Chroniques rebelles
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Samedi 13 mai 2023
Neptune Frost de Saul Williams et Anisia Uzeyman. Ramona fait son cinéma de Andrea Bagney. Sorties DVD Blu-ray : le chef d’œuvre de Carlos Saura, Cria Cuervos. La Belle verte de Coline Serreau. La Jeune fille et la mort de Roman Polanski. Libera me d’Alain Cavalier. Coffret de trois films de Tomas Gutiérrez Alea : La mort d’un bureaucrate, Fraise et chocolat, la Ultima Cena.
Article mis en ligne le 15 mai 2023
dernière modification le 28 mai 2023

par CP

Neptune Frost
Film de Saul Williams et Anisia Uzeyman (10 mai 2023)

Entretien avec Saul Williams et Anisia Uzeyman

Ramona fait son cinéma
Film de Andrea Bagney (17 mai 2023)

Sorties DVD Blu-ray : le chef d’œuvre de Carlos Saura, Cria Cuervos, La Belle verte de Coline Serreau, La Jeune fille et la mort de Roman Polanski, Libera me d’Alain Cavalier, un coffret de trois films de Tomas Gutiérrez Alea : La mort d’un bureaucrate, Fraise et chocolat, la Ultima Cena

Femmes, unissons nous de Teresa Claramunt (Nada)

Anarchisme en mouvement. Anarchisme, néoanarchisme et postanarchisme de Tomas Ibañez (Nada)

1953, un 14 juillet sanglant de Maurice Rajsfus (Éditions du détour)

Les black blocks. La liberté et l’égalité se manifestent de Francis Dupuis-Déri (LUX éditions)

Rétrospective intégrale des films de Tod Haynes à Beaubourg jusqu’au 29 mai

CQFD
Samedi 20 mai, CQFD fête ses 20 ans à La Parole errante à Montreuil.

Neptune Frost
Film de Saul Williams et Anisia Uzeyman (10 mai 2023)

Entretien avec Saul Williams et Anisia Uzeyman

Neptune Frost se déroule sur les hauts plateaux du Burundi. Après la mort de son frère, assassiné par un soldat gardien de la mine de coltan où les deux hommes travaillent, Matalusa s’enfuit de l’enfer minier et rejoint un collectif de cyberpirates anticolonialistes. Il y rencontre Neptune, un.e hacker intersexe et, ensemble, il et elle initient une insurrection surpuissante.

Neptune Frost est à la fois une comédie musicale, une fable subversive, un regard différent sur l’Afrique, une histoire d’amour, une remise en question du système et de ses dérives, et finalement une mise à nu des fondements du pouvoir, le patriarcat et le capitalisme… Comme l’évoquent les deux cinéastes, c’est « une déflagration cosmique, virtuelle, […] une histoire qui démystifie la connexion, qui met en lumière la technologie en tant que conscience, qui brise les conventions ». Artisanal par la construction et hyper futuriste dans la représentation, le film est une expérience où se mêlent les créations contribuant à l’univers du film, qu’il s’agisse de l’habillage sonore, de la musique, de la chorégraphie, des décors, des costumes, du choix des comédiens et des comédiennes.

Pour cette première création cinématographique, Anisia Uzeyman — actrice et réalisatrice —, et Saul Williams — poète, acteur, musicien et activiste —, réussissent un film politique, inventif et beau.

Neptune Frost aborde plusieurs sujets, liés historiquement, la domination, la suprématie blanche, la course effrénée vers la destruction de la planète…
Notre rencontre a eu lieu un matin pluvieux et a commencé par l’énumération des thèmes évoqués dans ce film original et multiforme…
Les illustrations musicales sont extraites de la bande sonore de Neptune Frost et le film est sur les écrans depuis le 10 mai.

Ramona fait son cinéma
Film de Andrea Bagney (17 mai 2023)

Ramona a décidé de tenter sa chance au cinéma et elle se lance dans les castings. Pas facile, elle revient depuis peu à Madrid avec son compagnon et, en tant que jeune actrice inconnue, il y a de quoi avoir le trac. La veille d’une première audition, Ramona rencontre un homme dans un café, bavarde avec lui et, au cours de leur conversation, découvre qu’il est réalisateur et en préparation de tournage. Très enthousiaste, elle fait part à son compagnon de cet heureux hasard et se prépare pour l’audition du lendemain…
Plusieurs points sont intéressants dans le film, d’abord c’est l’ambiance madrilène et la vivacité des dialogues, puis il y a le choix du noir et blanc pour tourner la réalité, alors que la couleur indique la fiction, autrement dit le film dans le film. Par ailleurs, la réalisatrice a tourné en pellicule (16 mm) et se réclame de Billy Wilder pour le personnage de Ramona. Une jeune femme toujours en mouvement et passant de la comédie à la gravité.
Avec Ramona fait son cinéma, explique Andrea Bagney « j’ai aimé imaginer des situations qui auraient pu m’arriver. “Et si” j’avais voulu être actrice ? “Et si” j’avais le même petit ami depuis mes dix-sept ans ? Etc. Ramona et moi sommes très différentes à plein de niveaux, mais nous avons aussi des points communs importants. Je suis réalisatrice, mais il y a peu de temps j’étais une jeune artiste perdue, incapable de trouver sa voie.
 » Par ailleurs, « la relation entre réalisateurs et acteurs m’a toujours fascinée : pourquoi les acteurs sont-ils choisis, quelle part d’eux-mêmes se retrouve dans leur personnage ? L’histoire de cette jeune femme, qui refuse un premier rôle car elle sait que le réalisateur est amoureux d’elle, s’est imposée à moi. Je l’ai trouvée si courageuse et charmante que j’ai commencé à écrire mon scénario autour de cet évènement comique. »

Il n’empêche que la comédie, qui reflète le caractère de la jeune femme, est en même temps drôle, divertissante, sans pour autant négliger une certaine profondeur sur les rapports humains et la société. Et là également, on rejoint le cinéma de Billy Wilder, car Ramona, qui paraît à première vue une jeune femme plutôt paumée et immature, devient peu à peu un personnage important, indépendant, bien loin de l’image qu’on lui prête au départ.
Premier long métrage pour Andrea Bagney, premier rôle au cinéma pour Lourdes Hernandez qui incarne Ramona, un bel essai à suivre… Le cinéma est un « geste poétique en soi », suggère la réalisatrice, le film va donc au bout du jeu et se veut « une fiction nourrie de beaucoup de vérité ».
Ramona fait son cinéma de Andrea Bagney est en salles le 17 mai 2023.

Cria cuervos, l’un des chefs d’œuvres de Carlos Saura à découvrir ou à revoir dans une copie restaurée, proposée par Tamasa en Blue Ray :

Ana, 9 ans, est élevée par sa tante avec ses deux sœurs. Elles sont orphelines le film se situe les dernières années du franquisme. Cría cuervos est une fable sur les rapports difficiles entre l’enfance et l’âge adulte. L’incompréhension qui existe entre les deux mondes est d’autant plus pesante et irréconciliable dans le contexte d’une Espagne franquiste et bourgeoise, régie par des codes rigides et des interdits. Ana étouffe dans ce milieu étriqué, d’autant qu’elle déborde d’imagination, voit sa mère morte et est persuadée qu’elle possède un pouvoir maléfique au point de se croire responsable de la mort de son père. Le film se déroule presque exclusivement dans un univers féminin, entre des temps différents de la narration.
Nous recevrons Philippe Chevassu pour parler de ce film et de quelques autres…

La Belle verte de Coline Serreau
est une comédie de science fiction sortie en 1996.
Quelque part dans l’univers, il existe une planète où la population vit en parfaite harmonie. De temps en temps, quelques membres de cette planète partent en excursion sur d’autres planètes. Mais, curieusement, depuis deux cents ans plus personne ne veut aller sur la planète Terre. Or un jour, pour des raisons personnelles, une jeune femme décide de se porter volontaire pour partir en mission. Et c’est ainsi qu’elle atterrit en plein Paris. Et ça la change de la Belle Verte, sa planète où tout n’est qu’harmonie, calme et volupté !

La Jeune fille et la mort de Roman Polanski

Libera me d’Alain Cavalier
Un pays est soumis au pouvoir de la force armée. Les deux fils d’un cafetier, aux côtés d’un photographe et de son assistant, entrent en résistance.
Refusant de jouer sur le succès inattendu de Thérèse, Alain Cavalier ne se relance pas immédiatement dans l’aventure d’un long métrage et poursuit son chemin de cinéaste avec une série de 24 portraits pour Arte, petits films tournés en solitaire entre 1988 et 1990 et consacrés à des femmes au travail. Il revient sur les écrans avec Libera Me, sept ans après son précédent long métrage. Cavalier continue son travail sans se soucier des modes, allant vers une forme de radicalité cinématographique.

3 films de Tomas Gutiérrez Alea, cinéaste cubain extraordinaire
La mort d’un bureaucrate
Fraise et chocolat
La Ultima Cena

1953, un 14 juillet sanglant
de Maurice Rajsfus

C’est une nouvelle parution aux éditions du Détour
avec une préface de Ludivine Bantigny et une postface de Jean-Luc Einaudi
Le 14 juillet 1953, lors d’une manifestation syndicale, la police assassine froidement six travailleurs algériens et un syndicaliste français, place de la Nation, à Paris. Alors que résonne pour la première fois le slogan « nous voulons l’indépendance ! ».
Ce livre de Maurice Rajsfus constitue la première enquête sur ce crime d’État. Il s’efforce de reconstituer minutieusement le déroulement des événements qui ont abouti à la mort par balles de six jeunes ouvriers algériens et d’un métallurgiste français, syndicaliste CGT, à l’issue du traditionnel défilé populaire du 14 juillet.
Maurice Rajsfus s’appuie sur un vaste corpus de sources, qui comprend les récits de témoins, de journalistes, d’hommes politiques ou d’interventions au Parlement. Sur fond de racisme d’État, il pointe aussi la responsabilité d’un des acteurs de cette journée funeste qui deviendra, quelques années plus tard, le donneur d’ordre principal des massacres du 17 octobre 1961 et du 8 février 1962, au métro Charonne : Maurice Papon, alors secrétaire général de la Préfecture de police.
La première édition de ce livre est parue en 2003.

Or demain, dimanche, 14 mai à 11h
Est projeté à l’Escurial Panorama (11 Bd de Port Royal, 75013)
Le film documentaire de Daniel Kupferstein (2014)
Les Balles du 14 juillet 1953

Une longue enquête cinématographique sur ce crime d’État, passé sous silence.
La séance sera suivie d’un débat.

Femmes, unissons nous de Teresa Claramunt (Nada)
« Compagnonnes, les femmes représentent la moitié de l’humanité. Unissons-nous à nos frères travailleurs et crions avec eux : “Guerre aux curés, mort aux exploiteurs et aux tyrans du monde entier, à bas les frontières et vive la révolution sociale !” L’anarchie, cette belle et noble idée, rendra justice aux femmes. »
Dans ces textes inédits en français, Teresa Claramunt (1862-1931), ouvrière, anarcho-syndicaliste et pionnière du féminisme espagnol, surnommée la « Louise Michel de Barcelone », appelle les femmes à s’organiser afin de renverser le capitalisme et le patriarcat pour qu’advienne l’anarchie.
C’est la même collection des éditions Nada que pour le livre de Marianne Enckell Une Petite histoire de l’anarchie.

Anarchisme en mouvement. Anarchisme, néoanarchisme et postanarchisme de Tomas Ibañez (Nada)
L’anarchisme démontre aujourd’hui une étonnante et foisonnante vitalité, surgissant, sous de multiples formes, partout dans le monde. Cette vigueur s’explique par le fait que, réfractaire à la stagnation et à la simple répétition, la pensée libertaire a su œuvrer à son propre renouvellement. Dans cet ouvrage, Tomás Ibáñez invite à découvrir les raisons et les nouvelles modalités de cette résurgence, qui se manifeste notamment dans le néoanarchisme et le postanarchisme.
Cocréateur du « A cerclé », Tomás Ibáñez est une figure importante du mouvement anarchiste et j’espère qu’il viendra un jour en direct dans les chroniques rebelles de Radio Libertaire

Les black blocks. La liberté et l’égalité se manifestent de Francis Dupuis-Déri (LUX éditions)

Rétrospective intégrale des films de Tod Haynes à Beaubourg jusqu’au 29 mai
Dans un article de 1998, Pascal Dupuy écrivait à propos des deux premiers films de Tod Haynes, Poison et Safe :
« Tout comme Genet se révolte par et à cause des mots, Haynes pousse sa révolte par l’imaginaire et l’intimité. Consciemment il s’engage dans les méandres de l’inconscient et s’engage politiquement. Ses films passent alors de la révolte intime à la subversion narrative et esthétique et aboutissent au questionnement social et politique. À travers la transgression et l’identité sexuelle, Haynes nous rappelle les liens qui unissent les minorités en lutte contre les lois morales imposées par la société. Entre engagement et enragement, son œuvre prône la révolte sociale et la fierté identitaire et se présente comme un antidote au conformisme bien pensant de la société » états-unienne.
Depuis, il y a des chef-d’œuvres comme Velvet Goldmine (1998), Loin du Paradis (2002), I’m Not there, Carol, Mildred Pierce (une mini série) et son nouveau film, May December (présenté à Cannes cette année).
Les invitées : Julianne Moore, Cate Blanchett, Kate Winslet, Christine Vachon
Samedi 13 mai, de 20h30 à 1h du matin,
Dans le cadre de la Nuit des musées, Todd Haynes présente, lors d’une soirée exceptionnelle, trois de ses premiers courts et moyens métrages, rares ou inédits, Assassins :
A Film Concerning Rimbaud (1985, 41 min), Dottie Gets Spanked (1993, 27 min) et un film surprise.
Todd Haynes. Chimères américaines

CQFD
Samedi 20 mai, CQFD fête ses 20 ans à La Parole errante à Montreuil. Au programme : discussions, stands, ateliers, expos... des concerts avec René Binamé (anarcho punk) et les Vulves assassines (punk rap de l’espace !)
http://cqfd-journal.org/CQFD-fete-ses-20-ans-a-la-Parole