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Samedi 18 mai 2019
Michael Cacoyanis… Le réveil grec : 3 films de Michael Le réveil du dimanche, La fille en noir et Fin de crédit. Le testament du Dr Mabuse et M le maudit de Fritz Lang. Les Hommes le dimanche de Robert Siodmak, Edgar Ulmer, Billy Wilder, Fred Zinneman, Kurt Siodmak et Eugène Schüfftan… Gravité. Sur Billy Wilder d’Emmanuel Burdeau (éditions LUX). Pasolini. Mort d’un poète de Marco Tullio Giordana. La Salamandre d’Alain Tanner
Théâtre :Homo ça coince Nouveau spectacle du collectif Manifeste rien
Article mis en ligne le 20 mai 2019
dernière modification le 21 mai 2019

par CP

Autour du cinéma de Michael Cacoyanis
(coffret de 3 copies restaurées. Tamasa)
Le réveil du dimanche (1954)
La fille en noir (1956)
et Fin de crédit (1961)
En compagnie de Marion Inizan qui a réalisé un documentaire accompagnant la trilogie : Michael Cacoyanis… Le réveil grec.

Deux chefs d’œuvres de Fritz Lang (copies restaurées)
Le testament du Dr Mabuse et M le maudit.

Enfin un film rare à découvrir absolument,
Les Hommes le dimanche (sorti en 1930)
Ce sont les premiers pas de très grandes carrières cinématographiques :
Robert Siodmak, Edgar Ulmer, Billy Wilder, Fred Zinneman,
Kurt Siodmak et Eugène Schüfftan.

Et à ce propos un livre vient de sortir sur le cinéma de Billy Wilder :
Gravité. Sur Billy Wilder
Emmanuel Burdeau (éditions LUX)

Entretien avec Philippe Chevassut et Marion Izinan

Tamasa vient de sortir en DVD :
Pasolini. Mort d’un poète de Marco Tullio Giordana
La Salamandre d’Alain Tanner (copie restaurée)

Homo ça coince
Nouveau spectacle du collectif Manifeste rien
à partir du 23 et 24 mai à Toulon
Du 28 au 30 mai au théâtre de l’Œuvre à Marseille
Le 6 juin à Paris à la Maison des Ensembles
renseignements : manifesterien@gmail.com

Mais tout d’abord le cinéma de Michael Cacoyanis. Ce qui sans doute caractérise cette trilogie du cinéaste Michael Cacoyanis, c’est en premier lieu le personnage principal féminin qui, dans les trois films, est interprété par une grande comédienne grecque, Ellie Lambeti, moins connue au plan international que Mélina Mercouri ou Irène Papas. Ensuite, c’est le regard social que le réalisateur porte sur la Grèce des années 1950-1960, juste après la Seconde Guerre mondiale et l’Occupation nazie, et la guerre civile qui a suivi, dont on voit d’ailleurs des traces dans les prises extérieures sur certains murs de la ville. À la fin de la guerre, la Grèce est dévastée, son économie et ses infrastructures sont en ruine. On compte plus de 400 000 victimes, les communautés juives ont disparu, déportées dans les camps de la mort nazis. La guerre terminée, les tensions montent dans le pays entre les communistes, les républicains et les monarchistes et, en 1946, lorsque le roi revient au pouvoir, commence une violente guerre civile qui dure jusqu’en 1949.

Le réveil du dimanche est tourné cinq ans plus tard, en décor naturel, avec le choix, presque documentaire, de montrer les espaces, les rues, les édifices, les intérieurs, la vie de la population, avec des gros plans sur les visages… Bref, toute la société est là dans une comédie, qui se veut un peu plus qu’une comédie légère. Elle s’installe comme une fable populaire, avec une voix off qui décrit de manière bucolique un dimanche matin, un très long plan panoramique sur Athènes, le coq chante, la ville s’éveille, se met en mouvement, les tramways, les départs à la plage, les flâneries…

Puis on entre dans l’histoire, enfin son premier volet : Mina, une jeune vendeuse déterminée à passer la journée à la plage, presse sa sœur de l’accompagner, mais celle-ci rêvasse dans son lit. Elle part donc seule et se fait voler son sac et ses vêtements par des gamins. Pendant ce temps, second volet de l’histoire, un jeune homme, artiste compositeur fauché, se retrouve par hasard à acheter à ces mêmes gamins une partie de leur larcin, à savoir le billet de loterie que Mina avait acquis et qui lui a été dérobé. Enfin troisième volet du récit, un avocat commence la journée par une scène de ménage en bonne et due forme. Fuyant au plus vite la scène du conflit, il part faire un tour en voiture et manque de renverser Mina, clopinant sur la route, en maillot de bains, avec une seule chaussure, tentant de se dissimuler tant bien que mal avec une petite serviette et une revue. Amusé, l’avocat la raccompagne chez elle… Intervient alors le billet de loterie et le film bascule dans une comédie de mœurs, drôle certes, mais dont l’enjeu est le manque d’argent, en effet qu’il s’agisse du jeune homme ou de la famille de Mina, tout le monde a des fins de mois difficiles…

Les scènes de rue font penser au cinéma néoréaliste italien. Ce sera aussi le cas pour La fille en noir qui se déroule sur l’île d’Hydra, avec l’arrivée de deux hommes venant d’Athènes pour quelques jours de vacances.
L’occupation nazie s’est poursuivie jusqu’à la fin de la guerre dans les îles et l’impression est forte que des drames liés à celle-ci ont laissé des traces. Les deux amis, un architecte et un écrivain en mal d’inspiration, s’installent chez l’habitant, une grande maison, sans doute cossue avant la guerre, mais plus ou moins à l’abandon suite à la mort du père et à la ruine de la famille.

De la solitude de la mère, de la beauté de Marina, la fille, de la révolte du fils et du harcèlement de quelques garçons frustrés, se noue une tragédie qui affecte toute la population de l’île. Les conséquences du drame suscitent chez Marina un sursaut de rébellion pour tenir tête à la rumeur et à la pression sociale. Se profilent avec La fille en noir, les personnages féminins des films suivants de Cacoyanis, dans lesquels les femmes se rebellent et refusent le rôle qui leur est assigné dans une société traditionnelle patriarcale.

Après La fille en noir, Cacoyanis explore cette fois un tout autre milieu, celui d’une bourgeoisie urbaine en pleine décadence. Fin de crédit pourrait se résumer à un impératif : sauver les apparences, peu importent les conséquences. Une comédie noire dans le milieu étouffant de la bourgeoisie, où une mère n’hésite pas à choisir pour sa fille un parti riche, autrement dit de la vendre pour conserver son train de vie et son statut social. Roxanni, la mère, n’a aucun scrupule à faire pression sur Chloé à seule fin de continuer à faire illusion. Chloé accepte le rôle convenu pour résoudre les problèmes, le prétendant a beaucoup d’argent, cependant son regard est parfois critique, le temps d’un instant. Elle s’enivre pour s’étourdir, étouffer ses sentiments et le début d’une forme de lucidité. Comme dans La fille en noir, c’est un drame qui crée la prise de conscience de la jeune fille.

Il faut noter une très belle scène, à l’aube, où Chloé avance dans une lumière inoubliable, face à l’Acropole. Dans les deux films, La fille en noir et Fin de crédit, le rôle des mères est caractérisé par leur faiblesse, quant aux hommes, ils sont loin d’avoir la force de caractère des jeunes femmes. Il y a là une sorte d’inversion des rôles que l’on retrouve dans Stella, femme libre, interprétée par Mélina Mercouri, qui littéralement crève l’écran, ou encore dans Électre, incarnée par la puissance d’Irène Papas. Ellie Lambeti est toutefois la première des héroïnes de Cacoyanis à interpréter la révolte, d’une manière peut-être moins provocante, mais non moins déterminée.

Dans le Réveil du dimanche et la Fille en noir le dernier plan est un plan large avec des personnages au loin, tandis que dans Fin de crédit Chloé et l’enfant, porté.es par la foule, sont filmé.es en très gros plan. Toute la dernière séquence de Fin de crédit est filmée comme un documentaire, ce qui tranche complètement avec le côté artificiel de la bourgeoisie.

Cacoyanis a souvent utilisé dans ses films, une musique des bas-fonds, une musique interdite et censurée durant l’Occupation, le Rébétiko…
Entretien avec Philippe Chevassut et Marion Izinan

M le maudit

Deux chef d’œuvres de Fritz Lang (copies restaurées)

Le testament du Dr Mabuse
La trilogie de Fritz Lang sur Mabuse :
Docteur Mabuse le joueur (1922) ;
le Testament du docteur Mabuse (1933) ;
Le Diabolique docteur Mabuse (1960).

Les Hommes le dimanche (1929-1930)
Premiers pas de grandes carrières cinématographiques :
Robert Siodmak, Edgar Ulmer, Billy Wilder, Fred Zinneman,
Kurt Siodmak et Eugène Schüffan

En bonus, deux films Au petit bonheur (À l’aveuglette), court métrage d’Eugen Schüfftan (32’) et Week-end au Wansee de Gerald Koll (30’). Entretiens avec Brigitte Borchert et Kurt Siodmak.

« Le jeune Wilder a eu, en Allemagne, une riche expérience de scénariste. Il en a signé une vingtaine pour des longs métrages réalisés par Ernst Laemmle, Johannes Guter, Robert Siodmak ou Gerhard Lamprecht, auxquels s’ajoutent ceux qu’il aurait écrits ou remaniés en sous-main : le nombre ahurissant d’une centaine est fréquemment cité.

En 1929, à 23 ans, il a participé, aux côtés de Edgar G. Ulmer, de Fred Zinnemann et des frères Robert et Curt Siodmak, à l’une des aventures les plus novatrices de l’époque. Tourné dans les rues et les parcs de Berlin, avec des acteurs non professionnels, Menschen am Sonntag (Les hommes, le dimanche) préfigure, par sa liberté de conception et de ton, une modernité qui attendra plusieurs décennies pour advenir. » (Gravité Sur Billy Wilder Emmanuel Burdeau, éditions LUX)

Gravité
Sur Billy Wilder
Emmanuel Burdeau (éditions LUX)

« Je commencerai par deux images. 
Au sortir du cinéma, le personnage qu’interprète Marilyn Monroe dans The Seven Year Itch s’arrête au-dessus d’une bouche de métro pour laisser l’air soufflé par le passage d’une rame monter le long de ses jambes et soulever sa robe. C’est la canicule à New York. "La Fille" – on ne lui connaîtra pas d’autre nom – est ravie de pouvoir se rafraîchir quelques instants. Sous l’œil fasciné de l’homme qui l’accompagne, elle s’abandonne à ce plaisir une première fois, puis une seconde. Dans Sunset Boulevard, à peine Joe Gillis a-t-il entamé en voix off le récit de sa mésaventure avec une ancienne star du muet qu’on le découvre mort dans une piscine. Le visage tourné vers le fond de l’eau, son cadavre flotte à la surface, bras ballants et cravate rayée.

Ces deux images sont parmi les plus célèbres de l’œuvre de Billy Wilder et les plus reproduites du cinéma hollywoodien.
L’une et l’autre images résument une certaine perception du cinéma de Wilder. La robe volante de Marilyn condense les hardiesses d’un cinéaste qui s’est tôt fixé pour devoir de montrer l’envers ou le dessous des choses et qui, ce faisant, n’a jamais craint de déranger ou de déplaire. La carrière de Wilder est une longue série d’interdits levés les uns après les autres, le plus souvent sous les acclamations du public. Elle comporte aussi son lot de pro- vocations mal reçues, surtout à compter du début des années 1960. Mais personne ne semble s’être indigné de cette image à l’érotisme aussi puissant que badin. La mise à nu ne se donne ici qu’une cause anodine et un moyen ordinaire. Il n’est question que de se rafraîchir quelques secondes, le plus simplement du monde, en profitant de l’air soufflé par le passage d’un métro. Wilder paraît suggérer que si audace il y a, ce n’est pas la sienne : il se contente de l’emprunter à la ville et aux distractions inattendues qu’il lui arrive d’offrir. Il ne filme rien qui ne soit déjà. Il ne révèle pas : il montre. Tel pourrait être son alibi. Il est vrai que dans ses films, la cruauté ou le rire – leur conjonction, souvent – aiment à se présenter sous un jour objectif : s’ils appartiennent au cinéaste, c’est qu’ils ont d’abord appartenu au monde, auquel ils retourneront pour finir. Mes images ne sont nues, pourrait plaider Wilder, que parce que la réalité l’est.

Le noyé de Sunset Boulevard n’est pas moins emblématique ni audacieux. L’audace associe en l’occurrence une double surprise à la vision macabre : celui qui parle est un mort, et ce qu’il confie est fortement teinté d’ironie. Que dit-il, ce mort étrangement vif ? Joe Gillis ne s’étonne pas d’être posthumément doué de parole, pas plus qu’il ne s’empresse d’expliquer à la suite de quel enchaînement il a reçu deux balles dans le dos et une dans le ventre. Le scénariste se contente de noter qu’il y a quelque logique à ce qu’il finisse ainsi : toute sa vie, il aura souhaité posséder une piscine. »
(Gravité Sur Billy Wilder Emmanuel Burdeau, éditions LUX)

Tamasa vient de sortir en DVD :
Pasolini. Mort d’un poète de Marco Tullio Giordana

La Salamandre d’Alain Tanner (copie restaurée)

Homo ça coince
Nouveau spectacle du collectif Manifeste rien
à partir du 23 et 24 mai à Toulon
Du 28 au 30 mai au théâtre de l’Œuvre à Marseille
Le 6 juin à Paris à la Maison des Ensembles
renseignements : manifesterien@gmail.com

La pièce demande, avec humour et poésie, de s’interroger sur la place des identités hétéro et homosexuelles masculines et féminines dans nos sociétés. Quelle place est réservée à la rencontre homosexuelle dans nos villes, comment l’homosexuel.le est invité.e à s’hétéronormer pour grossir les rangs de la productivité ; comment les municipalités exploitent la cause LGBT (« pinkwashing ») pour servir aux mieux leurs intérêts. Qu’est-ce qu’être gay ? lesbienne ? bisexuel ? transgenre ? queer ? Doit-on définir l’autre par le prisme de sa sexualité ?