Chroniques rebelles
Slogan du site
Descriptif du site
Samedi 12 septembre 2020
5G mon amour. Enquête sur la face cachée des réseaux mobiles de Nicolas Bérard. Sole de Carlo Sironi. Honeyland. La femme aux abeilles de Ljubo Stefanov et Tamara Kotevska. Alexandre Marius Jacob Voleur et anarchiste de Jean-Marc Delpech (lecture)
Article mis en ligne le 3 novembre 2020

par CP

5G mon amour
Enquête sur la face cachée des réseaux mobiles
Nicolas Bérard (le passager clandestin)
Entretien avec l’auteur

Cinéma :
Sole
Film de Carlo Sironi
(sur les écrans depuis le 9 septembre)

Honeyland. La femme aux abeilles
Film documentaire de Ljubo Stefanov et Tamara Kotevska

En salles le 16 septembre

Enfin Nicolas Mourer lira un extrait du livre de Jean-Marc Delpech
Alexandre Marius Jacob
Voleur et anarchiste
(paru aux éditions Nada)

5G mon amour
Enquête sur la face cachée des réseaux mobiles
Nicolas Bérard (le passager clandestin)

Entretien avec l’auteur

Lorsque l’on constate aujourd’hui l’emprise des téléphones portables et la vitesse à laquelle elle s’est mise en place, on ne peut que s’interroger sur l’addiction intrusive qui en résulte dans la vie quotidienne pour la majorité des personnes. C’est d’abord des outils non ? Mais ils sont à présent essentiels… Oublier son « smartphone », le perdre ou se le faire piquer, et c’est le drame… comme si cet objet était une part de soi-même, du moins pour certain.es. Alors évidemment on peut poser la question sur cette addiction et à qui elle profite.

5G mon amour, enquête sur la face cachée des réseaux mobiles de Nicolas Bérard (paru aux éditions du passager clandestin) fait le point sur des interrogations rarement développées dans les médias — évidemment il faut bien vendre —, quant aux conséquences de la fulgurante intrusion des communications sans-fil. En effet, « la France compte plus de cartes SIM en circulation que d’habitant·es, et demain, avec l’arrivée de la 5G, ce seront tous les objets du quotidien qui seront connectés. » Les voitures seront autonomes, les foyers communicants et, bien entendu, les villes seront « intelligentes ». La Smart City, cela fait un moment que l’idée est sur le tapis et voilà qu’arrive ce qui est présenté comme une « révolution technologique ». Un terme qui cache bien des mensonges et des manipulations.

5G mon amour, enquête sur la face cachée des réseaux mobiles de Nicolas Bérard est un livre remarquablement documenté, qui perce à jour les coulisses de la soi-disant « révolution technologique », et pose des questions fondamentales « à l’aube du développement d’une nouvelle pollution de masse », sans qu’il y ait eu de débat public. Comment et par qui les normes, censées nous protéger, ont-elles été mises en place ? Quels sont les liens entre les opérateurs téléphoniques, les médias et les gouvernements ? Quels sont les effets de cette technologie sur la santé humaine et sur le vivant ? Quelles sont les applications de cette technologie dans les pratiques de contrôle et de répression ?
5G mon amour, un livre à lire absolument.
Entretien avec Nicolas Bérard.

Cher·e [auditeur.auditrice] peut-être n’es-tu pas totalement convaincu·e que les ondes électromagnétiques peuvent avoir des effets sur ta santé. Peut-être, même, appartiens-tu au « camp » des électrosceptiques, qui nient la moindre dangerosité de ces ondes. De toi à moi, il y a encore quelques années, je pensais à peu près la même chose. Après tout, nous sommes en droit de penser que, s’il y avait des preuves de leur nocivité, les autorités auraient mis le holà et que l’industrie elle-même aurait réorienté ses recherches : même la quête éperdue de profits à laquelle se livrent les multinationales doit avoir certaines limites éthiques, comme celle de mettre en jeu la santé des 7,7 milliards d’êtres humains habitant sur la Terre, ainsi que l’ensemble du vivant. Tout milliardaires qu’ils sont, les puissants de ce monde ne sont pas pour autant des êtres dépourvus de sentiments, prêts à sacrifier père, mère et enfants pour une poignée de (milliards de) dollars.
Eh bien, j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer : si !
L’auteur du livre […] serait-il un obscur adepte de la théorie du complot ? Eh non. D’abord parce que la mise en place d’un réseau de cinquième génération n’a rien de secret : bruyamment annoncée par ses promoteurs publics et privés comme un progrès quasi révolutionnaire, elle s’inscrit dans la logique économique qui mène le monde depuis un peu plus d’un siècle, avec pour seul aiguillon la recherche de croissance et de profits. Mais, surtout, parce que la menace que fait peser sur le monde la perspective du déploiement de la 5G, qui implique une très forte intensification de l’exposition planétaire aux ondes électromagnétiques, n’a rien de fantasmagorique : comme nous allons le voir dans ce livre, de nombreuses études menées par des scientifiques des plus sérieux montrent que l’innocuité prétendue de ces ondes est plus que douteuse. Or, comme nous le verrons aussi, lorsqu’il s’agit d’empoisonner la population, les dirigeant·es de grandes industries ont déjà prouvé à maintes reprises leur absence totale de scrupules. L’histoire récente montre en effet que, hélas, l’argent passe bien souvent – pour ne pas dire toujours – avant toute autre considération. Et ces puissantes entreprises sont même prêtes à dépenser des millions d’euros en lobbying pour financer et promouvoir des recherches biaisées et influencer les décideur·euses politiques afin de défendre leurs intérêts, au mépris de tous les enjeux d’ordre sanitaire, social, écologique – ou les trois à la fois comme ici.
Pourtant, malgré l’imminence et la potentielle gravité du déploiement de la 5G, le nécessaire débat public qu’il devrait susciter peine, à l’heure actuelle, à émerger. Mais il faut bien le reconnaître : on ingurgite, jour après jour, une telle quantité d’informations catastrophiques que l’on n’est pas forcément enclin à s’inquiéter de nouvelles sources de pollution ni de nouveaux facteurs de maladies. Surtout si cette source nous rend des services. Or, c’est bien le cas des ondes, qui font fonctionner nos radios, nos GPS, nos tablettes, nos objets connectés (pour celles et ceux qui en ont) et, surtout, nos très chers smartphones ! Les ondes sont, de plus, tellement faciles à oublier : elles ne se voient ni se sentent, et rien n’est fait médiatiquement ni politiquement pour nous en rappeler l’existence. De la même façon que l’on peut manger un steak en oubliant qu’il s’agit d’un morceau d’animal mort, on peut utiliser son smartphone en oubliant qu’il fonctionne avec des ondes. Tout cela est tellement confortable !
Il est pourtant urgent de réfléchir à l’intérêt d’un tel développement, et de le faire à la lumière de ce que nous savons déjà. Si la planète se portait bien, nous pourrions peut-être nous laisser bercer par les belles promesses de l’industrie et de nos dirigeant·es. Mais, tu le sais, ce n’est pas le cas. Le climat se dérègle, le vivant s’effondre... Dans ce contexte d’urgence écologique, est-il opportun d’ajouter une pollution électromagnétique massive dans notre atmosphère ?
Des livres traitant des ondes existent déjà et certains sont particulièrement bien faits. Si j’ai finalement décidé d’en rédiger un à mon tour, c’est pour traiter un aspect du sujet qui n’a pas encore fait l’objet d’une enquête approfondie et qui, pourtant, éclairera les autres. L’objectif n’est pas de faire ici une démonstration scientifique sur les effets que peuvent avoir les ondes sur l’organisme. Nous reviendrons bien sûr sur certaines études, nous nous livrerons à quelques explications techniques, mais nous ne tenterons pas de livrer bataille sur le terrain de la controverse scientifique – n’étant pas un chercheur spécialiste de la question, je n’aurais d’ailleurs aucune légitimité à le faire. Cette bataille, nous allons la mener en analysant ce qui se passe dans les coulisses, un point d’observation qui nous permettra de comprendre les forces en présence. Car si, titulaire d’un lointain bac S, mon bagage scientifique est plutôt léger, j’ai en revanche une chance inestimable : celle de pouvoir travailler à l’abri de toute pression, qu’elle soit économique, politique ou autre. C’est d’ailleurs cette indépendance qui m’avait déjà permis d’écrire un ouvrage critique sur les compteurs électriques Linky, à une période où les « grands » médias tournaient systématiquement en ridicule les opposant·es à ce dispositif.
Aux questions, « Quelles études sont valables ? Lesquelles présentent des biais méthodologiques ? », nous préférerons donc nous poser les suivantes : « D’où viennent et qui produit les normes censées nous protéger ? », « Qui contrôle l’industrie du sans-fil ? », « Comment sommes-nous poussé·es à adhérer au projet de “monde intelligent” ? », « Pourquoi les grands médias soutiennent ce développement ? », « Que peut-on attendre de nos représentant·es politiques et de notre système judiciaire ? », « Que disent les études scientifiques indépendantes au sujet des effets des ondes électromagnétiques sur les êtres vivants ? », « Un projet d’une telle envergure peut-il être lancé sans la moindre consultation citoyenne ? »... Nous comprendrons ainsi pourquoi la mise en place du réseau 5G, qui inquiète de nombreux·euses scientifiques à travers le monde, nous est présentée comme inéluctable, et pourquoi l’État et les opérateurs de téléphonie souhaitent se lancer dans l’aventure avant même que des études portant sur les conséquences sanitaires d’une telle technologie ne soient réalisées. Alors que le déploiement est sur le point d’être lancé, il est plus que temps, pour nous, citoyen·nes, de nous saisir de la question.

Sole
Film de Carlo Sironi
(9 septembre)

Lena est polonaise et a décidé de vendre son bébé à naître pour changer de vie. Ermanno, jeune homme paumé, accepte de jouer le rôle du père jusqu’à l’adoption par son oncle. Peu à peu, les deux vont changer et surtout apprendre à se connaître après la naissance de l’enfant. On pourrait résumer le film par le changement opéré chez l’une et l’autre en devenant parents. La première partie du film est minimaliste côté dialogues, Lena et Ermanno s’ignorent, bien que ce dernier soit chargé de veiller sur elle.

Pour son premier long métrage, Carlo Sironi s’attache au portrait de deux jeunes — Ermanno accro au jeux, sans désir ni avenir, Lena contrainte de vendre son enfant pour espérer s’en sortir. Un couple de circonstances qui est confronté à une parentalité non désirée. Le face à face est impressionnant, aucun affect, juste un deal sur l’enfant à naître.
« Depuis très jeune [explique le réalisateur], je me demande ce que serait ma vie si je devenais père. Qu’est-ce que ça signifie “devenir parent” ? De toute évidence, il ne s’agit pas simplement de transmettre son patrimoine génétique à un petit être, mais plutôt d’un changement d’approche par rapport à ses propres perspectives. Je me suis demandé, aussi, si je pourrais devenir un jour le père d’un enfant qui n’est biologiquement pas le mien. »

Dans le film est également abordée la question de la gestation pour autrui, interdite par la loi en Italie, toutefois nombre de moyens existe pour la contourner. « C’est ce que j’ai appris aux côtés du président du tribunal pour enfants de Rome [ajoute Carlo Sironi]. Au cours de l’écriture du film, j’ai compris que ce que je voulais raconter, ça n’était pas le monde derrière le trafic de nouveau-nés, mais plutôt une histoire personnelle, la rencontre entre deux étrangers, la naissance d’un lien inattendu : entre Ermanno, parce qu’il doit faire semblant d’être père, qui arrive à se sentir comme un vrai père, et Lena, déterminée à vendre sa fille, qui se trouve confrontée à de nombreux conflits émotionnels. »

Sole, le nom du bébé, est en fait une histoire de solitudes et d’apprentissage pour connaître l’autre, une révélation pour deux jeunes gens qui se découvrent finalement. « Au delà de la naissance du lien entre Lena et Ermanno, j’ai pensé [souligne Carlo Sironi] qu’il était tout aussi important de montrer la distance initiale entre eux, leur solitude. Avec les acteurs, j’ai donc travaillé à faire remonter progressivement à la surface ces émotions intériorisées qui se cachent des autres jusqu’à ce qu’elles explosent. » Carlo Sironi porte un regard délicat et poignant sur la solitude d’un orphelin et d’une migrante, tous deux piégés par une vie dont il et elle n’ont pas le contrôle.

Sole est un film tout en nuances sur des sentiments que l’on devine au-delà des silences et de l’émotion. Le film a remporté l’Antigone d’or au Festival international du cinéma méditerranéen, le Cinémed de 2019. Mais la plus belle récompense aux yeux de Sironi c’est que Paolo Taviani ait aimé son film.
Sole de Carlo Sironi est sur les écrans depuis le 9 septembre.

Honeyland
La femme aux abeilles
Film documentaire de Ljubo Stefanov et Tamara Kotevska
(16 septembre 202)

Hatidze est l’une des dernières personnes à récolter le miel de manière traditionnelle dans les montagnes désertiques de Macédoine. Sans aucune protection et avec passion, elle communie avec les abeilles. Elle prélève uniquement le miel nécessaire pour gagner modestement sa vie. Elle veille à toujours en laisser la moitié à ses abeilles, pour préserver le fragile équilibre entre l’Homme et la nature.

Honeyland est à la fois un film poétique et une fenêtre qui s’ouvre sur l’harmonie. C’est un film captivant et une leçon merveilleuse de respect de la nature.
Le film a été nommé aux Oscars et primé à Sundance et sera sur les écrans le 16 septembre.

Alexandre Marius Jacob
Voleur et anarchiste

Jean-Marc Delpech (éditions Nada)

Lecture d’extrait par Nicolas Mourer

Peu de films finlandais parviennent jusqu’en France. Depuis dix ans, le festival propose de découvrir l’actualité du cinéma finlandais. Cette année c’est au Reflet Médicis que l’on pourra découvrir ces trois longs-métrages inédits en France... Notamment :
LE PARADIS DE MARIA
Quand le Paradis devient l’Enfer...

de Zaida Bergroth

Vendredi 2 octobre 2020 à 20h00 au Reflet Médicis
Dévouée corps et âme à la gouroue Maria Åkerblom, la jeune Salomé fait la connaissance de Malin qui essaie de la sortir de son endoctrinement sectaire. Alors que les deux jeunes filles se rapprochent, la folie meurtrière de Maria se révèle au grand jour... Inspiré de faits réels et servi par un magnifique casting féminin, le film a notamment été sélectionné au Festival de Toronto.