Chroniques rebelles
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Samedi 19 décembre 2020
Facho compatible par Manifeste rien. Basta capital de Pierre Zellner (1). L’Éblouissement de la révolte. Récits d’une Arménie en révolution de Jean-Luc Sahagian
Article mis en ligne le 6 janvier 2021

par CP

Du théâtre, de la radio, du cinéma, de la littérature et de la musique… Vous avez remarqué ? Les chroniques sont dans le non-essentiel, c’est officiel paraît-il !

Facho compatible (le premier volet)
d’après Saïd Bouamama par la compagnie Manifeste Rien

Un entretien avec Pierre Zellner
Réalisateur de Basta capital (1)
Suivi d’un entretien avec Jean-Luc Sahagian
Auteur de L’Éblouissement de la révolte
Récits d’une Arménie en révolution
aux éditions CMDE

Après une absence prolongée, les chroniques reviennent sur les ondes de Radio Libertaire et pour commencer :

Facho compatible n°1 d’après Saïd Bouamama
Dans un contexte culturel muselé et empêché de spectacle vivant, Manifeste Rien s’adapte et se réinvente, se fait entendre, non pas sur les planches, mais sur les ondes. Ce premier volet sonore, d’après un article du 12 avril 2020 du sociologue Said Bouamama, offre un autre son de cloche quant aux analyses de gestion de la pandémie et du confinement.

À la sortie du premier confinement, les chroniques avaient diffusé un pastiche de discours présidentiel écrit par Olivier Le Cour Grandmaison et dit par Nicolas Mourer. Cette fois, c’est à la manière d’un faux journal satirique que la comédienne Virginie Aimone évoque la nécro-politique mise en place pour le bon fonctionnement de l’économie et la préservation des profits.

Facho compatible n° 1 sur la nécro-politique
Direction et interprétation de Virginie Aimone
Montage de Virginie Aimone et Jeremy Beschon
Un premier volet que vous pourrez réécouter sur la page face book de Manifeste rien
Le prochain volet, d’après également un article de Saïd Bouamama, sera sur le processus de fascisation.
Rappelons que Virginie Aimone est aussi co-fondatrice du collectif Manifeste Rien et qu’elle est l’interprète de plus de 10 pièces du répertoire.
Concernant l’actu du collectif sur le premier trimestre 2021 — si un retour à la normale le permet —, Manifeste Rien sera sur scène avec :

« Homo ça coince... »
« La domination masculine » de Pierre Bourdieu et Tassadit Yacine
« Rappel à l’ordre ! » d’après Gérard Noiriel et Michel Zancroini-Fournel.
Pour ce spectacle en mars, la compagnie Manifeste rien sera à Paris.
Tous les détails du premier trimestre 2021 seront sur le site des chroniques rebelles… et sur le site de Manifeste Rien.

À présent cinéma :
Basta capital de Pierre Zellner

Le film devait sortir en salles le 4 novembre, après pas mal d’avant premières et de débats avec le réalisateur, mais pour cause de fermeture des salles et de confinement, la date fut reportée.
Basta capital est finalement disponible en VOD (vidéo à la demande) sur plusieurs plateformes, dont les Mutins de Pangée, en espérant évidemment une prochaine sortie en salles.
Voici donc la première partie d’un entretien avec Pierre Zellner

Le film démarre sur des manifestations violentes et une situation insurrectionnelle suite à des réformes que le gouvernement veut imposer, qu’il s’agisse de l’organisation ultra libérale du travail, de la destruction de l’environnement et, par voie de conséquence, la mise en danger de la population. Dans cette situation de crise sociale majeure, les affrontements entre la police et les manifestant.es se multiplient et la répression gouvernementale s’amplifie. Dans ce contexte, un groupe d’activistes apprend qu’un des leurs a succombé lors de manifestations à Bures sous les coups des forces de l’ordre.

La mort de ce militant No Border est un choc pour le groupe qui décide de passer à l’action. Si l’on considère la propagande par le fait comme une stratégie d’action politique et un moyen de propagande efficace pour éveiller les consciences, la décision du groupe d’enlever des patrons du CAC40 pour forcer le gouvernement à appliquer une réelle politique anticapitaliste, cette action s’y apparente.

L’idée du film, Basta capital, « est née de la conviction qu’il était nécessaire de déstructurer l’aspiration révolutionnaire anticapitaliste pour la rendre concevable dans le monde moderne. J’ai souhaité par cette histoire [explique Pierre Zellner] développer l’idée qu’un changement de logiciel était le seul choix lucide pour construire une société durable. [Et grâce à la fiction] donner à voir les modalités très concrètes d’une transformation sociétale en s’affranchissant du cadre que la propagande néolibérale nous présente comme indépassable. »

Basta capital est donc une fable sociale et politique qui a pour but de susciter des débats sur les pratiques révolutionnaires face à un pouvoir qui va dans le mur et dont la logique tient en un mot : profit. Mais également de faire le point sur les enjeux réels dans une situation urgente. Car il ne s’agit pas vraiment d’anticipation, c’est-à-dire d’événements forcément relégués à un futur hypothétique et lointain, mais de réfléchir à ce que signifie l’acceptation, devrais-je dire la résignation, dans une société où les formes de liberté sont rognées plus ou moins ouvertement… les lois antiterroristes sont un bon exemple des dérives autoritaires qui s’installent et finalement se banalisent au prétexte de la sécurité générale.

Il est important de souligner que Basta capital est un film qui n’est pas dans une logique de la défensive, mais se place plutôt dans une logique offensive.
Basta capital de Pierre Zellner est disponible en VOD

Nous diffuserons la seconde partie de cette discussion avec Pierre Zellner samedi prochain.

Nouvel album de Frasiak : Mon Béranger 2.
« Avec près de 50 concerts annulés [écrit Frasiak] et autant de belles rencontres manquées, ça aura vraiment été une année, comment dire... ? "singulière" !
Je pense bien entendu aussi à tous ceux [et toutes celles] qui ont été, de près ou de loin, touchés par la maladie, aux soignant.es, aux autres "non-essentiels"... Beaucoup auront souffert.
 »
Alors en attendant le 3ème album de chansons de François Béranger intitulé mon Mon Béranger 3, une très jolie chanson extraite du nouvel album :
Dis-moi oui.

L’Éblouissement de la révolte
Récits d’une Arménie en révolution

De Jean-Luc Sahagian (éditions CMDE)

Arménie 2018. Un printemps de la révolte, un soulèvement dont Jean-Luc Sahagian fait le récit, un récit à multiples facettes. Car c’est aussi pour lui la découverte des différences dans l’expression des luttes : « L’une des différences fondamentales, une différence qui sautait aux yeux lorsque l’on avait participé, comme moi, à des mouvements sociaux dans les deux pays, et ce presque au même moment, tenait à l’absence totale d’organisations encadrant les manifs et les blocages arméniens. Aucun calicot, aucun drapeau, aucun camion sono ! Pas de cortège de tête, pas de service d’ordre, pas de K-way noir ni de dossard siglé. » L’éblouissement de la révolte, c’est un titre qui exprime la surprise, mais la fugacité aussi…

Étonnement et constat d’une autre culture, même s’il se sent des liens avec ce pays, ou plutôt une curiosité, le récit de voyage acquiert alors un aspect intime, personnel, inattendu, rappelant l’exil : « Les Arméniens viennent aussi d’une autre culture, je dirais presque d’un autre monde, le monde soviétique, et possèdent d’autres références n’ayant pas encore été complètement remplacées par celles de la modernité capitaliste. Ce rapport au monde n’est pas sans jouer un rôle important dans cette révolte d’avril-mai 2018. Je veux dire que l’enthousiasme, l’adhésion entière à cette révolte (n’excluant pas un certain humour) tirent leur source d’un lyrisme présent à la fois dans la propagande soviétique, ainsi que dans la poésie et la littérature russe. »

Si Jean-Luc Sahagian constate les manques, anticipe les pièges et les déceptions du mouvement, il n’en est pas moins entraîné dans l’enthousiasme général qui lui fait voir la charge émotionnelle d’utopie et d’espoir que représente le soulèvement pour la population. « Et j’avais moi aussi [écrit-il] été traversé par ces émotions. Je savais que rien ne serait plus comme avant, ni pour moi, ni pour ceux et celles qui avaient vécu ces moments. » L’éblouissement de la révolte dont personne ne sort indemne ou indifférent…

Maurice Rajsfus et Jean-Luc Sahagian à la librairie Publico

« Je me fous des patries et des racines. Mais l’Arménie est un territoire qui mobilise en moi des histoires. Des fragments de récits familiaux, une langue pas tout à fait inconnue et une rencontre, un soir de printemps, dans la grande halle aux fruits et légumes d’Erevan. Et ces quelques journées d’avril-mai 2018 où j’ai pu me sentir chez moi, emporté par la foule. »

L’Éblouissement de la révolte
Récits d’une Arménie en révolution

De Jean-Luc Sahagian (éditions CMDE)

Nous avons réalisé cet entretien avec Jean-Luc Sahagian l’été dernier.

Musiques au cours de l’entretien : Hayk Stver, Yes menak chem. Tigran Hamasyan, Love Song, Haragatz, Tata Simonyan, Hayastaarev.