Chroniques rebelles
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Samedi 29 avril 2000
En plein faubourg. Notations d’un mastroquet sur les mœurs ouvrières (1895).
d’Henry Leyret. Présentation : Alain Faure (Nuits rouges)
Article mis en ligne le 17 février 2008
dernière modification le 25 juin 2011

par CP

Reportage sur la classe ouvrière : en direct de Belleville, fin du XIXème siècle, En plein faubourg. Notations d’un mastroquet sur les mœurs ouvrières (1895).
Une enquête originale parue en 1895, année de la création de la CGT, année aussi de la publication des Règles de la sociologie de Durkheim.
Un reportage sur les “classes dangereuses” réalisé par un journaliste, Henry Leyret, qui s’installe comme “bistrottier” pour observer le milieu ouvrier sur le terrain. Mais pourquoi Leyret a-t-il pris la décision de se transformer, en« marchand de poison » et en « confesseur social » ?

Aujourd’hui, en ces temps d’“aménagement du temps de travail”, il est intéressant de voir ce qui prévalait alors à la fin du XIXème siècle.
Le texte de Leyret est en cela un témoignage exceptionnel, à la manière de Jack London qui, quelques années plus tard, vivra la vie d’un “hobo” dans l’East End de Londres pour écrire un livre bouleversant — Le peuple de l’abîme . L’Angleterre en avance dans son industrialisation et en avance en matière de dérégulation des conditions de travail et de flexibilité si chères au capitalisme mondial.

La culture ouvrière existe-t-elle encore ? Alain Touraine et autres
sociologues nous ont bassiné depuis les années 1980 avec l’idée que les différences de classe n’existaient plus, que la France se résumait à une immense classe moyenne et que la lutte des classes, c’était du passé…
Donc la culture ouvrière aussi ! La culture ouvrière, pourtant, n’a
pas disparu de ces faubourgs qui ne se situent aujourd’hui dans les banlieues.

L’enquête d’Henry Leyret, qui date de plus d’un siècle, donne à réfléchir par son actualité sur bien des points. Cinq mois d’observation quotidienne en plein faubourg, en direct de Belleville : une enquête sur le terrain de la
classe ouvrière, de son oppression, de sa misère, mais aussi de sa rebellion.

Depuis cette enquête, d’autres journalistes ont choisi de vivre des expériences similaires à celle d’Henry Leyret ou de Jack London : Gunther Walraff avec Tête de turc (1986) ; Anne Tristan entrant au Front national pour écrire Au Front (1987), le journaliste israélien Yoram Binur se mettant dans la peau d’un Palestinien pour un voyage au cœur du problème israélo-palestinien, publié en 1989 — pendant l’Intifada — My Enemy, My Self , bouquin écrit dans la tradition de Black Like Me de John Howard Griffin (1959) ou d’Anne Tristan se transformant, quelques années plus tard, en ouvrière du tiers monde, syndicaliste et sans-papiers, débarquant à Paris pour demander l’asile politique. Il en résulte Clandestine en 1993.

Autant d’exemples qui nous ramènent à l’intérêt du texte d’Henry Leyret dans le contexte social et politique actuel.