2024 — Les jeux olympiques n’ont pas eu lieu
Marc Perelman (éditions du Détour)
2024 — Les jeux olympiques n’ont pas eu lieu
Marc Perelman (éditions du Détour)
Été 2024 : Paris ville olympique… Et si les fameux Jeux olympiques de 2024 n’envahissaient pas autant nos espaces et nos vies ?
Marc Perelman — également auteur de Smart Stadium, le stade numérique du spectacle sportif —, le répète à l’envi par rapport à cet emballement médiatique et politique : « la volonté obstinée d’organiser des Jeux olympiques “Paris 2024” et leur soutien par presque l’ensemble du spectre politique français est indécente vis-à-vis d’un pays frappé par le chômage, la régression sociale et désormais l’angoisse du lendemain. Un pays plombé par la crise de la Covid-19 ne peut maintenir des Jeux olympiques qui gaspillent l’argent public. »
D’ailleurs, que représente finalement cet idéal olympique brandi à la manière des tables de la loi ? Quels sont les enjeux politiques et idéologiques « au-delà des termes toujours dithyrambiques associés à l’olympisme et que les édiles olympiques emploient à satiété. » Déjà, si l’on examine le terme de “Jeux olympiques” , correspond-il à l’idée, à la nature du jeu ? Au lieu de répéter naïvement les injonctions induites dans les médias, à savoir voir dans les Jeux olympiques une grande fête populaire transcendant les différences de classes, un vecteur anti discriminatoire ou encore une élévation des esprits… Soyons sérieuses et sérieux, la grand messe olympique ne représente certainement pas une libération, mais plutôt la célébration du profit et de la compétition.
Dans son ouvrage, Marc Perelman explique s’être « astreint à l’étude, la plus précise possible, de l’organisation matérielle, idéologique et politique de cet événement ». Autrement dit, « analyser le cœur du projet olympique et de ses valeurs, ainsi que les conséquences sociopolitiques sur nos territoires et dans nos vies. » Pour cela, il revient sur l’historique des Jeux olympiques, rappelle certains des événements qui en ont dévoilé les enjeux, et propose avec vingt et une thèses un point sur la propagande largement distillée.
2024 — Les jeux olympiques n’ont pas eu lieu. Marc Perelman (ed. Détour)
Entretien avec Marc Perelman
Extrait :
L’objectif réel de l’olympisme semble être de réunir sous sa tutelle l’ensemble des activités physiques d’une population sous n’importe quel prétexte. Les JO sont une aubaine pour tous les pouvoirs politiques (des démocraties aux dictatures) parce qu’ils sont capables de développer une dynamique irrésistible de captation, non seulement de toutes les formes d’activités physiques, mais aussi de s’emparer des équipements sportifs souvent financés par et pour le public. Selon le dossier de candidature, les JO de Paris participent d’une « vision globale [...] centrée sur l’avènement d’une société active, au mode de vie sain. Elle soutiendra le développement de la marque olympique : cette société comprend les futures générations de supporters olympiques ». Voilà l’aubaine : c’est la naissance de la « Génération 2024 » qui « se verra proposer des programmes innovants intégrés aux programmes scolaires au niveau national et s’appuyant sur les Jeux comme leviers pour stimuler l’entrepreneuriat, le sport et les opportunités citoyennes et humanitaires ».
À la lecture de tous les arguments du dossier de candidature, on se demande à quoi ne pourraient pas servir les JO. Le cœur de cible est en effet les « jeunes et les publics les plus éloignés du sport : les femmes, les habitants des quartiers populaires et des milieux ruraux, les personnes en situation de handicap, etc. ». Les JO doivent entraîner toute la population dans leur sillage, ne laisser personne sur le bas-côté : « Trois objectifs principaux : 1. “Pas un Français loin du sport”. [...] 2. “Tous citoyens du sport” : le message universel des valeurs de l’olympisme fait écho à celui de la Déclarationdesdroitsdel’hommeetducitoyen, qui a fondé la République française. Le sport et ses valeurs seront ainsi placés au cœur des politiques publiques d’éducation, d’engagement citoyen des jeunes, de cohésion sociale et d’intégration. [...] 3. “La croissance durable par le sport” : [...] Le sport et les grands événements constitueront l’avant-garde d’une croissance durable, avec notamment la constitution d’une filière de l’économie du sport. » Hors du sport, point de salut ! Toute cette organisation doit être irriguée par « un plan national de promotion des valeurs olympiques », dont on attend toujours les propriétés et caractéristiques. Quelles sont donc ces valeurs ?