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Samedi 13 octobre 2018
CINEMED 40e Festival international du cinéma méditerranéen de Montpellier. Tazzeka de Jean-Philippe Gaud. L’Envers d’une histoire de Mila Turajlic. Sorties cinéma des 24 et 31 octobre…
Article mis en ligne le 14 octobre 2018
dernière modification le 15 octobre 2018

par CP

Tazzeka
Film de Jean-Paul Gaud (10 octobre)

L’Envers d’une histoire
Film documentaire de Mila Turajlic (24 octobre 2018)

40ème Festival international du cinéma méditerranéen — CINEMED — de Montpellier du 19 au 27 octobre 2018

Capharnaüm
Film de Nadine Labaki (17 octobre 2018

7ème édition du Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec
du 9 au 20 novembre cinéma Le Trianon, à Romainville (93)

Sans jamais le dire
Film de Tereza Nvotova (17 octobre 2018)

Les Âmes mortes
Film documentaire de Wang Bing (24 octobre 2018)

Quien te cantara
Film de Carlos Vermut (24 octobre 2018)

La tendre indifférence du monde
Film de Adilkhan Yerzhanov (24 octobre 2018)

Dakini
Film de Dechen Roder (24 octobre 2018)

Sophia Antipolis
Film de Virgil Vernier (31 octobre 2018)

Touch me not
Film d’Adina Pintilie (31 octobre 2018)

Le grand bal
Film de Laetitia Carton (31 octobre 2018)

L’Envers d’une histoire
Film documentaire de Mila Turajlic (24 octobre 2018)

Suite de l’entretien avec la réalisatrice

Dans son film, tourné sur plusieurs années et enrichi d’images inédites, la réalisatrice revient sur une histoire confisquée, celle de la résistance serbe à la guerre et au régime de Miloševic durant les années 1990.
L’Envers de l’histoire — un Siècle yougoslave —, a pour point de départ une porte condamnée dans un appartement du centre de Belgrade, un lieu divisé révèlant l’histoire croisée d’une famille et d’un pays.

Filmer les événements depuis l’appartement familial, et mêler ainsi l’intime et l’engagement politique offre une perspective différente de la situation, tant du point de vue de la construction du roman national que des interprétations médiatiques nationales et internationales de l’époque. Que savons-nous réellement de la résistance serbe à l’intérieur du pays dans ces années-là ?

Le film prend un caractère très personnel lorsque les conversations de Mila Turajlic et de sa mère, universitaire radicale et critique du nationalisme, s’articulent autour de l’analyse des luttes, de l’engagement et de la responsabilité politique. « J’ai fait ce film sur une période dont on ne parle pas, les années 1990 », dit la réalisatrice ; la jeunesse ne sait rien et ce qui domine actuellement, c’est la volonté d’effacer le passé.

Raconter l’histoire de l’intérieur fait certainement partie de la puissance du film de Mila Turajlic, l’Envers de l’histoire, qui sort le 24 octobre.

Tazzeka
Film de Jean-Paul Gaud (10 octobre)

Présenté au Festival international du cinéma méditerranéen en 2017, Tazzeka fait partie de la programmation du festival Atmosphères. Le festival Atmosphères, c’est jusqu’au 14 octobre. Tazzeka de Jean-Philippe Gaud sera également projeté dans le cadre du 7ème Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec qui aura lieu du 9 au 20 novembre au cinéma Le Trianon, à Romainville (93).

Tazzeka est un conte des saveurs du monde, de la nature, des rêves qu’on n’abandonne pas… Mais c’est aussi la réalité de l’immigration, de deux cultures qui s’affrontent, l’hospitalité d’un côté, le rejet de l’autre.
Élias a été élevé par sa grand-mère, qui lui a transmis les secrets de la cuisine traditionnelle, mais il rêve dans son village marocain de plats différents. Le jeune garçon rencontre, quelques années plus tard, un grand chef cuisinier parisien et est séduit par Salma qui habite Paris. Il décide alors de tenter l’aventure, encouragé par son ami l’épicier, un dingue de films indiens produits à Bollywood.

Et voici Elias-Candide à Paris… Changement d’ambiance, changement de décor. Elias se cogne à une réalité qu’il n’imaginait pas : les boulots précaires, les planques, les courses poursuite pour échapper aux contrôles policiers. Et comble de la désillusion, Salma lui conseille de rentrer chez lui. L’expérience est rude, mais parfois la galère de la clandestinité suscite des amitiés. C’est ainsi que grâce à Souleymane, impressionné par son talent, Elias retrouve sa passion pour la cuisine.

Très joli film en deux parties, Elias adolescent et jeune adulte naïf dans un magnifique paysage du nord du Maroc, puis Elias dans la jungle parisienne.
Tazzeka de Jean-Philippe Gaud sort le 10 octobre.

40ème Festival international du cinéma méditerranéen — CINEMED — de Montpellier du 19 au 27 octobre 2018

Il semble naturel de poursuivre avec l’actualité du CINEMED qui propose plus de 100 films inédits, des avant-premières, les compétitions, les panoramas, les rétrospectives, la nuit en enfer…
Des avant-premières — copies neuves ou restaurées — qui rendent compte de l’actualité cinématographique méditerranéenne, notamment avec Samouni Road, un film documentaire et d’animation de Stefano Savona, Carmen y Lola d’Arantxa Etchevarria, Diamantino de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt et En liberté de Pierre Salvadori, etc.

Dix longs métrages en compétition, sept en panorama ; de nombreux courts métrages et et 8 films documentaires en compétition.

Du 19 au 27 octobre, 40ème Festival international du cinéma méditerranéen — CINEMED — à Montpellier
Cette année le festival choisit de faire un focus sur le jeune cinéma libanais, nous en parlerons samedi prochain.

Et puisqu’il est question du cinéma libanais, le 17 octobre sort un film bouleversant, réalisé par Nadine Labaki,
Capharnaüm

Zain, un gosse de 12 ans vivant dans une prison pour mineurs depuis son incarcération pour agression, déclare au juge qui l’interroge : « je veux poursuivre mes parents de m’avoir mis au monde  ». Capharnaüm est le récit du parcours de Zain, de sa débrouille pour survivre dans les bas-fonds d’un Beyrouth ignoré, jusqu’à la prison et au procès intenté à ses parents incapables d’élever leurs enfants. La décision de Zain d’intenter ce procès aurait été impossible dans la réalité, mais elle a ici valeur de symbole pour ce jeune garçon, qui déclare à la fin du film que les parents irresponsables ne devraient pas avoir d’enfants.

Après Caramel — son premier film, une comédie amère et humoristique —, puis Et maintenant on va où ? — racontant l’émergence d’une guerre civile dans un village —, le troisième long métrage de Nadine Labaki, Capharnaüm, entre fiction et documentaire, aborde plusieurs sujets dramatiques. En premier lieu l’enfance maltraitée et le non-respect du droit des enfants, mais aussi la situation des réfugié.es, ceux et celles qui viennent de Syrie, les travailleurs immigrés, les risques de la clandestinité et la condition des femmes encore pire dans cette situation, le racisme, la peur de l’autre, les autorités qui laissent faire ou, pire, répriment les victimes.

« Au déclenchement [explique Nadine Labaki], il y a eu ce besoin de braquer des projecteurs presque crus sur l’envers du décor de Beyrouth, et de toutes les grandes villes, de s’infiltrer dans le quotidien de ceux dont la misère est presque comme une fatalité dont ils ne peuvent se défaire. […] Avec Capharnaüm, au lieu d’aller déplorer le sort de cet enfant et me sentir davantage impuissante, j’ai préféré employer mon métier comme une arme en espérant réussir à avoir un impact sur la vie de cet enfant, ne serait-ce qu’en invitant les gens à une prise de conscience. […] Je suis profondément idéaliste dans la mesure où je crois au pouvoir du cinéma. Je suis convaincue que le cinéma peut sinon changer les choses, au moins ouvrir un débat ou inviter à la réflexion. »
Capharnaüm de Nadine Labaki sera sur les écrans le 17 octobre.

7ème édition du Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec
du 9 au 20 novembre cinéma Le Trianon, à Romainville (93)

Films présentés lors de la 7ème édition du FFFA du 9 au 20 novembre 2018
* Sofia de Meryem Benm’Barek (France/Qatar, Fiction, 2018) - Prix du scénario, Un Certain Regard, Cannes 2018
* Volubilis de Faouzi Bensaïdi (Maroc/France, Fiction, 2017)


* Tazzeka de Jean-Philippe Gaud (France/Maroc, Fiction, 2017)

* Retour à Bollène de Saïd Hamich (France/Maroc, Fiction, 2017)

* Mon tissu préféré de Jaya Jiji (Français, Allemand, Turc, Fiction, 2018) 

* Capharnaüm de Nadine Labaki (Liban/France, Fiction, 2018)
* Yomeddine de AB Shawky (Égypte, 2018)
* Mon cher enfant de Mohamed Ben Attia (Tunisie, Fiction, 2018) – programmé au Festival Cinemed
* Benzine de Sarra Abidi (Tunisie, Fiction, 2018) INEDIT

* The Reports On Sarah And Saleem de Muayad Alayan (Palestine, Fiction, 2018)
* Demi-sœurs de Saphia Azzeddine, François-Régis Jeanne (Fiction, 2018)

* Le Flic de Belleville de Rachid Bouchareb (Fiction, 2018)

* Jusqu’à la fin des temps, de Yasmine Chouikh (Algérie, Fiction, 2018)
* Bagdad station (The Journey) de Mohamed Jabanah al Daradji (Irak/Qatar/France/Pays-Bas/Royaume- Uni, Fiction, 2017) 

* Shéhérazade de Jean-Bernard Martin (Fiction, 2018)

Les documentaires :

* Samouni Road de Stefano Savona (Italie/France, Doc, 2018)
* Rester vivants de Pauline Beugnies (Belgique, Doc, 2017)
* La Bande des Français de Amélie Bonnin et Aurélie Charon (Doc, 2018) 

* Des figues en avril de Nadir Dendoune (Doc, 2018)

* Reinette l’Oranaise, le port des amours de Jacqueline Gozland (Doc, 2018)

* Mon histoire n’est pas encore écrite de Jacqueline Gozland (Doc, 2017)

* 17 de Widad Shafakoj (Jordanie, Doc, 2016) 


Sans jamais le dire de Tereza Nvotova (17 octobre 2018)

Le film met en scène une jeune fille de 17 ans, Lena, qui rêve de liberté, d’échapper au contrôle de ses parents… La rébellion typique d’une adolescente. Bref la rébellion typique d’une adolescente.

C’est alors qu’elle subit un viol, qui soudain la détruit, d’autant qu’elle côtoie le violeur, qu’il lui est impossible d’en parler, et qu’elle ne veut pas être étiquetée comme « la fille qui a été violée ». Complètement traumatisée, elle se réfugie dans le mutisme, la prostration et tente de se suicider. Cette tentative conduit sa mère à la placer dans un hôpital psychiatrique. L’horreur de ce qui se passe pendant cette détention est réelle : l’enfermement, le traitement pour abrutir les jeunes qui y séjournent, les électrochocs pour « oublier », les thérapies de groupe d’une violence inouïe. « La plupart des jeunes hospitalisés que l’on voit dans le film ne sont pas des acteurs », souligne la réalisatrice qui a choisi de tourner en décor réel. « En Slovénie, la réalité des centres de détention, psychiatriques et orphelinats, est scandaleuse et déshonorante. »

Sans jamais le dire est aussi une tentative de détruire « ce mythe du viol, mis en scène dans beaucoup de films, où la victime est une fille en minijupe, agressée par un inconnu dans une rue sombre. La plupart des viols — c’est statistique — sont perpétrés derrière les portes de nos maisons, par des gens que l’on connaît. C’est la raison pour laquelle la plupart des victimes se taisent et c’est aussi pourquoi la communauté et les institutions ne parviennent pas à les aider. » Faut-il encore que les proches ou les institutions soient prêtes à écouter les victimes. Ce qui est insupportable, c’est le refus de voir la réalité, la préférence du silence et le doute de la parole des victimes.
Sans jamais le dire de Tereza Nvotova sort le 17 octobre 2018.

Les Âmes mortes
Film documentaire de Wang Bing (24 octobre 2018)

Les Âmes mortes de Wang Bing se présente sous la forme de trois films et de plus de huit heures de témoignages de survivants des camps de rééducation établis dans la province désertique du Gansu au nord de la Chine entre 1957 et 1961. Tourné par Wang Bing entre 2005 et 2017, les Âmes mortes est un véritable monument de la mémoire enfouie des crimes d’État, qui ont eu lieu dans la province désertique du Gansu où des milliers de prisonniers sont morts de faim, de froid et d’épuisement. Désignés comme des contre-révolutionnaires — souvent arbitrairement et pour obéir à des quotas —, ils ont été les victimes d’une campagne nationale lancée contre les « droitiers ». Les persécutions ont continué après la fermeture des camps en 1961 et même après le processus « d’inversion du verdict  », vingt ans après.

Grâce à la parole des survivants, les morts du camp de Jiabiangou sortent de l’oubli, comme les ossements affleurent la surface des lieux de détention et de travaux forcés. Les Âmes mortes est l’histoire orale d’une époque tragique et absurde, par ceux et celles qui l’ont vécu et témoignent — professeurs, instituteurs, militants, intellectuels, cadres du parti, étudiants, travailleurs… Tous essayent encore d’analyser et de comprendre les raisons de leur déportation vers ces camps. Cela avait parfois des allures de règlements de compte.

À partir de la parole libérée des survivant.es qui ont accepté de témoigner et de revivre des souvenirs tragiques et humiliants, Wang Bing réalise un travail historique sur une période méconnue. Durant les douze années de tournage, beaucoup des témoins ont disparu, leur disparition étant indiquée à la fin de chaque témoignage.

Wang Bing filme également les lieux, les ossements épars sur les buttes, les sépultures anonymes, les noms effacés sur les pierres avec les restes de peinture rouge, les excavations où se réfugiaient les prisonniers par des températures qui pouvaient atteindre les — 40°. Wang Bing filme aussi les paysans qui témoignent de ce qu’ils ont pu voir à leur arrivée dans la région, après le départ des prisonniers.
Les Âmes mortes de Wang Bing, film documentaire essentiel sur une histoire oubliée, est dans les salles le 24 octobre.

Quien te cantara
Film de Carlos Vermut (24 octobre 2018)

Dix ans après sa mystérieuse disparition de la scène espagnole, une chanteuse très célèbre, Lila Cassen, prépare son grand retour. Violeta, qui imite chaque soir son idole dans un karaoké, est contactée par une amie de Lila qui lui propose d’aider la chanteuse à redevenir la star qu’elle a été.
Le rapport des deux femmes est un jeu de miroir où l’on ignore qui va vampiriser l’autre.
Quien te cantara de Carlos Vermut sort le 24 octobre 2018.

La tendre indifférence du monde
Film de Adilkhan Yerzhanov (24 octobre 2018)

La tendre indifférence du monde est un film d’une grande beauté, rare, car venant du Kazakhstan. Une fable qui part de la ruine d’une famille criblée de dettes et d’une confiscation de tous ses biens. Après la mort du père de famille, tout est saisi et comme si cela ne suffisait pas, la mère est menacée d’emprisonnement. La jeune Saltanat pourrait sauver sa famille en acceptant d’épouser un homme, un nouveau riche, mais le deal lui paraît trop sordide pour s’y résoudre et accepter le marché. Son ami d’enfance, Kuandyk, amoureux d’elle depuis toujours, l’accompagne dans son voyage vers la ville pour veiller sur elle. Leur périple urbain les amène à croiser la violence, les mensonges et la corruption dans une série d’événements qui vont remettre en question leur naïveté, leurs convictions et leur perception de la vie.

Le film joue constamment de la lumière et des liens intrinsèques entre les paysages du Kazakhstan, les références oniriques à la peinture — Le Douanier Rousseau par exemple —, les citations de textes classiques, dont Camus, que lit la jeune fille et une réalité cruelle. Entre conte et corruption brutale, la Tendre indifférence du monde n’est certes tendre. Le commentaire du réalisateur en dit long sur son travail de cinéaste : « j’essaie de parler de notre société contemporaine. Au Kazakhstan aujourd’hui, nous revenons vers un système féodal. Comme nous n’avons rien connu entre le système féodal et le socialisme, après la chute du socialisme, ces réflexes féodaux reviennent extrêmement vite. La soumission devant ses supérieurs, la monarchie absolue, tout ça est revenu. Et tout fonctionne par clans, à travers les liens familiaux. » En effet, les mésaventures de Saltanat et de Kuandyk montrent combien l’alliance de l’argent, de la corruption et de la hiérarchie domine la société.
La tendre indifférence du monde est un conte d’amour où se mêlent résistance et perte de l’innocence. Sur les écrans le 24 octobre.

Dakini
Film de Dechen Roder (24 octobre 2018)

Autre film rare qui lie cette fois le contemporain et les croyances surnaturelles, Dakini est un thriller situé tout d’abord dans un village du Bhoutan, sur les plateaux de l’Himalaya, bordé par le Sikkim et le Tibet. Une jeune femme, Choden, est suspectée d’être responsable de la disparition d’une nonne bouddhiste. Trop belle pour être honnête, Choden est traitée de « sorcière » par les villageois, « elle est toujours seule », « on ne sait rien d’elle », « elle n’est pas d’ici et elle nous porte la poisse », « elle apparaît dans les rêves », c’est largement suffisant pour être la cible de la vindicte populaire. D’autant qu’une dénonciation met la police à ses trousses.

Dans sa fuite, Choden rencontre Kinley, le détective qui enquête sur la disparition de la nonne et, ensemble, ils vont traverser la montagne pour éviter les contrôles de police. Imperméable à toutes formes de croyances, Kinley est persuadé qu’il va résoudre l’enquête pendant le voyage, mais, peu à peu, les histoires symboliques de Choden lui font douter des accusations portées à son encontre. La coupable toute désignée n’est guère crédible, d’ailleurs qui a intérêt à la disparition de la nonne ? Que signifie les recherches de minerais entreprises autour du monastère ? Que signifie l’importance du titre de propriété du domaine qui a disparu ?

Dakini est le premier long métrage de Dechen Roder, qui éclaire ainsi le titre de son film et le mystère autour du personnage de Choden : « La “dakini” est un personnage difficile à dépeindre, aussi bien à l’oral qu’à l’écrit. Le terme fait généralement référence à des femmes bouddhistes éveillées, de pouvoir et de sagesse. Mais il peut définir bien plus. Les dakinis peuvent être des humaines, des déités ou encore des divinités, selon leur histoire et la façon dont on l’interprète. On nous dit même que les dakinis peuvent être en chacun de nous. […] J’ai compris que ces histoires étaient bien plus que des fresques sur les murs des temples ou des textes dans les vieux écrits. Ce sont des faits réels de la force féminine, de leur bravoure, de leur compassion et de leur sagesse. Le devoir de mémoire et d’acceptation des dakinis devient de plus en plus important. En tant que Bouthanaise, en tant que femme et en tant qu’humaine. »

Le récit et le cadre mélangent merveilleusement la modernité et les traditions ancestrales et mystiques, qui caractérisent le Bhoutan d’aujourd’hui. Seule réalisatrice bhoutanaise jusqu’à présent, Dechen Roder réussit avec Dakini un thriller original et fascinant.
Dakini est au cinéma le 24 octobre.

Sophia Antipolis
Film de Virgil Vernier (31 octobre 2018)

Un beau paysage entre mer Méditerranée, pinèdes et montagnes. Des adolescentes attendent dans une clinique pour se faire opérer les seins. Une veuve, originaire du Vietnam s’est mariée sur un site de rencontres et s’ennuie dans un bel appartement que son époux lui a laissé. D’autres femmes, aussi paumées, font du porte-à-porte pour une révélation : « le monde va mal. Vous êtes au courant ? »

Dans un local à louer, deux agents de sécurité trouvent le cadavre calciné d’une adolescente disparue. L’un des deux hommes introduit son collègue dans un groupe paramilitaire d’extrême droite qui s’entraîne, s’insulte et fait des descentes dans des camps de sans abri. Le chef, un ancien flic renvoyé pour avoir passé les « bornes », avoue qu’il y a trop de règles dans la police et c’est pourquoi il a créé ce groupe. Ils brûlent et détruisent tout le camp. Au nouveau venu médusé, son collègue se justifie par : « c’est insalubre ici. C’est pas les aider que les laisser ici. » Le groupe enfonce ensuite une porte, réveille brutalement un homme endormi, l’attache pour une scène de torture ? Choquée, la « nouvelle recrue » quitte alors l’appartement.

Lorsque le premier vigile retourne dans le local où le cadavre de l’adolescente a été découvert : une jeune fille immobile et muette veille devant une bougie. Elle refuse de donner des explications et il la met dehors.
Plus tard, la voix off de l’adolescente évoque son amie morte ; elle sortait avec une bande d’hommes plus âgés et s’était fait refaire les seins.
La boucle est bouclée : la misère intellectuelle et affective, la violence et le racisme au soleil… Rarement la vacuité aura été montrée de manière aussi directe, glacée, au scalpel…

Sophia Antipolis de Virgil Vernier sort le 31 octobre.

Touch me not
Film d’Adina Pintilie (31 octobre 2018)

Un film expérimental ? Sans doute dans la mesure où il emprunte à plusieurs genres cinématographiques dans un décor clinique, presque monochrome. S’agit-il de fiction ou de documentaire… De jeu ou de réalité… Ou encore est-ce l’expérience d’une forme de libération des normes, des codes inculqués depuis l’enfance concernant le rapport aux autres, le regard sur la différence, l’intimité et la sexualité ?
Touch me not d’Adina Pintilie sort le31 octobre.

Et pour terminer sur une note ludique :
Le grand bal
Film de Laetitia Carton (31 octobre 2018)

Le film naît d’un souvenir personnel de la réalisatrice autour du récit de sa grand-mère sur les bals de villages, mais aussi de son coup de foudre lors de son premier bal. Et nous voilà sur la route d’un grand bal dans un village de l’Allier, un bal qui rassemble, chaque été, plus de 2000 personnes venues de toute l’Europe. 7 jours et 8 nuits de danses, de rencontres, de musiques, filmées comme une aventure humaine de joie et de partage.
Le grand bal de Laetitia Carton sera sur les écrans le 31 octobre.

Black Indians