Chroniques rebelles
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Samedi 19 janvier 2019
RÉFRACTIONS N° 41. Recherches et expressions anarchistes. Le travailleur de l’extrême de Äke Anställning. Another Day of Life. Film de Raúl de la Fuente et Damian Nenow
Article mis en ligne le 20 janvier 2019

par CP

Réfractions n° 38
Tu vois le travail ?

Le n°38 est paru au printemps 2017. Voici donc la lecture par Nicolas Mourer de l’éditorial et d’un extrait du texte d’Alain Thévenet, Luttes des classes et chemins de traverse.

Travailleur de l’extrême
Äke Anställning (CMDE)

Après Tu vois le travail ? Ce numéro 38 de la revue Réfractions a évoqué pour nous une suite de saynètes écrite par un travailleur précaire, Äke Anställning, qui intitule son ouvrage, publié par les éditions CMDE,
Travailleur de l’extrême.
Et notre auteur, diplômé en précarité à l’école du chômage, en dit long sur le travail, lui qui enchaîne les boulots de merde…

Le travailleur de l’extrême de Äke Anställning, c’est une suite ininterrompue de récits, dont la trame est sans conteste la production capitaliste, son absurdité et son inhumanité.
Ce sont des histoires dont on ne sait plus s’il faut en rire ou en pleurer : Iggy Pop au supermarché, la course en transpal’ sur le parking, la foire au vins pour public VIP, un riper mangeur de poubelles, le rapport à la hiérarchie quelque peu bousculé, les préparateurs de tartes aux fraises, la choucroute mise en conserve, mais surtout le sabotage… Des histoires déjantées, des saynètes épiques qui racontent avec un humour acerbe et décalé la vie d’un travailleur considéré comme corvéable à merci, mais voilà, il a sa manière de résister au système et à la religion du profit. Des récits qui évoquent une réalité à la fois tragique et ridicule. Heureusement il y a le sabotage…

Réfractions n° 39
Repenser les oppressions ?
Le n°39 est paru à l’automne 2017. Voici un extrait de l’éditorial et un court extrait du texte de Monique Rouillé-Boireau, L’intersectionnalité, une idée à la mode ?

Réfractions n° 40
A comme résistAnces

Résistances avec le fameux A cerclé dont un certain sociologue ignore la signification et l’attribue, au hasard de sa méconnaissance, à l’extrême droite. Le A cerclé, c’est l’Anarchie !

« C’est dans ses multiples pratiques au jour le jour que réside le succès de l’anarchisme et son indispensable existence. Les systèmes de domination sont multiples. Les formes libertaires de résistance le sont aussi. Leur combat émancipateur peut s’affirmer dans les luttes contre les totalitarismes et leurs systèmes de surveillance, leur contrôle des communications, comme aussi, de manière constructive, sous des modes d’autogestion anticapitaliste ou de mutuelles autogérées. Tout cela ne va pas sans débat sur des moyens comme la violence, ou des événements comme les révolutions. »

L’anarchisme dans le contexte actuel de Tomàs Ibàñez

Hackers. Ils veulent l’anarchie ? de Ippolita

La fièvre monte à Barcelone de Tomàs Ibàñez

Réfractions n° 41
Discrets, secrets, clandestins

Un numéro de la revue consacré aux notions de clandestinité, de discrétion, de secret et de dissimulation dans les luttes politiques. Les contributeur.es développent la manière dont ces tactiques peuvent être utilisées par les activistes pour déjouer les oppressions d’une société ou par l’État lorsqu’il désigne ses clandestins ou dissimule les conditions de travail.

Éditorial

De la furtivité à la création de Clovis Spassky et Bdch

L’anonymat dans tous ses états de Bernard Hennequin

Entre les mailles de Pierre Sommermeyer

Lectures par Nicolas Mourer.

Cinéma :

Another Day of Life
Film de Raúl de la Fuente et Damian Nenow (23 janvier 2019)

Dans les mois qui ont précédé l’indépendance de l’Angola (11 novembre 1975), la région est déchirée par des luttes entre différentes factions du mouvement pour l’indépendance. C’est une guerre civile pour le pouvoir, et un enjeu politique de la guerre froide entre les États-Unis et l’Union soviétique. La CIA y est évidemment mêlée, mais pas seulement. La population est prisonnière et victime du conflit, qui fait suite à une longue histoire sanglante depuis l’esclavage — 4 millions d’esclaves ont été déportés au Brésil et dans les Caraïbes —, c’est sans doute la région qui a le plus souffert de ce trafic humain.

Dans le climat chaotique et violent qui règne en 1975, un célèbre journaliste de guerre, Ryszard Kapuscinski, débarque à Luanda et tente de poursuivre son voyage vers le front pour comprendre cette guerre et rencontrer ceux et celles qui se battent. Une expérience qui le poussera à écrire un livre, Another Day of Life, dont il dit : « Ce n’est pas un livre sur la guerre mais sur la perte, l’inconnu et l’incertitude du destin de chacun. »

On peut ajouter que ce n’est pas non plus un film sur la guerre, ni une adaptation à proprement parlé du livre de Kapuscinski, ni un documentaire, « c’est le témoignage d’un grand bouleversement qui raconte comment un journaliste devient un auteur ». Au cœur d’un conflit, c’est l’analyse, d’une situation décrite par le mot portugais confusão, difficile à traduire sinon par désordre, tension et impuissance. La décision de Kapuscinski partir vers le front sud est suicidaire, cela signifie emprunter une route pour l’enfer où les victimes de massacres sont innombrables et jonchent les routes sur des kms.

Another Day of Life est un film politique qui mêle les faits historiques, le reportage, l’allégorie et va à la rencontre des personnes, Carlotta, la guérillera qui se bat pour la vision d’un pays plus juste, Farrusco, le soldat portugais qui refuse de tirer sur des gosses et choisit d’aller du côté des opprimés, Queiroz, Alberto… Le format de l’image animée pour la plus grande partie du film transcrit une réalité impressionnante en même temps qu’elle se désintègre parfois pour illustrer la vision chaotique de la guerre civile et le climat de tension permanente.

« Nous avons [expliquent les réalisateurs] juxtaposé l’animation, des visions surréalistes, la fiction avec des faits réels, le style documentaire, les interviews et les images d’archives. Dans le but d’atteindre quelque chose proche de sa méthode d’écriture pour le moins composite. […] Le fait de passer d’un personnage animé à son image réelle dans la vraie vie provoque de fortes émotions. » Cela donne aussi l’idée de l’atrocité de la guerre et de la fascination qu’elle peut provoquer : « le message du film est universel et terrifiant. » Un très grand film contre la guerre.

Another Day of Life est ancré dans l’histoire contemporaine, le récit laisse ,,,entrevoir les conflits en Afrique et dans le monde qui ont suivi, avec son cortège de massacres pour des raisons politiques et de profit… et qui perdurent.
Another Day of Life de Raùl de la Fuente et Damian Nenow est à voir dès le 23 janvier.