Chroniques rebelles
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Samedi 10 janvier 2004
Drôle d’époque n° 13 : Zones d’attente.
Après Sangatte. Nouvelles migrations, nouveaux enjeux de Smaïn Laacher (La Dispute)
Article mis en ligne le 29 janvier 2008

par CP

Avec Alain Brossat, Martine Lefeuvre-Déotte et Smaïn Laacher

Les demandeurs d’asile ne sont pas traités comme des personnes humaines mais, en premier lieu, comme des parasites et des indésirables. ” Alain Brossat, “ Zones d’attente, zones d’expérimentation des pratiques d’exception ”, Drôle d’époque n° 13.

Cela a commencé avec cette phrase insidieuse — “ on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ” — qui justifiait les mesures contre l’immigration clandestine, une phrase largement diffusée et répétée.
Cela a empiré avec la lutte antiterroriste et les lois sécuritaires qui ont permis tous les abus, et même pire, les ont encouragés.

Avec la peur et son instrumentalisation médiatique, le consensus était — est — plutôt au silence, et trop rares — ou trop peu relayées — sont les dénonciations de la violence policière, de la justice arbitraire réservée aux demandeurs d’asile, des lois d’exception, autant de méthodes qui dénotent une volonté politique très inquiétante.

Les Chroniques rebelles ont diffusé à plusieurs reprises des reportages sur les centres de rétention de Roissy et la violence policière qui s’y exerce à l’encontre des étrangers et des demandeurs d’asile, y compris contre ceux et celles qui dénoncent cette barbarie. Et ce dernier numéro de la revue Drôle d’époque sort un dossier important sur ces centres de la honte.

Plus vous êtes pauvre en droit, dépourvu de statut ou d’inscription, et plus grandes sont vos chances d’être traité policièrement […], c’est-à-dire comme du bétail à Roissy […]
et plus grandes seront vos chances d’être brimé, humilié, brutalisé par des exécutants de ce droit expéditif qui ne s’embarrasse guère de formes juridiques […]
et plus vous êtes exposé à ces formes de violence qui sont partie intégrante du droit de l’État, là où exception et règle tendent à devenir indémêlables.

Ce n’est pas ici l’État de droit qui prévaut, c’est le monopole de la violence. Les supposées bavures policières et administratives […] ne sont pas accidentelles mais fonctionnelles.

D’ailleurs, comme le souligne Smaïn Laacher dans son essai, Après Sangatte. Nouvelles migrations, nouveaux enjeux  : “ Un "migrant clandestin", pour reprendre la terminologie dominante, parce qu’il est victime, sans biens et sans droit, est un être sans protection.