Chroniques rebelles
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Samedi 24 mai 2008
Mai 68. Sous les pavés la répression (Cherche midi), Portrait physique et mental du policier ordinaire (Après la lune), Les Mercenaires de la République (éditions du Monde libertaire).
3 livres de Maurice RAJSFUS
Article mis en ligne le 28 mai 2008
dernière modification le 14 juillet 2008

par CP

« Quel est le contraire du policier ? Le bandit ? Non, car l’ordre et le désordre sont toujours dans les mêmes mains ! »

Avez-vous déjà fait cette mauvaise blague en répondant au téléphone :
« Vous avez demandé la police, ne quittez pas. » Une fois sur deux au moins, la personne raccroche brusquement. Et ne croyez pas qu’elle ait quelque chose à se reprocher, non c’est tout simplement la trouille de la police. La police, instinctivement, inspire une crainte de la brutalité, de la suspicion, et du « mur » d’incompréhension que ces « représentants de l’ordre » symbolisent. Les « gardiens de la paix » sont, dans la réalité,
les gardiens de l’État, les gardiens de l’arbitraire, les défenseurs des nantis,
les surveillants de l’ordre et les ennemis d’un peuple entier de suspects !
Ce sont les « mercenaires au service de l’État » !

S’ils inspirent la crainte en général, c’est bien pire pour les sans-papiers,
les Roms ou les immigrés. Pour les sans-papiers, pour les précaires, ils représentent la terreur.
Le racisme, la xénophobie des « forces de l’ordre » n’ont pas de limite à l’égard des « étrangers indésirables », des immigrés…
Tous coupables, tous délinquants, des terroristes… à maltraiter !
Les ordres viennent d’« en haut », qu’il s’agisse de faire du chiffre ou de se défouler.

Intervention des CRS à l’université de Lille contre des sans-papiers. Un témoin raconte : « Rachid a reçu un violent coup sur la nuque par un CRS au moment où, perdant connaissance, il tombait à terre. Une fois à terre, les CRS l’ont roué de coups de pied. Il est aux soins intensifs. »
*Article 7, extrait du code de déontologie de la police nationale : « Placé au service du public, le fonctionnaire de police se comporte envers celui-ci d’une manière exemplaire. Il a le respect absolu des personnes… » Ce document est remis à chaque fonctionnaire de police à la prise de ses fonctions.

Aéroport d’Orly. «  Ahmed refuse d’accompagner les policiers. Il est frappé, un officier donnant l’exemple en lui envoyant une grande gifle, avant de le tirer par les cheveux. Arrivent des renforts. On retire les chaussures de la victime, puis son pantalon. Ensuite Ahmed reçoit des coups sur la tête.
Tandis qu’un policier tente de l’étrangler, un autre lui écrase la main gauche en serrant les menottes, pendant qu’un collègue lui donne des coups de pied dans les tibias, tout en lui écrasant les testicules. Cet homme, traité comme un criminel, sera hospitalisé durant treize jours à l’hôpital Dieu, où il sera intubé ayant des difficultés à se nourrir.
 »
*Article 10 du code de déontologie de la police nationale : « Toute
personne appréhendée, placée sous la responsabilité et la protection de la police, ne doit subir, de la part des fonctionnaires de police ou de tiers,
aucune violence ni aucun traitement inhumain ou dégradant
 ».
On peut apprécier le décalage dramatique entre la théorie et la pratique.

Les rafles et les camps reviennent pour faire la chasse aux illégaux : on arrête les « étrangers indésirables » à la sortie du travail, des écoles, des hôpitaux…

Les rafles de sinistres mémoire durant l’Occupation nazie ou pendant la guerre d’Algérie sont-elles de retour ?
Le délit de « sale gueule », lui, n’a jamais cessé, il s’intensifie encore
contre les « immigrés visibles », autre expression aussi cynique et inacceptable qu’« immigration choisie ».

La peur permet tous les abus et les forces de l’ordre se croient tout permis : jusqu’aux enfants et aux bébés qui sont placés en centre de rétention, séparés de leurs parents. Les personnes y sont incarcérées dans des conditions inhumaines et dégradantes, elles sont poussées au suicide…

Depuis le constat d’une escalade de la répression et de la « mise au pas » de la société fait par Maurice Rajsfus dans Mai 68. Sous les pavés, la répression (mars 1968-mars 1974) , jusqu’à aujourd’hui, dans les Mercenaires de la République , des questions sont récurrentes : le comportement de la police a-t-il changé ?

A-t-il évolué vis-à-vis des précaires ? Les lois, les circulaires récentes
semblent donner à la police encore plus de pouvoir pour sévir et exercer
son arbitraire sur une population précaire, ou plus exposée, comme les
sans-papiers. Et comment résister contre cette dérive sécuritaire ?
S’il n’y a pas de Patriot Act en France, il y a des circulaires, des lois, des déclarations politiques qui demandent vigilance et résistance. Et l’on sait depuis longtemps que les États-Unis servent souvent de modèle pour ce qui existe de pire outre-Atlantique…

Aujourd’hui…

« Le gouvernement veut imposer aux citoyens une carte électronique d’identité à éléments biométriques. Sans nécessité, il étend ainsi au niveau national
des décisions européennes liberticides qu’il a par ailleurs fortement contribué
à faire adopter. Le projet est présenté comme une parade aux fraudes et aux entreprises terroristes, tout en servant de « vide-poche » pour y placer, à sa guise, code de carte bancaire, numéro fiscal, codes d’accès à des services Internet... En réalité, ce projet prévoit de constituer un fichier de police à l’échelle du pays et de toute la population, comportant les données biométriques de chaque citoyen, avec l’indication de son domicile, sur des puces lisibles sans contact, c’est-à-dire à l’insu des personnes.

Titre d’identité et déclaration de domiciliation obligatoires : du jamais vu depuis la Libération ! La mise en oeuvre de ce projet vise en fait à faciliter les contrôles policiers de toute nature. Les éléments biométriques d’identification, inclus sous forme numérisée et conservés dans un fichier unique national, faciliteront tous les croisements d’information. La numérisation de ces éléments, alliée à la prolifération des dispositifs de surveillance, décuplera les possibilités d’identification policière et de traçage des citoyens. Dans un contexte de prolifération du fichage et d’impuissance des organismes de contrôle, la création d¹un nouveau fichier qui inclura toute la population française ne peut que faire frémir. »

Que fait la police ? – Bulletin d’information anti-autoritaire – numéro 19 - Avril 2008 Editorial de Maurice Rajfus : Sarkozy 1er. Le dernier numéro de Que fait la police ? est disponible en ligne sur

http://quefaitlapolice.samizdat.net/ ?p=236

L’ensemble des numéros en ligne est disponible sur

http://quefaitlapolice.samizdat.net