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Samedi 10 juin 2017
Une aventure théâtrale. 30 ans de décentralisation. Film de Daniel Cling. Celle qui vivra d’Amor Hakkar. Bayiri de Pierre Yamaeogo. Différent 10 ! L’autre cinéma espagnol : 10ème édition.
Article mis en ligne le 12 juin 2017
dernière modification le 16 juin 2017

par CP

Une aventure théâtrale, 30 ans de décentralisation Film de Daniel Cling

Entretien avec Daniel Cling

Celle qui vivra Film d’Amor Hakkar (14 juin)

Bayiri, la patrie Film de Pierre Yamaeogo (14 juin)

L’autre cinéma espagnol proposé par l’association Espagnolas en Paris Du 14 au 21 juin avec la 10ème édition de Différent 10 !

Concert du trio Utgé-Royo sur l’exil, les exils…
Le 18 juin à 17h30 au Théâtre de la Belle Étoile à Saint-Denis

Une aventure théâtrale. 30 ans de décentralisation de Daniel Cling, à qui il a fallu cinq années pour finaliser un film de rencontres théâtrales, d’échanges, de créations, de générosité, d’engagement. D’engagement certainement, car la décentralisation théâtrale est issue d’une époque où le programme du Conseil National de la Résistance était dans les têtes.

Initié dès la fin de la Seconde Guerre mondiale, le projet de décentralisation du théâtre prend forme en 1947, à l’arrache, sans moyens, mais avec la détermination et l’idée de décloisonner, de libérer le théâtre de son carcan parisien et bourgeois. « On avait la fierté de la mission », dit Françoise Bertin dans le film, autrement dit porter le goût des grands textes, des grands auteurs pour une réflexion tout en divertissant, ouvrir l’esprit et l’horizon, quitter Paris, aller à la rencontre d’un autre public, d’un public qui n’allait pas au théâtre… Et pour cause, pas d’argent, pas de salles, les restrictions de l’après-guerre : le théâtre est secondaire !

Commence alors l’aventure des cinglé.es du théâtre. La vie en communauté, dans un mélange de passion, de rigolade et de rigueur, les troupes jouent « un théâtre sans chichi » où il faut tout faire, s’adapter aux scènes improbables, construire, installer les décors, faire la lumière, la régie, s’occuper des costumes… Certes les débuts sont héroïques, partir ainsi sur les routes dans des cars brinquebalants avec les costumes, les décors et la troupe. Mais c’est là qu’est la grandeur du théâtre, portée par la passion de ces pionniers, et de ces pionnières, qui ont expérimenté une vie de saltimbanques… L’aventure théâtrale plutôt que l’art théâtral.

Lorsque l’on pose la question à Jacques Fornier sur ses motivations, il répond être venu au théâtre pour effacer le souvenir épouvantable de la guerre, de l’Occupation, des camps de concentration. Faire du théâtre populaire, c’est la volonté des troupes de théâtre, des coopératives de comédiens et comédiennes qui jouent jusqu’à 289 représentations par an, qui installent leur scène dans 45 villes en 60 jours et affichent jusqu’à 5 créations par an : « Un jour sans jouer, c’était un jour sans bouffer ». Mais surtout, « on jouait Shakespeare comme de son temps », au milieu des gens, sur la place du village, dans une cantine d’école, dans la vie. Le théâtre de la décentralisation se réapproprie la culture bourgeoise qui est « la plus value » du monde ouvrier et fait lire le monde autrement que la domination l’impose et le filtre.
Puis vient le temps des maisons de la culture, celles qui sont créées dans les régions et celles de la banlieue parisienne. « On avait l’impression de faire des choses importantes, surtout en prise avec les événements », confie Évelyne Istria.

L’important est que « le théâtre doit refléter les préoccupations de notre temps, sans refuser l’histoire ». C’est alors que s’opère un basculement, la prise de pouvoir des metteurs en scène et des créateurs sur les troupes, ce qui engendre un autre théâtre. « C’est devenu autre chose sans qu’on s’en aperçoive », regrette Hélène Vincent.

Le fil rouge dans ce dédale de souvenirs et de rencontres, c’est le comédien Philippe Mercier qui en assume le rôle, il connaît la décentralisation et les troupes de théâtre un peu partout en France pour en avoir fait partie. Il permet de dérouler l’histoire foisonnante de plus de trente années de théâtre. Une Aventure théâtrale. 30 ans de décentralisation, ce n’est pas seulement un documentaire, c’est une enquête cinématographique sur plus de trente ans de l’histoire du théâtre par celles et ceux qui l’ont faite — du CNR à 1968, puis à 1981 —, une expérience unique. Une Aventure théâtrale. 30 ans de décentralisation est un très beau récit cinématographique qui invite à revisiter l’histoire théâtrale, tant sur le plan humain et artistique que sur le plan social et politique… En fait, c’est, comme en écho, l’histoire de la société et son évolution.

La projection d’Une aventure théâtrale. 30 ans de décentralisation de Daniel Cling aura lieu durant le Festival d’Avignon, le 13 juillet (16h) à la nef des images, en présence du réalisateur, de l’Union des artistes et de Philippe Mercier. De même qu’au cinéma Utopia le 18 juillet (11h), en présence de Daniel Cling, de Jean Pierre Vincent et de l’Union des Artistes.


Celle qui vivra d’Amor Hakkar

1980, Algérie. Deux femmes se rencontrent, deux femmes marquées tragiquement par les guerres.
L’une est française et a perdu son fils, Simon, pendant la guerre d’Algérie vingt ans plus tôt. Elle revient sur les lieux de la mort de son fils pour savoir ce qui s’est passé. Sous l’Occupation nazie, soupçonnée d’aider à l’évasion d’un prisonnier de guerre, sa famille a été massacrée.
L’autre, Aïcha, est une enseignante algérienne. Elle a assisté à l’exécution de son père par des soldats français venus faire des représailles dans son village, de même qu’à la mort de son petit frère, Ichem, abattu par les soldats.

Aïcha, cela signifie celle qui vivra, se remémore le jour tragique de 1960 où son village a été encerclé par les militaires français, la mort de ses proches et celle de Simon.
Les deux femmes entrecroisent leurs récits, en remontant le temps et en dénouant les souvenirs de «  leurs guerres », des enchaînements liés à la barbarie de la guerre, de l’Occupation, du colonialisme. Se dévoilent ici les destins personnels de femmes anonymes prises dans la tourmente des guerres qui les broient. Quels sont les liens entre ces deux femmes ? Être toutes deux victimes d’événements qu’elles ont subis et dont, malgré tout, elles se sentent responsables, ne serait-ce que pour avoir survécu ?

Amor Hakkar, réalisateur de Celle qui vivra et de La Maison jaune, évoque les ramifications d’une mémoire enfouie, la douleur muette, la vengeance, l’ostracisme, la fatalité historique… Un récit sensible sur la mémoire, sur les mémoires mêlant le colonialisme, la guerre d’Algérie, l’Occupation.

Celle qui vivra d’Amor Hakkar sort sur les écrans le 14 juin.


Bayiri de Pierre Yamaeogo

2002. Bayiri se situe à un moment très précis, après une tentative de coup d’État, des conflits d’intérêts font basculer la Côte d’Ivoire dans le chaos.

Dans un village ivoirien où vivent depuis longtemps des Burkinabés, une discussion s’envenime au sujet de à qui appartient la terre. Mais à celles et ceux qui la cultivent ! Seulement voilà le nationalisme et la propagande s’en mêlent, la discussion tourne court et la violence se déchaîne. C’est un massacre. Biba, sa mère et quelques personnes tentent de quitter le pays, ce n’est pas si simple. Les réfugié.es sont racketté.es, malmené.es, tué.es, les femmes sont violées. Les taxis-brousse ne sont pas épargnés sauf s’il y a des accords financiers avec les rebelles, les soldats ou les caïds du coin. L’exil est un calvaire, et les femmes sont les victimes désignées de toutes sortes d’abus.

Dans le camp de réfugié.es, les menaces ne cessent pas. Si elles demandent de l’aide, les filles violées sont sermonnées par les infirmières et l’avortement leur est systématiquement refusé. Biba recherche sa mère et rencontre deux jeunes filles, l’une, désespérée, est enceinte et l’autre, Mouna, est malade.

Bayiri est un récit sans complaisance de la corruption, du processus de la propagande et des violences à l’encontre de la population, en particulier des minorités et des femmes. Pourtant elles résistent avec bravoure. Les dialogues sont percutants, les comédiennes et comédiens sont formidables, le camp de réfugié.es est montré sans exploitation spectaculaire, on y voit l’abandon ordinaire des réfugié.es dans des conditions inhumaines.

Bayiri de Pierre Yamaeogo sort sur les écrans le 14 juin.


Différent ! L’autre cinéma espagnol
Du 14 au 21 juin
10ème édition proposée par l’association Espagnolas en París

Cinéma Majestic Passy, 18 rue de Passy - 75016 Paris (Métro Passy - La Muette)

Au programme de cette 10ème édition de Différent, quinze films inédits en France, dont cinq films catalans, des fictions, des documentaires, mais aussi des rencontres avec les cinéastes, car ils et elles seront présents et présentes pour la présentation de leur film. Quinze films qui témoignent de la richesse culturelle du cinéma espagnol. On en voit peu sur les écrans français, mais ça change peut-être, car plusieurs des films de la sélection de Différent 10 ! sont présentés en avant-première, avant des sorties nationales : LA MADRE d’Alberto Marais qui ouvre le festival, ESTIU 1993 (ÉTÉ 93) de Carla Simon, EL BAR (Pris au piège) de Álex de la Iglesia, LESA HUMANITAT de Hector Faver, un documentaire sur les crimes franquistes, et QUE DIOS NOS PERDONE de Rodrigo Sorogoyen.

LA MADRE d’Alberto Marais. Avant-première et sortie nationale le 14 juin

Un adolescent de 14 ans, Miguel, est en conflit avec sa mère, mais s’occupe cependant d’elle, car elle est instable. Il refuse de retourner en foyer et joue à cache-cache avec les services sociaux. Sa mère l’envoie alors chez Bogdan, un ancien amant qui vit dans le village voisin.

SPAIN IN A DAY d’Isabel Coixet

C’est une gageure que ce film documentaire. Et il fallait le talent d’Isabel Coixet pour rendre compte d’un jour ordinaire dans le monde, à partir de centaines d’enregistrements faits par des anonymes, des gens ordinaires qui ont donc envoyé une vidéo tournée durant la journée du 24 octobre 2015.
La réalisatrice en fait un portrait étonnant de l’Espagne, tour à tour léger, rieur, grave et touchant.
Un hommage est rendu à la réalisatrice le jeudi 15 juin à 19h, à l’occasion de la projection de son film.

ESTIU 1993 (ÉTÉ 93) de Carla Simon. Avant-première le 16 juin, sortie nationale le 19 juillet. Un premier long métrage basé sur une histoire autobiographique. Après la mort de ses parents, Frida, 6 ans, quitte Barcelone et part vivre à la campagne chez son oncle et sa tante et leur petite fille de 3 ans. Le temps d’un été, l’été 93, Frida apprend à accepter la douleur de la perte, comme ses parents adoptifs apprennent à l’aimer.

KIKI, EL AMOR SE HACE de Paco Leon (17 juin à 19h)

Cinq histoires d’amour pendant un été à Madrid. Cinq couples se découvrent des penchants sexuels inattendus. Le film de Paco Leon est une comédie décalée, dans la provoc et les tabous explosent.
Paco Leon est un comédien très populaire en Espagne, il a déjà réalisé 3 longs métrages.

VIVIR Y OTRAS FICCIONES de Jo Sol. Avant-première 19 juin à 19h, sortie nationale en novembre.

Pepe sort de taule et d’hôpital psychiatrique pour vol afin de bosser et Antonio, écrivain activiste tétraplégique, revendique une sexualité comme un choix politique. Deux personnages qui s’épaulent, sont solidaires et changent peut-être leur regard sur la vie.
le film, entre fiction et documentaire, a remporté plusieurs prix dont l’Antigone d’or au Festival du Cinéma international méditerranéen de Montpellier en octobre 2016.

EL BAR (Pris au piège) de Álex de la Iglesia . Avant-première 19 juin à 21h30.

9 heures du matin. Dans un bar de quartier, plusieurs clients et clientes prennent leur café. C’est alors qu’un homme, qui vient de sortir, se fait assassiner sous leurs yeux. Tout le monde comprend alors que le bar est un piège et qu’en sortir signifie la mort. C’est le compte à rebours pour comprendre ce qui se passe et s’échapper…
Le film sortira en VOD et DVD.

DEMONIOS TUS OJOS de Pedro Aguilera (Espagne - Colombie/15 juin 21h30) En présence de Pedro Aguilera et Julio Perillán.

Un jeune réalisateur reconnaît sa jeune demi-soeur dans une vidéo érotique sur le net. Il décide d’en savoir plus et commence alors un voyage intime jusqu’au trouble, entre domination et manipulation.

LESA HUMANITAT de Hector Faver (17 juin à 21h30)

Ce documentaire, projeté en avant-première mondiale, donne la parole et la visibilité aux victimes du franquisme, recueille leurs témoignages, et se fixe pour but d’en finir avec l’indifférence d’une grande partie de la société et de rétablir le droit à la mémoire et à la justice. C’est un travail documentaire très important sur les victimes du franquisme.
Un débat suivra en présence du réalisateur, Hector Faver, et de Soledad Luque, fondatrice de l’association “Todos los niños robados son también mis niños”.

QUE DIOS NOS PERDONE de Rodrigo Sorogoyen. Avant-première 20 juin à 21h30, sortie nationale le 9 août.

Madrid, été 2011. La ville, en pleine crise économique, est confrontée à l’émergence du mouvement des indignés et à la visite imminente du Pape Benoît XVI. Dans ce contexte, on confie à deux flics une enquête sur un serial killer. Une enquête qu’ils doivent mener dans la plus grande discrétion... La question est finalement de savoir si les deux flics sont différents du criminel qu’ils poursuivent. Un thriller percutant.

Programme :
Mercredi 14 juin
19h00 - La madre, de Alberto Morais
21h30 - Las furias, de Miguel del Arco

Jeudi 15 juin
19h00 - Spain in a Day, de Isabel Coixet
Hommage à Isabel Coixet
21h30 - Demonios tus ojos, de Pedro Aguilera

Vendredi 16 juin
19h00 - Alumbrar, de Fernando Merinero
21h30 - Estiu 1993, de Carla Simón

Samedi 17 juin
19h00 - Kiki, el amor se hace, de Paco León
Hommage à Paco León
21h30 - Lesa humanitat, de Héctor Faver

Dimanche 18 juin
19h00 - Manda huevos, de Diego Galán
21h30 - Cerca de tu casa, de Eduard Cortés

Lundi 19 juin
19h00 - Vivir y otras ficciones, de Jo Sol
21h30 - El bar, de Álex de la Iglesia

Mardi 20 juin
19h00 - Selfie, de Víctor García León
21h30 - Que Dios nos perdone, de Rodrigo Sorogoyen

Mercredi 21 juin
Fête de la musique Spéciale 10 Ans
19h00 - Omega, de José Sánchez Montes et Gervasio Iglesias
- Fashionlins, (CM), de Manuel M. Velasco
21h30 - Fête de la Musique Spéciale 10 ans !


Concert du trio Utgé-Royo sur l’exil, les exils… Le 18 juin à 17h30 au Théâtre de la Belle Étoile à Saint-Denis