Chroniques rebelles
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Samedi 30 septembre 2006
Vivre à l’arrache
El Driss (Non Lieu)
Article mis en ligne le 27 janvier 2008

par CP

Vivre à l’arrache ou l’itinéraire d’un gosse, d’un jeune qui se heurte à toutes les injustices, depuis la mort de sa mère causée par un médecin sans scrupules jusqu’à la prison et à l’expulsion.

Encore une fois, ce livre fait le constat d’une société à double vitesse, et assurément de la situation de non droits si l’on est Maghrébin et pauvre. Enfance au Maroc, la France, le froid, le LEP, les foyers, la révolte, les premiers larcins, les bagarres, la prison, la galère, l’expulsion vers un autre Maroc, celui de l’immigration clandestine, des pâteras et de la mort dans le détroit de Gibraltar.

« No Future ». Pas de futur pour Amine qui rêve d’un autre monde, avec une lucidité critique. Mais la servitude volontaire ce n’est pas son truc et suivre le chemin tout tracé de l’exploité non plus !
« Moi, le bleu des chantiers ne me convient pas et ne m’inspire pas du tout. Le bleu que j’aime c’est celui de la mer et du ciel, le bleu des yeux de Christelle, le bleu en général, mais pas celui que porte mon père. »

« Des gens comme mon père, venus des quatre coins d’Afrique, on les avait triés comme du bétail en fonction de leur aptitude physique. Ces pères, qui ne savaient ni lire ni écrire pour beaucoup d’entre eux, avaient navigué sur les souffrances et les difficultés, mais néanmoins ils avaient su mener leur famille à bon port. Pour ma génération, tous autant que nous étions, le monde glissait sous nos pieds sans nous donner de prise. »
Alors, « On allait voler comme d’autres allaient à l’usine ». El Driss, Vivre à l’arrache .

Amine n’a pas le choix, mais il refuse la fatalité d’un monde où tout est plié d’avance et où il doit jouer son rôle de sacrifié consentant. Il tente d’échapper aux normes et à la violence d’une société, de deux sociétés.

Quant à la perspective de la soumission ou de la délinquance ? Il répond ni l’une ni l’autre !
« Moi j’en avais ma claque de tout ça, de porter des Lacoste ou des Sergio Taquini, chouravés dans les magasins d’à-côté, pour cacher la misère de vivre dans un monde sans vérité, où les valeurs réelles laissaient place aux faux semblant et au virtuel. J’étais déboussolé : ou ça allait trop vite ou je collais pas au décor. Je ne voulais plus faire semblant, ni paraître ce que j’étais pas, je voulais crier au monde entier que j’étais crouille avec des couilles. J’en avais assez de donner dans le complexe du pauvre. Je voulais trouver ma vérité. J’irai la chercher. »