Chroniques rebelles
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Cinéma : Amos Gitaï. Théâtre : Christ sans hache de Philippe Dorin
samedi 13 janvier 2007
Article mis en ligne le 15 octobre 2008

par CP

Amos Gitaï au Festival du film méditerranéen de Montpellier.

Christ sans hache
de Philippe Dorin
Au TEP, théâtre de l’Est parisien
159 avenue Gambetta, 75020

L’œuvre d’Amos Gitaï se situe à plusieurs niveaux de compréhension, souvent au-delà de la situation au Moyen-Orient. Son travail documentaire illustre à la fois rigueur, volonté de comprendre et refus des amalgames.
La trilogie sur la maison palestinienne, House (1980) aborde l’histoire des réfugié-e-s, Une Maison à Jérusalem poursuit la réflexion en 1998, et, enfin, News from House, News from Home achève en quelque sorte la recherche des réalités évoquées dans les trois films, à travers la maison, ses habitants et leur histoire.

House a été censuré en 1980. Le film touche à un tabou, celui du territoire.
La loi de 1948, dite « Absentee properties », stipulait qu’« à partir du moment où les habitants s’étaient absentés en 1948 [pendant 3 jours], leurs maisons ou leurs terrains devenaient propriétés de l’État. » Cette « loi provisoire avec arrière-pensée politique » comme le dit Amos Gitaï, faisait de toutes ces propriétés palestiniennes la propriété de l’État israélien, et cela jusqu’à un règlement hypothétique du conflit. Les propriétés saisies étaient prêtées ou louées par le gouvernement jusqu’en 1977, et ensuite certaines furent vendues par le gouvernement Begin.

Dans le film House , Amos Gitaï recherche le propriétaire palestinien de la maison. Une tâche difficile car le nom est masqué par le tampon dans les registres. Il réussit cependant à retrouver le père, qui a habité la maison avant 1948, et prend contact avec plusieurs membres de la famille Dajani.
House est un microcosme de toutes les tensions et c’est le «  film du commencement » de l’œuvre critique d’Amos Gitaï.

La trilogie de la maison est le même film en trois chapitres : la rencontre et le constat avec House, la complexité et la vision élargie dans Une maison à Jérusalem , et enfin la vision des problèmes bien au-delà de la maison avec News from House, News from Home .

L’interview d’Amos Gitaï a été faite à Montpellier, lors du 28e festival du cinéma méditerranéen, en compagnie de deux journalistes du Midi Libre, et dans des circonstances assez bruyantes.. Amos Gitaï était à Montpellier pour présenter News from House, News from Home.

Amos Gitaï : Il y a maintenant des trilogies documentaires achevées — Wadi et House — et après cette série de documentaires, la question se pose : est-ce que d’un nouveau chapitre, il sortira quelque chose d’intéressant ? Ce n’est pas angoissant, mais en me disant « voilà je vais faire un nouveau chapitre de House », je ne peux éviter la question : est-ce que le film sera aussi fort que les précédents ?

Dans ces deux trilogies, j’ai été chaque fois étonné par la qualité humaine des personnes qui, sorties de leur enclave, ont une vision beaucoup plus large de cette région et de son histoire. D’une certaine manière, je dirai que c’est mon conseil des sages. Souvent on est déçu par le niveau des hommes politiques de la région, mais dans ces films, les intervenant-e-s — d’origine différentes — font preuve de sagesse populaire et sont à mes yeux très émouvants-e-s.
Il est vrai que pour chaque projet film — qu’il s’agisse de documentaire ou de fiction — se pose la question des héros et il faut la confronter, la résoudre formellement, thématiquement. Pour revenir à ces films, j’étais content de revisiter les lieux et les personnes, mais je me demandais ce que cela produirait comme film.

(Lire la suite de l’entretien in Divergences de mars 2007).

Christ sans hache de Philippe Dorin

Au TEP, théâtre de l’Est parisien

159 avenue Gambetta, 75020

Le metteur scène, Michel Froehly, écrit : « Nous ne sommes pas des clients, comme le désirent certains. » J’ajouterai comme le désirent beaucoup de faiseurs de mode et de médias, puisque l’air du temps est au marché forcené.

Marché du travail, marché des gens, marché de l’auditoire, marché de l’art, marché de la création et j’en passe…

Bref cette pièce, ce spectacle, ce divertissement — comment l’appeler ? — ce « divertissement » au sens large et chaleureux du terme est un moment entre parenthèses, un plaisir et une découverte.

Surprenant et jouissif, Christ sans hache de Philippe Dorin est une « ronde des démunis, mais qui ont de l’espoir ».

On essaiera, avec les protagonistes, de vous raconter l’histoire, les chansons — non ce n’est pas une comédie musicale, quoique… — et d’aborder la philosophie de Christ sans hache, mais ça va pas être facile.

Parce que « Comment l’on ne saura jamais si le juste ou l’injuste sont justes ou injustes » et « Comment faire quand même, quand on a plus, ou peu de moyens. »

Quelle histoire ! Et en plus la pièce est tombée par terre.

La pièce commence…

Insultes, invectives, l’homme est ivre.

Le créateur : « Dans le jardin, il y a les fleurs, dans la cour il y a les couronnes, sur la scène il y a le cadavre. »
Françoise Hardy, le refus de jouer Françoise Hardy et l’assassinat.

L’assassin, le mécanicien :

— Tenez-vous là, écartez les bras !

— Seigneur !

Le créateur : «  Putain merde, on vouvoie les gens, on ne les tue pas ! »

Musique…