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Samedi 26 janvier 2019
FIPADOC. Festival International du Film sur le Handicap. The Place de Paolo Genovese. 19es Journées cinématographiques dionysiennes.
Article mis en ligne le 27 janvier 2019

par CP

Cinéma, plusieurs festivals et sorties de films…

FIPADOC, festival international de films documentaires

Le Festival International du Film sur le Handicap du 1er au 6 février

The Place
Film de Paolo Genovese (30 janvier 2019)

L’invitation au voyage
19es Journées cinématographiques dionysiennes
du 6 au 12 février au cinéma l’Écran Saint-Denis
en compagnie de Vincent Poli

FIPADOC, festival international de films documentaires

Le FIPADOC, festival international de films documentaires, se termine demain — le 27 janvier — à Biarritz. Il faut souhaiter que les films documentaires en compétition seront distribués et programmés par la suite pour un large public. Pour donner une idée et l’envie de voir ces documentaires, voici un panorama de quelques-uns des films présentés en compétition :

L’APOLLON DE GAZA de NICOLAS WADIMOFF
Documentaire d’enquête portant sur la découverte, puis la disparition d’une statue d’Apollon au large de Gaza en 2013.

CIUTAT DELS MORTS - CITY OF THE DEAD de MIGUEL EEK

La mort, vue par ceux et celles qui la côtoient au quotidien dans l’entreprise de pompes funèbres et le cimetière de Palma.

ANOTHER DAY OF LIFE de RAÙL DE LA FUENTE et DAMIAN NENOW

Nous avons parlé de ce film la semaine dernière. Il est d’ailleurs sur les écrans depuis le 23 janvier.
Dans le climat chaotique et violent qui règne en 1975, un célèbre journaliste de guerre, Ryszard Kapuscinski, débarque à Luanda et tente de se rendre sur le front de la guerre civile pour rencontrer ceux et celles qui résistent. Une expérience qui le poussera à écrire un livre, Another Day of Life, dont il dit : « Ce n’est pas un livre sur la guerre mais sur la perte, l’inconnu et l’incertitude du destin de chacun. »

VOTE FOR KIBERA de MARTIN PAV

Dans le viseur d’un photographe, les espoirs, la détermination et la créativité des habitant.es du plus grand bidonville de Nairobi, menacé.es par la violence lors des élections de 2017.

OSCURO Y LUCIENTES de SAMUEL ALARCÓN

Goya meurt en 1828 à Bordeaux. Lorsque le Consul d’Espagne décide de faire rapatrier le corps du peintre, on découvre que son crâne a disparu de la sépulture...

PUTIN’S WITNESSES de VITALY MANSKY

Les témoignages de Gorbatchev, Eltsine et Poutine lui-même pour comprendre l’opération « Successor » qui a porté Vladimir Poutine au pouvoir en 1999.

LES TOMBEAUX SANS NOMS de RITHY PANH

Rithy Panh part à la recherche des vestiges de sa famille décimée par les Khmers Rouges.

TOTEMS ET TABOUS de DANIEL CATTIER
Plongée dans l’histoire coloniale au travers de l’African Museum de Bruxelles, depuis sa création par Léopold II, jusqu’à la restitution des œuvres à leur pays d’origine.

ALGÉRIE, LA GUERRE DES APPELÉS de THIERRY DE LESTRADE et SYLVIE GILMAN
Printemps 1956, des milliers de jeunes appelés envoyés en Algérie sont soudain confrontés
à des dilemmes moraux inédits. Ce documentaire raconte leur expérience.

D’ICI LÀ de MATTHIEU DIBELIUS
Dans la tourmente de l’État d’urgence et des manifestations, Koffi sillonne Paris en conduisant des personnes « en situation de handicap et à mobilité réduite ».

DARAYA, LA BIBLIOTHÈQUE SOUS LES BOMBES de BRUNO JOUCLA et DELPHINE MINOUI
Un groupe d’activistes construit une librairie clandestine dans la périphérie assiégée de Damas. Rapidement, elle devient un havre de paix, de liberté et de démocratie.

LA DISGRÂCE de DIDIER CROS
Au cœur de ce film, des hommes et des femmes aux visages déformés par la maladie ou par un accident de la vie, dans un face-à-face avec le public, mais aussi avec eux-mêmes et elles-mêmes.

LES ENFANTS MAUDITS de CYRIL DENVERS
Reconstitution de la vie à la Petite Roquette, le pénitencier des enfants à Paris, par le biais de leurs lettres interprétées par de jeunes comédiens.

« L’homme a du génie lorsqu’il rêve », disait le réalisateur japonais Akira Kurosawa.

Le Festival International du Film sur le Handicap se déroule à Lyon du 1er au 6 février. Celles et ceux qui l’organisent rêvent d’un monde meilleur, où vivre ensemble, quelles que soient les différences, serait certainement une force, une richesse et un atout.
Du 1er au 6 février, des fictions, des longs et des courts métrages, des documentaires, des cartes blanches, des rencontres… C’est la 3ème édition du Festival International du Film sur le Handicap et ça se passe à Lyon du 1er au 6 février.

The Place
Film de Paolo Genovese (30 janvier 2019)

Un homme à la fois étrange et ordinaire, un café, des personnages qui viennent à sa rencontre pour exprimer des souhaits, des rêves, se prémunir de dangers, ou encore déballer leurs frustrations… Bref, des êtres dans l’urgence, mais essentiellement repliés sur leurs problèmes personnels. L’homme écoute, promet la réalisation de rêves, offre des solutions… Mais à une condition, obligatoire, sinon rien n’est possible. C’est un contrat en quelque sorte où la condition, qui en est le nœud primordial, met à rude épreuve les convictions, les principes, les interdits, les tabous, la moralité de chacun et chacune. Rien n’est anodin même si le hasard semble à première vue jouer un rôle, car l’implication et l’engagement dans ce deal sont en général lourds de conséquences.

Trouver de l’argent ? Oui c’est faisable. Mais pour cela il faut tabasser quelqu’un sans raison, le ou la blesser, peu importe qui. Une femme dont le mari ne la reconnaît plus, atteint par la maladie d’Alzheimer, souhaite sa guérison. En contrepartie, elle doit perpétrer un attentat dans un endroit public en y plaçant une bombe. Une vie contre des vies ? Il va falloir argumenter avec ses raisons, outre que tricher est impossible.

Chaque personne est confrontée à une clause inattendue et va, selon sa personnalité, ses garde-fous, son éthique personnelle, accepter, jouer le jeu, montrer de la réticence, tenter de raisonner ou même être simplement horrifiée par la proposition.

Qui est cet homme mystérieux qui joue à l’être commandité par le destin ? Un manipulateur ? Un confesseur ? Un fantasme à figure ordinaire ? Un huissier déjanté ? Un « monstre » dira l’un des demandeurs. On ne sait pas, sinon qu’il pousse ceux et celles qui le consultent dans leurs derniers retranchements. On accepte, ou on a plus rien à se dire, et le « contrat » est rompu de facto.

Chaque jour, l’homme note les promesses, les contrats remplis ou non, constate les évolutions, les refus, à l’image d’un comptable faustien qui tranche dans les doutes, les réticences, mais n’exprime ni jugements, ni conseils, il répond en parfaite indifférence, totalement impavide et sans jamais faire appel ou à recourir à une quelconque forme de moralité.

Une nonne a perdu la foi et doit enfanter pour retrouver la présence divine, une jeune femme doit cambrioler son amie pour embellir, un aveugle rêve de retrouver la vue, mais pour cela il lui faut violer une femme, un homme doit kidnapper une fillette pour que son fils condamné guérisse… Des conditions brutales qui sont inacceptables et pourtant… Tout le film repose sur les limites à franchir pour la réalisation d’un souhait ou pour sauver une vie. Jusqu’où pouvons-nous transiger avec notre conscience pour obtenir ce que l’on désire le plus ou ce qui semble vital ?

L’unité de lieu, la présence de cet homme énigmatique qui formule des exigences sans aucune empathie, de manière caustique, renforcent encore la la démonstration sur ce qu’est la nature humaine et la relation aux tabous de chacun et chacune.

C’est un jeu où dix personnes, hommes et femmes, se croisent dans des saynètes articulées autour du café que le personnage « destin » ne quitte pas, apostrophé cependant par une femme, qui tient le bar et l’observe, le questionne sans rien demander pour elle-même. Ange ou démon, elle retourne la situation quant à l’emprise de cet homme et au pouvoir qu’il a sur ses visiteurs et visiteuses.

L’égoïsme, l’individualisme représentent un thème « très important en ce moment précis : que sommes-nous disposés à faire pour obtenir ce que nous désirons ? Selon moi, [explique le réalisateur] c’est une thématique qui nécessite une profonde réflexion. Elle part d’une autocritique sur notre sens moral. Comment notre morale change en fonction des situations devant lesquelles nous nous trouvons ? Ce film nous incite à nous juger nous-mêmes. »

Les comédiens, les comédiennes sont étonnantes dans leurs rôles sur des gammes diverses et symbolisent tout un panel de la société contemporaine où l’individualisme est présent comme si les valeurs étaient quelque peu reléguées aux oubliettes. Cependant, il y a des surprises, des décisions inachevées et des rebondissements.
The Place de Paolo Genovese est un film « absolument amoral, mais jamais moralisateur. On ne juge jamais. Même celui qui veut faire les choses les plus horribles. On laisse au [public] le soin de juger. »
The Place de Paolo Genovese sera sur les écrans le 30 janvier.

Pétition en ligne : Amnistie pour Cesare Battisti et pour tous les faits en relation avec les années de plomb.
L’écrivain Cesare Battisti a été livré à l’Italie après plus de trente années de cavale. Il est incarcéré en Sardaigne en application d’une condamnation à perpétuité prononcée en son absence. Les faits qui lui sont reprochés s’inscrivent dans une période de l’histoire italienne désignée par l’expression « années de plomb ». Le gouvernement italien exige à présent que les réfugié.es italien.nes politiques lui soient livré.es.
Cet acharnement du gouvernement italien à l’encontre des réfugié.es politiques me fait penser à la parole d’un témoin du film documentaire de Nanni Moretti — Santiago, Italia — qui sort le 27 février. C’est un réfugié politique chilien après le 11 septembre 1973, disant ceci : «  Je suis arrivé comme exilé, dans un pays, qui pour moi était nouveau sous bien des aspects, un pays qui avait fait la guerre des partisans, un pays qui avait défendu un statut des travailleurs. Je suis arrivé dans un pays qui était très semblable à celui dont rêvait Allende à ce moment-là.
Aujourd’hui, je voyage en Italie et je vois que l’Italie ressemble toujours plus au Chili, aux pires choses du Chili. Ce truc de se mettre dans cette terrible société de consommation, où tu te fous de la personne qui est à côté de toi, si tu peux la piétiner tu la piétines. C’est ça la course à l’individualisme.
 »

Après le coup d’État militaire du 11 septembre 1973, le général Pinochet prend le pouvoir, ordonnant les rafles de dissident.es, les tortures et les disparitions. Grâce à deux jeunes diplomates en place à Santiago, l’ambassade devient une possibilité d’échapper à la junte militaire :
« L’ambassade italienne deviendra en quelques semaines le seul refuge, une île de salut. Quiconque fuit doit, pour entrer, sauter le mur d’enceinte [qui depuis, d’ailleurs, a été rehaussé]. La grande villa et le parc se transforment pendant un an en une commune où l’on mange et on dort n’importe où, où l’on prépare les laissez-passer pour les demandeurs d’asile, où s’organisent les transferts pour l’aéroport. Six cents personnes réussiront à monter dans un vol pour l’Italie avec la complicité jamais déclarée […] des Affaires étrangères ».
Santiago, Italia, le film documentaire de Nanni Moretti sera sur les écrans le 27 février prochain.

Aujourd’hui, le gouvernement italien exige que soient livré.es les réfugié.es italien.nes politiques, et Cesare Battisti est emprisonné à vie, 30 ans après sa condamnation par contumace.

Une pétition adressée aux autorités italiennes est en ligne pour l’amnistie de Cesare Battisti et pour tous les faits en relation avec les années de plomb.
www.mesopinions.com/petition/politique/amnistie-battisti/58505

L’invitation au voyage
19es Journées cinématographiques dionysiennes
du 6 au 12 février au cinéma l’Écran Saint-Denis
avec Vincent Poli

« À l’heure où les allées et venues à travers le monde sont généralisées, tandis que de nombreux pays s’opposent à ces circulations et ferment leurs frontières, les 19es Journées cinématographiques dionysiennes intitulées L’Invitation au voyage proposent, du 6 au 12 février 2019 au cinéma L’Écran de Saint-Denis, de tracer une cartographie du voyage sur grand écran, de l’exode à l’odyssée, périples contraints ou désirés, jusqu’à la conquête spatiale ou l’exploration de nos sens à travers le trip psychédélique. »

Il y sera question du premier voyage de l’histoire du cinéma (Le Voyage dans la lune de Georges Méliès, 1902) jusqu’aux grandes road-movies états-uniennes, des migrations vers l’Ouest avec le film de Jim Jarmusch, Dead Man (1995) — qui est l’un des films les plus ancrés dans la réalité brutale de the Frontier —, jusqu’aux déracinements douloureux de l’Histoire (West Indies - les nègres marrons de la liberté de Med Hondo, 1979)… Un voyage exceptionnel sur grand écran, sans frontières grâce à 70 films, classiques restaurés, inédits, avant-premières… En route donc pour une semaine riche et dense d’échanges, de réflexions, de débats, en présence d’invité.es et de cinéastes !