Chroniques rebelles
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Samedi 3 novembre 2018
Flamenco vivo
Reportage de Daniel et Mireille Pinós avec Ricardo Pachón
Article mis en ligne le 11 novembre 2018
dernière modification le 9 septembre 2018

par CP

Seconde émission sur le flamenco : Voyage dans la production et l’explosion musicale en Espagne dans les années 1960-1970 dans une diversité étonnante. De la musique sans frontières.

Ce sera en compagnie de Ricardo Pachón, producteur essentiel dans ce mouvement, cinéaste et compositeur qui dresse l’historique de cette flambée musicale et offre dans ce reportage le dernier concert de Camarón, enregistré pour sa maison de disque Flamenco vivo.

Ce dernier concert à Séville aura été un miracle. Camarón était arrivé en retard, la salle était pleine, il s’est assis sur sa chaise et accompagné de son ami le guitariste Tomatito, il s’est lancé pour une heure de récital, une performance inexplicable scientifiquement pour les spécialistes.Jusqu’à aujourd’hui ce disque n’a jamais été édité et est inconnu en France.

Le dernier cri de Camarón

Il avait un cancer du poumon qui le tua quelques mois plus tard. Ses derniers récitals ont été une épreuve, José Monge Cruz n’avait plus la force de chanter un flamenco dans sa totalité. Mais le concert de Séville aura été un miracle. Camarón était arrivé en retard, la salle était pleine, il s’est assis sur sa chaise et accompagné de son ami le guitariste Tomatito, il s’est lancé pour une heure de récital, une performance inexplicable scientifiquement pour les spécialistes.

La longue introduction du guitariste d’Almería a fait croire au pire jusqu’à ce que Camarón entre en scène. Il l’a fait lentement et avec une toux persistante entre deux falsetas, les courtes parties mélodiques de la guitare, qui indiquait son déclin physique. Puis les chansons de Levante ont donné naissance à l’impossible.

Ce petit homme maigre, qui cachait son visage émacié derrière une barbe de reddition, a crié une taranta brutale et une cartagenera, deux styles de flamenco. Avec les accords d’un homme talentueux et la personnalité d’un colosse aux poumons de soie. C’était le début de la nuit du souvenir pour les privilégiés qui assistèrent au concert. Le public attentif le porta et lui démontra alors toute sa passion et tout son amour.

Le moment le plus intense est arrivé durant les bulerías, un autre style de flamenco, quand il chanta : « Parce que la route se termine et je veux mourir en rêvant comme la cigale meurt ». Il est impossible d’expliquer comment Camarón a réussi à chanter ainsi, à travers les tangos et les fandangos, avec un cancer du poumon. Mais il l’a fait. C’était son dernier concert à Séville.
Daniel Pinós