Chroniques rebelles
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Christiane Passevant
La moitié du ciel d’Allah, film de Djamila Sahraoui
La lutte des femmes en Algérie
Article mis en ligne le 8 décembre 2007
dernière modification le 24 septembre 2009

par CP

La moitié du ciel d’Allah , réalisation et scénario de Djamila Sahraoui (1995, 59 mn)

Dans le cadre d’un spécial Algérie sur Arte, sera diffusé mardi 16 avril à 20h40 le film de Djamila Sahraoui, La moitié du ciel d’Allah .1 Un film bouleversant sur la lutte des femmes algériennes depuis 40 ans. Des Algériennes qui se battent quotidiennement car, en Algérie, abdiquer la lutte, c’est disparaître. "Je mourrai peut être, mais mille autres se lèveront…" Niées, violentées, violées, massacrées, elles se dressent contre les violences d’un patriarcat qui s’appelle islamisme. “L’islamisme modéré n’existe pas” dit l’une d’elles, “il y a l’islamisme”.

Mais l’islamisme n’est pas le seul responsable de la violence qu’elles subissent. Le code de la famille de 1984, le “code de l’infamie”, stipule notamment : “La femme doit obéir à son époux…” (article 39), celui-ci ayant seul le droit au divorce et, en cas de répudiation, “Le domicile conjugal, s’il est unique, revient au mari” (article 52). Ce qui a pour conséquence que 60 000 femmes se retrouvent aujourd’hui à la rue avec leurs enfants sans aucun recours. L’institutionnalisation de la violence envers les femmes est un fait qui ne relève pas seulement hélas du port du hijab ! La domination banalisée par le code de la famille ouvre la voie à la violence hypocrite, à l’humiliation qui nourrit le terrain des inégalités. “Le corps des femmes fonctionne encore comme butin, butin légal, prélevé par une famille sur une autre famille avec l’accord des pères vigilants, un contrat entre hommes avec échange de capital.” Et les islamistes du FIS rêvent de cantonner la femme à “la reproduction du musulman. Si elle renonce à ce rôle, elle subvertit l’ordre de Dieu et tarit la source de l’Islam”(Ali Benhadj, l’un des leaders du FIS).

Cependant, avant cette volonté d’enfermement, avant cette guerre larvée menée contre la moitié de la population algérienne, les femmes ont été les actrices incontournables, célébrées et utilisées de la révolution algérienne. L’indépendance obtenue, celles qui avaient risqué leur vie pour un avenir de justice et d’égalité devraient se soumettre à la mise en tutelle par le code de la famille, à jouer leur rôle de mineure éternelle, à abandonner l’espoir de droits égalitaires et leur revendication au respect ? Les Algériennes ont répondu et répondent NON. Elles refusent l’intimidation, l’oppression et le film de Djamila Sahraoui raconte le courage des Algériennes, des combattantes à travers les images d’archives oubliées ou occultées et de ces femmes qui résistent aujourd’hui au quotidien en allant travailler, en étudiant, en militant… Des Algériennes qui témoignent à visage ouvert et refusent d’accepter cette guerre larvée contre les femmes. Tourné en 7 jours l’été dernier, ce documentaire a les qualités du regard de l’intérieur porté sur la situation du pays. Tournage à risques, mais comme l’a souligné la réalisatrice : “Le danger n’a duré que 7 jours pour nous. Pour celles qui ont accepté de participer, il est continuel.


La moitié du ciel d’Allah
de Djamila Sahraoui est essentiel pour prendre conscience de l’urgence d’une situation insupportable et de la nécessité de se mobiliser contre ces violences. La violence contre une seule femme nous concerne toutes et tous car c’est une atteinte aux droits de tous.


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