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Samedi 24 mars 2018
Prochain arrêt : Utopia ! Film d’Apostolos Karakasis. Les destinées d’Asher. Film de Matan Yair. Demons in Paradise. Film de Jude Ratnam.
Article mis en ligne le 26 mars 2018
dernière modification le 27 mars 2018

par CP

Prochain arrêt : Utopia

Film documentaire d’Apostolos Karakasis (21 mars 2018)

« Occuper, résister, produire »

Une aventure collective dans une usine grecque :
Sur les ruines de l’économie la plus ravagée d’Europe, une utopie égalitaire se construit (Thessalonique, 2011)

Les destinées d’Asher

Film de Matan Yair (28 mars 2018)

Un portrait sensible de la société israélienne et une réflexion sur l’éducation

Demons in Paradise

Film documentaire de Jude Ratnam (21 mars 2018)

Causes et conséquences de la guerre civile au Sri Lanka

Prochain arrêt : Utopia

Film documentaire d’Apostolos Karakasis (21 mars 2018)

« Occuper, résister, produire »

Avec Makis, porte parole de la coopérative Vio.Me, et Marco producteur du film

La crise économique, les transfert d’argent à la maison mère, la cessation de paiement des salaires et finalement l’abandon par les propriétaires de l’usine Vio.Me, laissent 70 employés sans travail et avec plusieurs mois de salaires impayés. Suivant les exemples d’occupations d’usines en Argentine et ailleurs, on pense aussi à l’expérience des mineurs gallois de Charbons ardents, les ouvriers décident d’occuper leur usine et de fonctionner en autogestion.

La chaîne de solidarité continuera-t-elle à fonctionner dans toute l’Europe où les produits Vio.Me sont diffusés par des collectifs, des syndicats, des coopératives ? « Certes on est partis du besoin de survivre mais ça a surtout à voir avec la liberté et la lutte des classes.  »

«  Occuper, résister, produire » pourrait être le titre de ce film documentaire dont l’un des protagonistes déclare : « ce que je gagne vient de ce que je produis. Il n’y a pas de patron qui profite de notre travail. D’abord on se débarrasse des patrons, ensuite on se débarrassera de l’État.  » Prochain arrêt : Utopia !

Les destinées d’Asher

Film de Matan Yair (28 mars 2018)

Asher est un garçon impulsif, coléreux, à l’état brut en quelque sorte, que son père destine à prendre la suite de l’affaire familiale d’échafaudages. Il est en classe terminale du lycée, quelques semaines avant l’examen final, et éprouve bien des difficultés à se concentrer, ne voyant guère, comme son père, l’utilité des cours de littérature. Le lycée se situe dans une petite ville au nord de Tel Aviv où les élèves sont, pour la plupart, issus de la classe ouvrière.

Le film se situe donc dans une période très particulière qui marque la fin des études et également la fin pour les élèves de côtoyer la littérature, le théâtre et la poésie. En effet, après cet examen, ces élèves auront 18 ans et devront faire trois ans de service militaire.

Or, s’il ne semble pas y avoir d’échappatoire à une situation de déterminisme social, il se trouve qu’Asher va s’intéresser, grâce à l’écoute d’un professeur, à des textes dont il n’avait jusqu’alors même pas l’idée. Le film soulève ainsi le problème du modèle paternel et de l’enseignant.

Les destinées d’Asher de Matan Yair est non seulement un film sur la violence de ces jeunes déconsidérés par un système éducatif codé, mais aussi sur le rôle des professeurs à passer un savoir qui permette aux élèves d’acquérir de la curiosité, et même de la maturité.

Basé sur l’expérience personnelle du réalisateur, lui-même enseignant la littérature dans un lycée similaire, où la communication passe surtout par la violence, le film porte une réflexion sur l’éducation et amène évidemment à la question de l’utilité de ces études pour ces jeunes à la veille d’être enrôlés pour trois ans dans l’armée.

Demons in Paradise

Film documentaire de Jude Ratnam (21 mars 2018)

Le film documentaire de Jude Ratnam, sorti le 21 mars, est un document rare et percutant. Les premières images montrent la colonisation britannique de Ceylan, et le train qui allait du nord au sud, un train rouge. À son indépendance, en 1948, le pays devient le Sri Lanka et sa majorité cinghalaise s’engage alors à respecter la minorité tamoule vivant en grande majorité dans le nord et l’est du pays.

Mais dix ans plus tard, un nouveau gouvernement populiste impose le cinghalais comme langue unique nationale. Après des manifestations pacifistes pour la conservation de la langue tamoule, les réactions anti-tamoules se font de plus en plus violentes jusqu’en juillet 1983, où près de 3000 civils tamouls sont assassinés en quelques jours et des centaines de milliers deviennent des réfugiés.

« Je viens d’un pays complexe [dit le réalisateur] où la guerre civile nous a enseigné que craindre l’autre peut amener à se craindre soi-même. » Le film a nécessité dix années de recherche et de préparation, il été tourné quasi clandestinement et les témoignages sont saisissants, avec cette question récurrente : « comment nos espoirs se sont transformés en telle cruauté ? »

Demons in Paradise, premier long métrage de Jude Ratman, est un film essentiel, il s’inscrit « dans la lignée de Shoah de Claude Lanzman, Goulag de Iossif Pasternak et Hélène Châtelain, S21 et L’image manquante de Rithy Panh. »