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samedi 20 juin 2020
Le grand cirque électoral Une histoire visuelle des élections et de leurs contestations de Zvonimir Novak. Vol pour Sidney (Nato). Il était une fois dans l’Est de Larissa Sadilova. Trois étés de Sandra Kogut. La Communion de Jan Komasa. L’ombre de Staline de Agnieszka Holland. Midnight Runner de Hannes Baumgartner
Article mis en ligne le 23 juin 2020

par CP

Le grand cirque électoral
Une histoire visuelle des élections et de leurs contestations

Zvonimir Novak (éditions l’échappée)

Nouvel Album de Nato Vol pour Sidney (retour)

Il était une fois dans l’Est
Film de Larissa Sadilova

Trois étés
Film de Sandra Kogut (22 juin)

La Communion
Film de Jan Komasa (reprise au cinéma le 22 juin)

L’ombre de Staline
Film de Agnieszka Holland (22 juin)

Midnight Runner
Film de Hannes Baumgartner (24 juin)

Le grand cirque électoral. Une histoire visuelle des élections et de leurs contestations de Zvonimir Novak (éditions l’échappée)… On pourrait déjà résumer le propos de ce livre en soulignant son but, bien précis, celui d’exposer les mécanismes de notre système politique et les terribles batailles pour le pouvoir qu’il engendre, et ceci en optant d’examiner la foisonnante propagande visuelle qui existent sur le sujet. Autrement dit, il s’agit d’ouvrir les yeux… en images, comme l’écrit l’auteur d’entrée de jeu.

L’ouvrage ne rassemble en effet pas moins de quelques 390 documents — tracts, stickers, affiches, photos, etc… — pour rappeler les promesses non tenues, les mensonges et autres billevesées ressassées de tous temps par les politicien.nes et les médias, pour ainsi rafraîchir notre mémoire historique et battre en brèche les illusions soigneusement entretenues sur une soi-disant « démocratie ». Ça y est le grand mot est lâché !

« Depuis le début du suffrage universel en 1848 jusqu’à nos jours, une profusion d’images hautes en couleurs, insolentes et drolatiques, n’a jamais cessé de pourfendre les candidats aux plus hautes fonctions et de dénoncer un modèle politique jugé absurde. » Certain.es diront que c’est une tradition hexagonale, mais c’est un peu rester confiné.es si l’on regarde ailleurs, bien que l’idée soit séduisante.

« Votez oui, votez non, mais votez ! » On connaît l’antienne : obéir à l’injonction est un « devoir citoyen » et gare à ceux et celles qui y dérogent car « chaque vote construit la France ». La « chasse aux pêcheurs à la ligne » est ouverte pour stigmatiser ces irresponsables… Remarque : cela s’adresse aux hommes, pas de pêcheuses ! Il est vrai que le droit de vote accordé aux femmes ne date que de la fin de la Seconde Guerre mondiale.

« Souviens-toi que l’homme qui sollicite tes suffrages est, de ce fait, un malhonnête homme, parce qu’en échange de la situation et de la fortune où tu le pousses, il te promet un tas de choses merveilleuses qu’il ne te donnera pas et qu’il n’est pas d’ailleurs, en son pouvoir de te donner. L’homme que tu élèves ne représente ni ta misère, ni tes aspirations, ni rien de toi ; il ne représente que ses propres passions et ses propres intérêts, lesquels sont contraires aux tiens. » Octave Mirbeau dans son livre la Grève des électeurs, publié en 1888. Il y décrit d’ailleurs la fébrilité des campagnes électorales qui, même si les moyens de communication évoluent, ne changent en rien sur le fond. Ce n’est finalement qu’une question de supports. « On ne pourra faire un pas […] sans voir étalés sur les murs, sur les troncs d’arbres, sur les barrières des champs et les poteaux indicateurs des traverses, l’infinie sottise, l’infinie malpropreté de la politique. Chaque maison sera transformée en club ; il y aura sur chaque place publique des meetings hurleurs ; en haut de chaque borne, de bizarres personnages, vomis d’on ne sait quels fonds secrets, […] arrachés à l’obscurité gluante, d’on ne sait quelles cavernes journalistiques, gesticuleront, brailleront, aboieront, et, les yeux injectés de sang, la gueule écumante et tordue, nous promettront le bonheur. » Une description, on ne peut plus réaliste et horrifique, qui a de quoi briser net les élans soit-disant patriotiques qui consistent à mettre un bulletin dans l’urne, et de rentrer chez soi en continuant de croire au père Noël ou à l’intervention extraordinaire d’un « chevalier blanc » quelconque.
C’est tout cela que décrit Le grand cirque électoral. Une histoire visuelle des élections et de leurs contestations avec retour sur les scandales et autres entourloupes… Et si les membres de la caste politique se tiennent les coudes, soutenus par une presse à la botte, il y a quand même d’autres journaux, critiques ceux-là, L’Assiette au beurre, ou Le Libertaire par exemple. Enchaîné à l’État, « l’homme qui vote dépose sa volonté dans une boîte afin de la reprendre au bout de quatre ans… si on le lui permet. Vive l’anarchie ! » Alors au lieu de voter, il vaut mieux préparer la révolte, non ?

« Votez c’est “choisir” son oppresseur » et pour reprendre une autre affiche de la fédération anarchiste : « Que personne ne décide à notre place ».
Vous êtes sur Radio Libertaire, la radio sans dieu, sans maître, sans campagne électorale et sans publicité !

Vers la fin d’un discours extrêmement important
le grand homme d’État trébuchant
sur une belle phrase creuse
tombe dedans
et désemparé la bouche grande ouverte
haletant
montre les dents
et la carie dentaire de ses pacifiques raisonnements
met à vif le nerf de la guerre
la délicate question d’argent.

Il nous fallait bien Jacques Prévert pour cette présentation à deux voix !
Après le mouvement des Gilets jaunes en 2019, qui a quelque peu malmené la démocratie représentative tout en remettant au goût du jour la contestation des élu.es, voilà que le Covid 19 dévoile l’opportunisme des politicien.nes. Parce que organiser un premier tour des élections municipales en pleine crise sanitaire en prétendant que la sagesse gouvernementale avait tout prévu, c’était un comble de la mauvaise foi.
Sans parler d’ailleurs de la « crise économique » qui soudain, selon le pouvoir, était plus dangereuse que la « crise sanitaire », que l’ouverture des écoles n’étaient pas problématique alors que la plupart des établissements étaient dans l’impossibilité matérielle d’assurer la sécurité sanitaire des élèves — de la maternelle au secondaire —, sans parler des EPAD où les personnes âgées étaient isolées et sous la surveillance d’un personnel soignant dépassé parce que sans moyens supplémentaires…
La liste est longue des exemples tenant de l’apprenti sorcier et du naviguer à vue depuis une bulle gouvernementale. Et les visites organisées du chef de l’État n’ont rien arrangé, quand elles ne frisaient pas le ridicule. L’incurie institutionnalisée sur fond d’informations anxiogènes, ça y allait très fort… C’est efficace de faire peur aux irresponsables que nous sommes. Les quelques personnes arrêtées au bord du canal pour prendre l’air… Mais alors les SDF ? Ils et elles se confinent sous les cartons ? Et que dire des cellules dans les prisons surpeuplées ?
La lutte des classes est plus que jamais criante. Restez confiné.es ! Ah oui, pour une famille dans un logement exigu avec des gosses, c’est pas évident, vous avez essayé monsieur le Président ? Et ces messieurs dames de la République en marche ? Au fait vous vivez dans combien de mètres carrés ?

À l’annonce d’un éventuel second tour des élections municipales, nous avons pensé qu’il était nécessaire d’évoquer avec son auteur, Zvonimir Novak, Le grand cirque électoral. Une histoire visuelle des élections et de leurs contestations, publié aux éditions l’échappée.
Depuis l’instauration du suffrage universel, le spectre du politicien en campagne électorale hante la France. Le peuple de ce pays où l’on répugne à déléguer et à mandater s’est toujours méfié des candidat.es et des élu.es. Toutes les occasions sont bonnes pour les accuser de promettre la lune et de s’attribuer des privilèges exorbitants. Et comme cette nation a toujours concentré une forte densité d’artistes aux pinceaux engagés et d’illustrateurs enragés, elle exprime ses haut-le-cœur par le biais d’une production visuelle d’une insolence unique au monde. Des fournées d’images savoureuses d’impertinence, issues de la propagande militante, de l’imagerie populaire, mais aussi de la lutte électorale, vont ainsi sabrer avec éclat les ambitions des arrogants politiciens, à grand coup de vacheries crayonnées et de colère illustrée. Affiches, tracts, cartes postales, caricatures de presse et guérillas visuelles diverses, nous révèlent les mécanismes tordus de notre système politique et racontent les terribles batailles pour le pouvoir. Professions de foi, tracts de campagnes, programmes électoraux et portraits des postulants sont autant de témoignages de l’absurdité même de cette démocratie.
Le grand cirque électoral relate avec truculence l’empoignade graphique qui y fait rage. C’est jubilatoire... et instructif.

Nouvel Album de Nato Vol pour Sidney (retour)
En compagnie de Christelle.

Il était une fois dans l’Est
Film de Larissa Sadilova (11 juin en VOD)

Inspirée d’une histoire réelle autour d’un adultère dans un village russe, cela pourrait être une simple histoire de badinage amoureux, mais Larissa Sadilova a choisi de réaliser un film qui dévoile avec humour et tendresse la Russie de l’intérieur comme rarement cela a été fait.

Chaque semaine, Anna prend le bus pour Moscou afin de vendre sa production de tricots, mais elle descend quelques kilomètres plus loin et attend son voisin et amant qui est camionneur. Une escapade amoureuse hebdomadaire qui, hélas, ne saurait durer. La jalousie d’une épouse, l’hostilité d’une belle-mère, le hasard et de malheureuses circonstances vont bientôt faire éclater l’arrangement au grand dam des deux amants.

Ennui, routine, suspicion et jardin secret sont à la base de ce film qui en fait nous entraîne dans le quotidien de familles ordinaires russes et offre un caractère documentaire avec grâce et sans exotisme.
Une très jolie réussite à découvrir depuis le 11 juin en VOD.

Trois étés
Film de Sandra Kogut (sortie nationale le 22 juin)

Chaque année, Mada organise une grande fête de Noël pour ses patrons dans leur luxueuse résidence de Rio. Mada est la gouvernante, et la responsable des autres employé.es de la maison. En 2015, l’enquête de justice contre la corruption se poursuit et ses employeurs, pris dans la tourmente, disparaissent soudainement laissant Mada gérer la villa, le grand-père, ancien professeur, et les questions de la brigade financière. Trois étés durant lesquels tout va basculer.

La richesse de ses patrons est réduite à néant par des scandales financiers, mais Mada ne désespère pas de tirer profit du lieu en organisant un vide-grenier, en le louant à des touristes, ou encore pour un tournage de film publicitaire auquel elle participe. Trois étés, c’est en fait le portrait sans concession d’un monde ultra libéral en déliquescence ou la corruption est la règle du jeu. Un portrait grinçant de la société brésilienne.
Trois étés de Sandra Kogut sur les écrans le 22 juin

La Communion de Jan Komasa
reprise au cinéma le 22 juin

Depuis le film de Pawel Pawlikowski, Ida, se déroulant dans la Pologne de 1962, je n’avais pas vu de film décrivant la prégnance des institutions religieuses au sein de la société polonaise. Dans le cas du film de Komasa, la Communion, les institutions catholiques et leurs règles en sont même le nœud et le ressort dramatique. L’interprétation de Bartosz Bieliena y est sans aucun doute pour quelque chose, dans sa façon hallucinée d’incarner Daniel, jeune délinquant qui se découvre une vocation spirituelle dans un centre de détention. Il en est toutefois écarté par son passé d’adolescent criminel, comme lui fait remarquer l’aumônier qui officie au centre de redressement.

L’opposition entre la foi et les institutions, la violence et l’idée de rédemption habite le récit du film. Daniel est pris au piège entre son passé, ses rêves et ses velléités religieuses, qui seraient non seulement un moyen de transcender son crime, mais encore sa classe sociale.
Enfermé depuis cinq ans dans un centre pour délinquants mineurs, Daniel vient d’avoir 20 ans et va suivre un programme de réinsertion dans un atelier de menuiserie, situé dans une petite ville de l’Est de la Pologne. Le semblant d’une autonomie nouvelle le porte à ne pas se rendre immédiatement dans l’usine où il est attendu. Il se réfugie dans une église et rencontre une jeune fille auprès de laquelle il se prétend prêtre.

L’Église a joué un rôle déterminant à l’époque communiste, mais après la chute de celui-ci, « elle a perdu du terrain. La conséquence de tout cela a été une fracture au niveau national. Le pays est coupé en deux avec à l’Est, des gens en pleine déréliction et à l’Ouest, des individus tournés vers la démocratie et pro Europe. L’endroit où nous avons tourné le film est très conservateur [explique le réalisateur], la religion régente le quotidien. C’est très important pour comprendre le film, [qui] reflète cet esprit très polonais. Parce que des gens se sentent exclus de la marche du monde, de la révolution numérique, ils se sentent abandonnés et se tournent vers une politique conservatrice. Ils s’opposent aux changements, deviennent intolérants envers les étrangers. Aujourd’hui ils ont tendance à être nostalgique du passé. L’avenir leur fait peur. »
Daniel vient de ce milieu défavorisé, et lorsque, par le jeu des circonstances, il remplace le prêtre alcoolique de la paroisse, il bouscule quelque peu les habitudes religieuses conservatrices. Cependant, il étonne par son charisme, il tient des discours inspirés, il écoute avec une réelle empathie les personnes paumées, leur mal vivre.

La Communion se fait l’écho de la société polonaise actuelle, de ses tendances et des conséquences de la fracture sociale.
Inspiré par un fait divers réel — l’usurpation du rôle de prêtre par un jeune homme —, le scénario y a ajouté le centre pénitentiaire pour mineurs où est enfermé Daniel, ainsi que le tragique accident de voiture où sept jeunes gens du village ont trouvé la mort. Au récit, s’additionnent ainsi le deuil impossible des parents, attisant la haine vis-à-vis de la supposée responsable, le sentiment d’abandon, mais également un phénomène intéressant : Daniel ne se préoccupe pas du dogme officiel, mais se révèle plus efficace que son prédécesseur, plus passionné, plus engagé. On peut alors poser la question : où se trouve la véritable imposture ?
La Communion de Jan Komasa est un film politique sur les croyances, l’utilisation des institutions religieuses, le statut, la violence sociale…
Le film est en salles le 22 juin.

L’ombre de Staline
Film de Agnieszka Holland (22 juin en salles)

Après avoir obtenu une interview d’Hitler qui vient d’accéder au pouvoir en 1933, Gareth Jones, jeune journaliste, décide d’aller à Moscou afin de rencontrer Staline et obtenir un entretien. Mais ses tentatives s’avèrent infructueuses, et une fois sur place, il est sous constante surveillance. Ses contacts professionnels occidentaux se dérobent et le collègue, qui lui a révélé des faits troublants contredisant la propagande en cours, est assassiné dans d’étranges circonstances maquillées en cambriolage.
Comprenant que le « miracle soviétique » est une façade, Gareth Jones décide d’enquêter sur la disparition de son contact et pose des questions sur une région qui semble interdite : l’Ukraine. Après sa rencontre avec une journaliste qui l’avertit — le dossier de l’Ukraine est explosif et ce qui s’y passe est top secret — il décide de s’y rendre —, mais il lui faut d’abord fausser compagnie à la police secrète. Il découvrira l’envers du régime soviétique et la famine en Ukraine.

Le film est le récit de son enquête en Ukraine où, mêlé à la population, il découvre avec consternation l’horreur vécue dans la région pillée par le gouvernement — la famine organisée par Staline en Ukraine fit de 2,6 à 5 millions de morts entre 1932 et 1933. Arrêté et accusé d’espionnage avec six autres britanniques, il est finalement libéré, mais sous la menace d’être responsable de l’exécution des six autres prisonniers s’il publie les résultats de son enquête.
Au-delà de l’enquête et de la critique du régime stalinien, L’Ombre de Staline est aussi une réflexion sur le journalisme d’investigation, de même que sur le conformisme de certains journalistes et même leur complicité… D’autant que l’allusion à la Ferme des animaux d’Orwell est très claire.
L’ombre de Staline d’Agnieszka Holland à voir au cinéma à partir du 22 juin.

Midnight Runner
Film de Hannes Baumgartner (24 juin)

Midnight Runner est premier film du réalisateur suisse HANNES BAUMGARTNER. Une histoire basée sur des faits réels comme on dit…
Le film nous entraîne dans la vie bien rangée de Jonas Widmer, un des meilleurs coureurs de fond en Suisse. Il court chaque jour pour atteindre son ambition, courir le marathon aux Jeux Olympiques. Il est aussi cuisinier pour gagner sa vie et s’apprête à emménager avec sa petite amie, Simone. Mais cette vie bien normée cache pourtant un terrible secret.
Le réalisateur propose de plonger dans la psychologie d’un tueur. Son objectif est d’essayer de comprendre l’origine de la violence, ce qui peut expliquer qu’une personne bascule. Il questionne également le contraste entre la respectabilité du personnage, un athlète de haut niveau, un employé consciencieux, un jeune homme engagé dans une relation amoureuse, et ses conflits intérieurs qu’il est incapable de surmonter.

C’est également un film qui parle de la masculinité. Le héro est un athlète, un coureur d’une discipline “Swiss Army Run” qui consiste à courir en treillis militaire avec un fusil dans le dos. Il a tous les attributs de la puissance masculine. Il est aussi incapable de se confier et de saisir les propositions d’aide de son entourage.
Film poignant qui permet de démonter les mécanismes de la violence grâce au travail très documenté du réalisateur qui a passé plus de 3 ans à développer son film.
Midnight Runner de Hannes Baumgartner au cinéma le 24 juin)

L’AMOUR À LA VILLE (L’Amore in Città)
L’Amour qu’on paie de Carlo Lizzani
Tentative de suicide de Michelangelo Antonioni
Le Bal du samedi soir de Dino Risi
Une agence matrimoniale de Federico Fellini
L’Histoire de Catherine de Francesco Maselli et Cesare Zavattini
Les Italiens se retournent d’Alberto Lattuada

L’Amour à la ville a pour cadre Rome. Sept grands réalisateurs à la caméra parfois tendre, ou bien acide, mais toujours critique et sans concession, proposent six films dans lesquels les femmes sont réduites au rôle de victimes ou d’objets… C’est l’amour à la ville ou plutôt la misère amoureuse à la ville. Six récits sur l’indigence émotionnelle et la quasi impossibilité de s’en sortir dans une société patriarcale. Le film se présente comme un journal d’histoires banales, particulières, avec une voix off qui contextualise chacun des épisodes.

Il reste de cette suite de saynètes l’idée que les femmes sont des victimes, coincées par le but inscrit dès leur enfance du mariage comme finalité, véritable miroir aux alouettes, qui s’achève en drame pour la plupart des protagonistes de l’Amour en ville. Le désir d’autonomie n’est même pas évoqué, sinon des échappatoires désespérés. Et la voix off affirme au final que l’Amour en ville se veut être un cinéma nouveau et conscient ! Un véritable manifeste du néoréalisme… À voir.

Les lèvres rouges de Harry Kümel (22 juin)
Un jeune couple en voyage de noces séjourne dans un hôtel de luxe et désert d’Ostende alors que des crimes de jeunes femmes, vidées de leur sang, se perpétuent et semblent l’œuvre d’un tueur venu d’un autre âge. Les Lèvres rouges reprend le mythe de la Comtesse sanglante, merveilleusement incarnée par une Delphine Seyrig mystérieuse et fascinante. Sa voix, dans la version anglaise et française, est juste d’une beauté maléfique, troublante, et colle au décor, glacial pour le luxe suranné de l’hôtel et inquiétant des plages vides.
Décadence, sexe, meurtres et un rebondissement final inattendu…