dacca et elle interprète depuis plus de dix ans le personnage de Nandini, symbole de la femme bengalie et personnage central de la pièce politique de Tagore, Les Lauriers-roses rouges. Le metteur en scène décide de confier le rôle à une actrice plus jeune, mais Roya choisit de remonter la pièce en y intégrant un contexte social actuel — cela se passe dans une fabrique de vêtements —, et en faisant revendiquer ses désirs et sa sexualité au personnage féminin. Du coup, cette décision la transforme elle-même et influe sur son rapport de couple. Aux côtés de Roya, il y a sa mère et Moyna, une jeune ouvrière. Des portraits tout en subtilité de femmes au Bengladesh. (7 juin 2017)

Rio Corgo de Sergio da Costa et Maya Kosa. Film documentaire qui suit Silva, personnage étrange qui a bourlingué un peu partout dans le monde. Dans un village, au nord du Portugal, il fait la connaissance d’Ana, une jeune fille qu’il fascine par ses récits et l’univers qu’il crée autour de lui. (7 juin 2017).

Le Caire confidentiel de Tarik Saleh
Wulu de Daouda Coulibaly
Deux thrillers puissants sortent sur les écrans en ce mois de juin, deux films qui s’attaquent tous deux à la responsabilité de l’État dans les affaires de corruption et de narcotrafic.

Ava de Léa Mysius. Léa, 13 ans, est en vacances avec sa mère et sa sœur au bord de l’océan. Elle apprend qu’elle va peu à peu devenir aveugle. Entre cauchemars et réalité, Ava se débat. « Je suis méchante » dit-elle comme pour se défendre du sentiment de panique qui l’étreint. Elle vole alors un chien noir, Lupo, et fait la connaissance de Juan.
Des images magnifiques, tournées en 35mm, et des comédien.nes superbes. (21 juin)

Sorties DVD : Les films interdits. L’héritage caché du cinéma nazi. Le film documentaire de Félix Moeller interroge sur la propagande et l’effet des images utilisées à des fins idéologiques. Faut-il censurer la filmographie nazie ? Un document sur la manipulation qui pose la question de la censure, de l’utilisation et de la conservation de telles archives.

Ma’ Rosa de Brillante Ma Mendoza. Ma’Rosa a quatre enfants. Elle tient une petite épicerie dans un quartier pauvre de Manille. C’est la débrouille pour elle et son mari, ils revendent illégalement des narcotiques. Cela finit par une arrestation et confrontés à des policiers corrompus, les enfants de Rosa vont se battre pour racheter la liberté de leurs parents.

La Communauté de Thomas Vinterberg
Dans les années 1970, au Danemark, Erik, professeur d’architecture, et Anna, journaliste à la télévision, s’installent avec leur fille de 14 ans, dans la villa d’un quartier huppé de Copenhague. Ils décident de tenter l’expérience de la communauté et invitent des amis et de nouvelles connaissances à partager une vie en collectivité où toutes les règles, toutes les décisions sont prises de manière collégiale et soumises à un vote.

Corporate de Nicolas Silhol.
Quelle est la part de responsabilité de ceux et celles qui poussent des salarié.es à quitter leur emploi pour éviter le paiement d’indemnités à l’entreprise ? Quelle est l’implication d’un/une DRH lorsqu’un.e salarié.e se suicide ?
Une enquête incisive sur les pratiques actuelles dans le monde du travail.

Chez nous de Lucas Belvaux. Avant même sa sortie, le film fait polémique. Politique-fiction : une infirmière, Pauline, fille de cégétiste et mère célibataire, est manipulée par un médecin en pleine campagne électorale et cooptée pour le compte d’un parti populiste en quête d’une tête de liste sympathique, naïve et muette. Un film pour dévoiler la supercherie du populisme ? (22 février 2017)