Chroniques rebelles
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Samedi 27 mars 2021
Arthur Cravan, la terreur des fauves. Rémy Ricordeau
Article mis en ligne le 29 mars 2021

par CP

Arthur Cravan, la terreur des fauves
Rémy Ricordeau (l’Échappée)

Postface d’Annie Le Brun
40 photographies et documents
Entre insubordination radicale, amour fou et désertion éperdue, la fulgurance de l’itinéraire d’Arthur Cravan, boxeur et poète prédadaïste, qualifié par André Breton de « génie à l’état brut  », n’a pas fini de fasciner : l’extrême modernité de son antimodernisme se révèle en effet aujourd’hui plus pertinente encore par son caractère visionnaire et irrécupérable.

Les textes et documents ici rassemblés – dont certains sont inédits – permettent de saisir la singularité de sa démarche iconoclaste et d’appréhender dans toute son humanité celui qui, disparu il y a un siècle, redoutait déjà en ces termes l’artificialisation du sensible : « Dans la rue on ne verra bientôt plus que des artistes et l’on aura toutes les peines du monde à y découvrir un homme. »

Rémy Ricordeau est auteur et cinéaste, sa filmographie va des mouvements sociaux à l’art brut et au mouvement surréaliste, notamment si l’on pense à deux films, accompagnés d’ailleurs de livrets remarquables, Je ne mange pas de ce pain là. Benjamin Péret poète c’est-à-dire révolutionnaire, en 2015, et Prenez garde à la peinture… et à Francis Picabia, en 2018. Avant, il y a eu un film, Bricoleurs de paradis (le Gazouillis des éléphants) en 2010, un film-livre, Denise et Maurice, dresseurs d’épouvantails et un livre, Visionnaires de Taïwan sur l’Art brut, art insolite et visionnaire autodidactes de l’île de Taïwan, publiés aux éditions de L’insomniaque.

Ce qui amène à penser qu’il y a sans doute un fil conducteur entre Arthur Cravan, la terreur des fauves, autrement dit la révolte à l’état brut d’Arthur Cravan, et l’œuvre de Rémy Ricordeau. Est-ce un effet de séduction du personnage, car Cravan est un personnage, on peut même dire qu’il l’est par incandescence. Dandy anachronique et inattendu, sa soif de vivre intensément et son besoin de bousculer par ses outrances font de lui « une icône de l’insubordination la plus radicale, […] l’extravagance avec laquelle Cravan s’est plu à ridiculiser quelques notoriétés intellectuelles et artistiques de son temps a contribué à le transformer en héros absolu de la subversion culturelle. »

Le poète-boxeur (ou le boxeur-poète dixit Rémy Ricordeau), comme il aime à se présenter, est un précurseur du mouvement Dada, de même que la manière dont il joue avec les médias, le showbiz et la publicité. En avance sur son temps, il l’est certes lorsqu’il décrit New York : « c’est une ville qui est construite pour les masses, pour canaliser les foules : l’individu disparaît. » Voilà une critique avant l’heure des mégapoles avec un écho surprenant dans nos préoccupations contemporaines.

Arthur Cravan l’imprévisible passe sans transition du charmeur à l’infréquentable. Il débarque à Paris très jeune et, grâce à sa première compagne, il est très vite une vedette dans les milieux artistiques. Rémy Ricordeau le décrit ainsi : « Dandy volontiers cynique (au sens de Diogène), il se fait souvent remarquer dans les cafés littéraires et salons artistiques où il aime exhiber son physique d’athlète et jouer de la provocation : “Qu’il vienne celui qui se dit semblable à moi que je lui crache à la gueule.”  »

Séducteur, beau mec, brillant dans la provocation, il s’amuse de ses atouts, mais se révèle fragile et touchant dans ses lettres amoureuses qui montrent une nature passionnée et différente de celle qui apparaît au premier abord, d’ailleurs il l’écrit dans Maintenant, sa revue dont il était l’unique rédacteur, « je suis brute à me donner des coups de poing dans les gencives et subtil jusqu’à la neurasthénie. » Internationaliste, déserteur, baroudeur, fuyant la guerre à tout prix, en l’occurrence la Première Guerre mondiale, pas étonnant qu’il fascine toujours. « Je veux créer de nouvelles images [écrivait-il à sa mère] et ne pas copier servilement ou même changer légèrement les brillantes pensées de certains auteurs. Je préfère le style terre-à- terre ... »

Arthur Cravan, la terreur des fauves, un livre où les différentes facettes de Cravan se répondent, se croisent, s’interpellent, décidément c’est une belle découverte que ce livre de Rémy Ricordeau. Choisissons, comme l’écrit Guy Debord, « la mutinerie qui gagne .../... Arthur Cravan paraît avoir réussi d’un bout à l’autre un fulgurant voyage, sans aucun des visas du siècle. » C’est une belle synthèse pour l’itinéraire de ce météore qui a « contribué, au tout début du xxe siècle, à dynamiter durablement la morale bourgeoise de son temps : “ ... l’art n’est pas une petite pose devant le miroir .../... l’art c’est ta ta ta ta ta... Oh ! chochotte ! ta gueule !” »
Entretien avec Rémy Ricordeeau

Le Cinélatino 2021 : fin de la première partie.
Retour en salle du 9 au 13 juin

www.cinelatino.fr
online.cinelatino.fr

Jusqu’au 11 avril, le Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen-Orient est en ligne avec 36 films à découvrir sur la plateforme Festival Scope.
Informations : pcmmo.org et festivalscope.com

43e Festival international de films de femmes
En ligne du 2 au 11 avril
filmsdefemmes.com

La Commune de 1871
150 ans de la Commune de Paris, une brève expérience démocratique et populaire, brève sans doute mais qui laisse des traces ineffaçables… Malgré le déni, les récupérations et autres tentatives de détourner la véritable signification de cet élan révolutionnaire.
Les publications sont nombreuses, essais comme fictions :
La Semaine sanglante. Mai 1871. Légendes et comptes de Michèle Audin
Souvenirs d’une morte vivante. Une femme dans la commune de 1871 de Victorine Brocher deux livres parus aux éditions Libertalia.
Et dans la même édition : Léo Frankel. Communard sans frontières, dont nous parlerons avec l’auteur, Julien Chuzeville, le 17 avril prochain.

Un livre particulier pour une balade dans le Paris de la Commune édité par les éditions libertaires : Paris 1871, l’Histoire en marche. 21 circuits pédestres sur les traces de la Commune de Josef Ulla.
Fiction à présent : Sous le ciel rouge de mai de Fred Morisse (éditions Depeyrot) où l’on retrouve les personnages de son précédent roman, Un hiver de chien. Publié il y a cinq ans, le roman relatait le siège de Paris durant le terrible hiver 1870/1871. Sous le ciel rouge de mai raconte leur espoir et leur lutte désespérée contre l’armée républicaine versaillaise.
La Commune de 1871, nous n’avons pas fini d’en parler !

30 mars, Journée de la terre
En février 1976, le gouvernement travailliste israélien annonce sa décision de confisquer 2500 hectares de terre en Galilée. Les Palestinien.nes d’Israël décident alors d’organiser une grève générale le 30 mars 1976. Bilan de la répression militaire : 6 morts, des centaines de blessés et des arrestations. Depuis, les Palestinien.nes d’Israël, des Territoires occupés, et de l’exil commémorent chaque année cette date du 30 mars. Il faut souligner que l’État israélien poursuit sa politique de confiscation des terres palestiniennes, de destruction des maisons, des plantations et de répression.

Maurice Rajsfus, qui nous a quitté en juin 2020, est souvent venu dans les chroniques et les émissions de Radio Libertaire, il a écrit plusieurs livres sur le problème palestinien : Retours d’Israël, Israël-Palestine. L’Ennemi intérieur, Retours de Jordanie, et Palestine : chronique des événements courants (1988-1989). Selon lui, l’utilisation de l’accusation d’antisémitisme était devenue « une arme brandie contre tous ceux qui s’opposent au sionisme, idéologie active qui ne saurait souffrir la moindre critique ».

Maurice Rajsfus laisse une œuvre importante, dont certains livres étaient à présent introuvables. Il a créé l’Observatoire des libertés publiques qui publiait un bulletin mensuel, Que fait la police ?
L’association des ami.es de Maurice Rajsfus et les éditions du Détour lancent la publication de plusieurs de ses livres. Et pour commencer, en 2021 :
— La Police de Vichy : les forces de l’ordre françaises au service de la Gestapo
— Des Juifs dans la collaboration : l’Ugif 1941-1944
— La Rafle du Vel’ d’Hiv
— 1953, un 14 juillet sanglant
Nous en reparlerons dans les prochaines émissions.


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