Chroniques rebelles
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Samedi 22 mai 1999
Algérie après les élections. OSF. Musiques et sexisme (raï…). Argentine…
Chafia, Michelle Rollin, Christelle…
Article mis en ligne le 21 février 2008

par CP

Existe-t-il un réel débat en France à propos des Balkans, c’est-à-dire des analyses des conflits présentés comme "naturels" et à répétition dans cette région du monde ? Pas grand chose.
Quelques voix s’élèvent, mais trop peu.

Comment croire que bombarder des civils et, accessoirement, des cibles militaires, peut stopper les visées hégémoniques et mégalomaniaques d’un dirigeant ou d’un régime autoritaire ? Les bavures collatérales, ce n’est pas seulement des ambassades chinoises ou des trains qui sont touchés et détruits, ce sont des êtres humains qui trinquent. Des civils massacrés. Le premier résultat de cette guerre non déclarée a d’ailleurs été d’accélérer la déportation de milliers de Kosovars. Encore une démonstration de l’absurdité cynique et meurtrière des stratèges militaires.

La guerre d’en haut, c’est pratique pour ignorer les horreurs d’en bas.
C’est la guerre virtuelle. On se plante sur l’objectif, des civils sont tués. Et l’Alliance ? La "Sainte Alliance" est vraiment désolée. Mais quel est l’effet de ces excuses sur ceux et celles qui subissent dans leur corps ces "dommages collatéraux" ?

Cela amène encore d’autres questions : en quoi les civils sont-ils responsables des décisions de Milosevic ?
Quelle est leur part dans les décisions du régime ?
Quelle peut être la révolte des Serbes sous les bombes, sinon d’abord contre ceux qui envoient les bombes ?
Comment avaler que la CIA, par exemple, n’ait pu destabiliser ce régime serbe quand on sait ce qu’elle a réussit en Amérique latine en matière de renversement de régime et de coups d’État ?

On ne va pas encore nous refaire le coup de la quatrième armée du monde comme pendant la guerre du Golfe.
Les enfants qui meurent chaque jour en Irak à cause de l’embargo imposé au pays par les Occidentaux depuis maintenant neuf ans, sont-ils aussi responsables ? Ils sont nés là et c’est tout. Les dirigeants comme les militaires s’en foutent, les populations civiles ne comptent pour rien.
Et voilà qu’on reparle de moralisation de la guerre ! Et ça marche !

Et les réfugiés kosovars sur lesquels tout le monde gémit, mais que les pays de l’Alliance n’acceptent que sous des conditions drastiques, officieusement données aux HCR… : pas de malades, pas de séropositifs, pas de vieux, que des gens de passage qu’on accueille pour la belle image ! En France, la terre d’accueil met des drôles de bémols à ses élans humanitaires, et dans les lieux où les réfugiés résident, cela n’est guère plus reluisant.

Dans la série, le Kosovo et les manipulations médiatico-guerrières toujours très prisées, l’article de Noam Chomsky dans le Monde diplomatique du mois de mai, apporte un autre son de cloche. En tous cas pas celui, très "pensée unique" distillé en général par les médias. Les origines des conflits dans la région des Balkans et les stratégies de la politique étrangère nord-américaine.

Les divisions ethniques qui ont permis d’éclater la fédération yougoslave pour arriver à ces petites principautés sans pouvoir, finalement qui en profite ? Certainement pas les populations de la région. Quels sont les véritables enjeux économiques pour l’intégration des Balkans dans le nouvel ordre mondial ? Et les enjeux politiques ? Il est certain qu’une fédération européenne indépendante, cela ne va pas dans le sens de la mondialisation.
Alors vive la démocratie et le capitalisme intégré ?!

Autre point important : la reconstruction des Balkans est une affaire juteuse. Un nouveau plan Marshall et les grandes institutions monétaires internationales sont gagnantes à tous les coups : reconstruction après le démantèlement des Balkans sans oublier l’endettement des pays pour de longues années. Autrement dit, l’assurance de l’intégration au nouvel ordre économique mondial.

Jean-Pierre Garnier donne à un article non encore publié un titre révélateur : Avantages colatéraux. Il y propose un bréviaire de la guerre et souligne que les "dommages colatéraux" ne sont pas dommageables pour tout le monde.
Les intérêts de la coalition des 19 puissances permettent de craindre toutes les formes de provocation, par exemple des bombardements par des soi-disant avions serbes des camps de réfugiés en Albanie…

Il est en tous cas certain que la manipulation ne profite ni aux réfugiés kosovars ni aux Serbes bombardés. Alors à qui ?
Et pendant ce temps la désinformation bat son plein !