Chroniques rebelles
Slogan du site
Descriptif du site
Sexe, occupation militaire et violence contre les femmes en Israël ou le foyer comme terrain de bataille. (2)
Simona Sharoni
Article mis en ligne le 16 mars 2008
dernière modification le 18 mars 2008

par CP

Chaque femme est un territoire occupé

Ils nous bombardent

Ils tirent salve après salve

Dirigeant contre nous

Mitrailles et fusils.

Nurit,

J’ai encerclé le troisième bataillon,

Maintenant je veux

T’encercler [1].

Dans ce poème “d’amour”, le discours érotico-héroïque est parsemé de métaphores guerrières mêlées à des expressions d’amour et de désir, de violence et de sexe. Les femmes, comme des ennemies, doivent être conquises et occupées par les héros israéliens. [2]

Ce poème illustre la perversité des relations amoureuses qui prédomine dans l’imaginaire social israélien. Cette contiguïté du désir et de la violence transparaît clairement en hébreu. Par exemple, le mot kibush, est employé pour décrire à la fois la conquête d’une cible militaire et celle du cœur d’une femme, comme pour faire allusion à l’occupation militaire des territoires. Dans cet esprit, on donne souvent des noms féminins aux places fortes et aux cibles stratégiques durant les exercices d’entraînement militaire. Il devient alors logique de protéger contre “l’ennemi” ces places et cibles militaires ainsi baptisées. Les hommes se battent pour occuper et protéger.
En d’autres termes, les soldats israéliens sont dans l’obligation constante de prouver qu’ils sont prêts à sacrifier leur vie au front. Et les femmes israéliennes n’ont d’autre choix que de “sacrifier” leur vie, leur liberté et leur indépendance au foyer. Le corps, les cœur et l’identité de la femme israélienne est conquis, “occupé” et objectivé. En hébreu, le mot courant pour époux est baal qui signifie également “propriétaire” ou “avoir une relation sexuelle”. Dans ce cas, comme dans beaucoup d’autres, le langage reflète la relation des sexes et la politique culturelle israélienne : les femmes sont perçues comme la propriété de leur mari. Et puisque la loyauté à l’État est prioritaire pour les Israéliens, leur propriété “privée” et “leur” femme lui appartiennent. Les femmes juives israéliennes ont ainsi souvent été “recrutées” pour participer à la “guerre démographique” et donner naissance à de nombreux enfants.

Depuis le début des années 1950, Israël utilise le mythe de la nation en état de siège pour sa propagande de “guerre démographique”. David Ben Gourion a même instauré la fertilité de la femme en enjeu et devoir national : “Augmenter la natalité juive est un besoin vital pour l’existence d’Israël, et une femme juive qui ne met pas au moins quatre enfants au monde trahit sa mission [3].” Dans les années 1980, le vieux mythe est adapté à l’agenda politique du moment. Le “Efrat Committee for the Encouragement of Higher Birth Rates” (Comité pour encourager une plus forte natalité) lie le débat sur l’avortement à la “guerre démographique”, transformant les corps des femmes en champs de bataille nationaux. En adoptant la rhétorique religieuse des groupes anti-IVG, le Comité Efrat lance un appel aux femmes juives et souligne leur devoir national : à savoir faire des enfants pour remplacer les enfants juifs tués par les nazis.

Un exemple extrême de la mise en pratique de cette propagande prend forme avec la suggestion d’un conseiller du ministère de la Santé, Haim Sadan, qui propose que chaque femme juive visionne un montage d’images montrant des fœtus morts dans les ordures et des enfants juifs morts dans les camps de concentration. Cet exemple, bien que difficile à croire, n’est pas unique. L’Holocauste est utilisé par l’État et ses principales institutions à des fins politiques et pour marquer les frontières entre une femme et un homme dans un État juif.

Le fondateur du parti néo-fasciste Tehiya, Geula Cohen, qui n’est guère représentatif de la société israélienne, est crédible quand il se lance dans une rhétorique sur la virilitité militarisée et profite de ce discours pour rappeler à la femme israélienne ses devoirs nationaux : “La femme israélienne est une épouse et une mère, c’est pourquoi il est dans sa nature d’être un soldat, une épouse de soldat, une sœur de soldat, une grand-mère de soldat. C’est son devoir de réserve. Elle est en perpétuel service militaire [4].” En d’autres termes, les femmes israéliennes doivent épouser les comportements patriotiques au sujet de la “sécurité nationale” et se conformer aux modèles de “mère” et d’“épouse” à travers une affiliation au mâle-soldat pour gagner leur place au sein de la collectivité israélienne. Dans ce contexte, certains en arrivent à déclarer, comme cet ancien membre de la Knesset, Maesha Freedman, que la libération de la femme est une menace pour la “sécurité nationale” d’Israël.

Outre leur “devoir de réserve”, les Israéliennes ont un choix restreint en ce qui concerne leur identité, située entre le soldat israélien et la mère patrie. En hébreu, moledet (féminin), signifie patrie et dérive du verbe “donner la vie”. La culture populaire israélienne transforme d’ailleurs la patrie en mère patrie, les hommes étant dépeints comme les fils retournant au foyer, vers la chaleur, l’amour et le soutien de leur mère. Mais ces mêmes hommes sont aussi élevés dans l’acceptation du sacrifice de leur vie pour la patrie, comme s’agissant d’un devoir national et d’un honneur. Le narratif du sacrifice héroïque se constitue depuis la petite enfance grâce aux mythes comme Masada et Tel Hai, et devient le principal critère pour mesurer la loyauté à l’État et à son idéologie [5]. Ce complexe érotico-patriotique donne une idée de la politique dominante au front comme dans les foyers. Par exemple, les funérailles des soldats israéliens habituellement retransmises à la télévision et sur les radios sont utilisées politiquement pour conforter les mères en pleurs et leur recommander d’élever des fils dans l’idée du sacrifice ultime pour la patrie.

En somme, l’institutionalisation du rôle de la femme juive israélienne en tant que gardienne d’une nation de soldats est communément admise dans les interprétations courantes du conflit arabo-israélien. En d’autres termes, le “recrutement” des organes de reproduction des femmes israéliennes au service de l’État dépend du mythe d’Israël en état de siège, prétexte à certaines stratégies politiques, dont la “guerre démographique”. L’utilisation de l’Holocauste dans les campagnes anti-IVG n’est pas exceptionnelle. Cela permet à l’État de justifier des positions politiques difficiles, des campagnes militaires, des politiques racistes et sexistes comme la “guerre démographique” et joue aussi un rôle essentiel dans la construction de la masculinité israélienne. Les hommes israéliens sont ainsi assignés à la tâche “sacrée” de protéger les femmes et les enfants au “foyer”. Les politiques ont joué de cette idée de protection ancrée dans les mentalités pour faire accepter les campagnes militaires israéliennes, par exemple l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza.

L’occupation militaire et ses implications sur la vie des femmes

Dans les mains brunes des femmes de la région, des fourches,

des clous, clous,

rouille, rouille sur les bords

et un long manche de bois

destiné à percer et arracher

la chair de nos visages.

Nos femmes,

s’épilent les sourcils [6].

Ce poème montre l’articulation du discours sexiste, raciste et militarisé. Trois distinctions particulières sont en présence : celle qui distingue les hommes des femmes ; celle qui différencie “nous”, les patriotes, et “eux”, l’ennemi ; et enfin celle qui sépare “nos” femmes de “leurs” femmes. La référence des soldats à “leur” femme se juxtapose à leur perception orientaliste stéréotypée de la femme arabe [7]. L’évocation des femmes arabes en tant qu’“ennemies” dédouane par avance des violences à leur encontre malgré l’image protectrice de l’armée israélienne vis-à-vis des femmes et des enfants [8]. Cependant, si l’on constate que zayin, en hébreu, s’emploie pour pénis et arme, terme générique, on comprend que les femmes soient devenues les cibles des violences sexuelles dans les territoires occupés. Comme le souligne Susan Brownmiller :
La découverte par l’homme que son sexe peut servir d’arme et susciter la crainte est certainement l’une des plus grandes découvertes des temps préhistoriques… Depuis les temps préhistoriques jusqu’à nos jours… le viol a une fonction importante. C’est un processus conscient d’intimidation par lequel tout homme garde toute femme dans un état de crainte [9].”

Le viol et la violence sexuelle montrent que pour beaucoup de militaires,
la distinction s’estompe entre prendre une vie humaine et autres formes
de violence interdites, et le viol qui devient alors le produit malheureux mais inévitable d’un jeu nécessaire nommé guerre
 [10].”
Or, vivre sous occupation militaire c’est vivre dans un état de guerre permanente, exposés à la violence et sans espoir de cessez-le-feu. Les Palestiniens vivent l’oppression et la violence de l’occupation militaire depuis 1967 et ce n’est que depuis le soulèvement des Palestiniens des territoires, en décembre 1987, que les conditions insupportables de cette situation ont été révélées à l’opinion publique israélienne. Depuis le début de l’Intifada, les organisations de femmes pour les prisonnières politiques, de Tel Aviv et de Jérusalem, ont reçu de nombreuses plaintes de violences sexuelles commises par les forces militaires israéliennes dans les territoires occupés contre des Palestiniennes. De tels incidents interviennent non seulement pendant les interrogatoires, mais sont aussi perpétrés par les patrouilles comme une forme de répression.

Un cas exemplaire, celui de Fatma Abu-Bakra, originaire de Gaza et âgée de 36 ans. Arrêtée en novembre 1986, Fatma décrit l’humiliation et les abus sexuels qu’elle a subis lors d’interrogatoires par les services de sécurité israéliens. L’un des enquêteurs procédait à des attouchements du visage et de la poitrine pendant qu’un autre lui montrait la photo d’un homme nu, le représentant à ses dires. Ils l’ont ensuite dévêtue en la menaçant de viol. Fatma se plaindra de sévices à son avocat, mais n’acceptera de faire un témoignage détaillé sur les abus sexuels que plus tard, auprès d’une avocate. Elle y décrit tous les incidents de sa détention. Enfermée par l’un des enquêteurs dans une pièce, sans la présence d’une enquêtrice (ce qui est non réglementaire), elle a été contrainte de s’asseoir dans un coin, face à cet homme de manière à avoir la tête placée entre les jambes de l’enquêteur pendant que celui-ci la caressait et tenait des propos salaces, la menaçant de viol, jusqu’à l’éjaculation.

Ce témoignage sera enregistré le 22 novembre 1988 par un juge militaire, au cours d’une audience préalable au procès concernant l’enquête sur l’obtention des aveux de Fatma par harcèlement et abus sexuels. Au printemps 1989, l’avant-procès [11] eut lieu, mais la plainte fut retirée au cours de la procédure. Sous la pression, Fatma avait accepté de ne pas poursuivre les militaires et leurs méthodes d’interrogatoire en échange de la promesse d’une sentence de prison ne dépassant pas 5 ans. Fatma sera néanmoins condamnée à 7 ans de prison en juin 1989. Elle fera appel et la peine sera réduite à 6 ans. Les autorités israéliennes déclareront ensuite, au vu du dossier incomplet, que Fatma n’avait souffert d’aucune torture ou abus sexuel pendant l’interrogatoire et les minutes du procès seront classées. L’avocate de Fatma fera alors appel devant la Haute Cour de Justice, revendiquant le droit de publier les minutes du procès. Les autorités décideront alors d’accorder une remise de peine d’un an à Fatma Abu-Bakra afin que la plainte soit retirée. Fatima Abu-Bakra sera libérée le 26 novembre 1991 [12]. Le régime israélien, patriarcal et militarisé, avait à nouveau prouvé sa supériorité.

La guerre [et l’occupation militaire] procurent aux hommes une ambiance psychologique parfaite pour donner forme au mépris qu’ils ont pour les femmes. L’esprit mâle du militaire — la puissance brute des armes, l’autorité et la soumission propres à la machine militaire, la logique primaire de la hiérarchie — renforce la conception des hommes selon laquelle les femmes sont des êtres secondaires et des spectatrices passives du monde actif [13].”

Depuis l’Intifada, de nombreuses Israéliennes débordent le rôle qui leur est assigné dans la politique culturelle israélienne. Le soulèvement n’a pas cassé le silence de la société israélienne en général ni entamé le refus de se confronter à la réalité, mais il a représenté un tournant crucial dans la prise de conscience politique des femmes. Pour la première fois dans l’histoire d’Israël, des femmes se sont organisées et ont pris clairement position contre l’occupation et les brutalités des soldats israéliens contre des civils palestiniens en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza. De nouveaux groupes de femmes tels que Femmes en noir, Femmes pour les prisonnières politiques, Shani-Femmes contre l’occupation, ont émergé, permettant aux femmes de sortir de leur rôle social périphérique.Voir Naomi Chazan, “Israeli Women and Peace Activismin Barbara Swirski et Marilyn P. Safir, Calling the Equality Bluff : Women in Israel, 1991, New York, Pergamon Press, p. 152-161 ; Yvonne Deutsch, “Israel Women : From Protest to a Culture of Peace in Deena Hurwitz, Walking the Red Line : Israelis in Search of Justice for Palestine, 1992, Philadelphia, New Society Publishers ; Simona Sharoni, “Silenced by War”, New Directions for Women, vol. 20, numéro 3, mai-juin.

Les interventions politiques des femmes sont toutefois loin d’être acceptées par la plupart des Israéliens. Les Femmes en noir [14] sont devenues la cible favorite de violences physiques et verbales, toujours accompagnées d’allusions sexuelles. Les Israéliens comprennent rarement ce qui peut motiver des femmes à protester chaque semaine et depuis des années contre l’occupation. “Putains d’Arafat”, “maîtresses d’Arabes” sont les insultes habituelles et reflètent cette culture du militarisme et du sexisme qui les a formés. Les plus “raffinés” prétendent que les Femmes en noir sont poussées par la frustration sexuelle et proposent leur “arme”" (pénis en hébreu) pour guérir cette “maladie de la protestation”. (Si seule la frustration sexuelle motivait ces femmes à protester dans tout le pays, ils n’auraient guère de raison de se montrer fiers et, comme le suggère la Bible, ils “devraient transformer leurs armes en charrues”). Pour les Femmes en noir, le lien entre militarisme et sexisme n’est pas abstrait, mais fait partie de la lutte hebdomadaire pour dire leur désaccord contre l’occupation militaire.

L’image de l’occupant brutal qui exerce une violence quotidienne contre les femmes et les enfants palestiniens et ramène cette violence chez lui, auprès de sa famille et de ses amis, ne colle pas avec l’image du brave soldat israélien placé devant l’obligation de se battre pour protéger les femmes et les enfants. Lentement, le message atteint les esprits. Les schémas de comportement de l’armée israélienne envers les Palestiniens des territoires occupés font partie de la culture courante, du sexisme non controversé, de la violence et de l’oppression ; et les citoyens israéliens y sont confrontés dans les rues israéliennes et dans leurs propres maisons. Les féministes et les activistes israéliens considèrent que la structuration de la masculinité israélienne est liée au climat politique de militarisation d’Israël et de la région. De nombreuses militantes pour la paix soulignent que l’institutionnalisation de la “sécurité nationale”, priorité absolue en Israël, contribue aux inégalités sexuelles d’une part, et légitime la violence contre les Palestiniens et les femmes d’autre part.

Les meurtres d’Amal Muhammad Hasin et d’Einav Rogel commis par Gilad Shemen sont un symptôme du lien puissant entre militarisme et sexisme ; les abus sexuels et la violence utilisés contre les prisonnières politiques palestiniennes sont une autre manifestation de cette relation. La majorité de la société israélienne semble néanmoins ignorer le lien entre militarisme et sexisme, de même que le rapport entre les pratiques violentes des soldats israéliens contre les Palestiniens des territoires occupés et l’accroissement de la violence masculine contre les femmes en Israël.
Gabi Nizan est l’un des rares observateurs à avoir tenté de resituer les deux meurtres dans un contexte socio-politique. Dans Hadashot, journal israélien à gros tirage, il fera ce constat : “Dans un pays en paix, Einav Rogel et Amal Muhammad Hasin auraient pu être des amies. Sans guerre, Gilad Shemen aurait pu être leur ami. Mais dans notre société, Shemen les a rencontrées avec une arme à la main. C’est très normal pour un Israélien de son âge et c’est normal qu’un pistolet tire. C’est à cela que les armes servent.

Gilad Shemen a sans doute, depuis, été envoyé dans un hôpital psychiatrique et non en prison. D’autres, comme lui, se serviront de la violence comme d’un moyen légitime pour régler les problèmes. Pourtant les secteurs les plus libéraux de la société israélienne hésitent encore à lier publiquement l’utilisation de la violence et de l’oppression contre les Palestiniens avec l’augmentation de la violence contre les femmes israéliennes au “foyer”. L’accroissement considérable de la violence contre les femmes, et notamment des meurtres, soulève bien des questions en ce qui concerne le contexte socio-politique qui favorise cette situation. Quel est, par exemple, l’effet de la guerre du Golfe sur l’image de l’homme et de l’identité nationale des hommes israéliens et, par voie de conséquence, sur l’augmentation de la vulnérabilité des femmes israéliennes ?

La guerre du Golfe est le premier conflit dans lequel les Israéliens ne se sont engagés. Les hommes sont restés au “foyer”, confrontés aux craintes de la famille et à leur propre vulnérabilité, enfermé dans une pièce. L’image du soldat israélien, invincible et prêt à protéger femmes et enfants à n’importe quel prix, a été sérieusement entamée. Les hommes israéliens se sont sentis mal à l’aise dans ce rôle et beaucoup ont employé le mot “impotent” pour décrire leur situation. Impossible d’exprimer leur violence contre les Arabes malgré leur conditionnement. Ils ont pris conscience de la frontière entre le “front” et le “foyer”, dans leur esprit. Les Israéliens ont “soigné” leur sentiment “d’impuissance” et le sevrage de cette appréhension excitante du champ de bataille en projetant leur agressivité sur les femmes.

Le lien entre l’oppression des femmes et l’oppression des Palestiniens est généralement écarté. L’isolement d’un système de domination réduit les risques de remise en question du pouvoir établi. Les Israéliens qui, sur ordre de l’État, pratiquent la violence à l’encontre des hommes et des femmes palestiniens dans les “territoires occupés”, traitent les femmes israéliennes comme leurs “territoires occupés”. Les meurtres d’Amal Muhammad Hasin et d’Einav Rogel par le même homme en uniforme ne sont pas une coïncidence tragique, mais la routine, un événement à part entière du conflit israélo-palestinien. Dans une situation où chaque homme est soldat, chaque femme devient un territoire occupé.

(Traduction Christiane Passevant)

Cet article est paru dans État démocratique ou État confessionnel ? Autour du conflit Israël/Palestine, L’Homme et la société n°114, 1994/4.