Chroniques rebelles
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Le Retour des camps ? Sangatte, Lampedusa, Guantanamo…
Ouvrage collectif dirigé par Olivier Le Cour Grandmaison, Gilles Lhuilier et Jérôme Valluy (Autrement, 2007)
Article mis en ligne le 16 décembre 2007

par CP

1939. Dès septembre, une « loi des suspects » permet l’arrestation des antinazis et des antifascistes. Les camps d’internement prolifèrent. 350 000 réfugiés espagnols fuyant la répression franquiste sont détenus dans ces camps d’internement en France. La politique est de « débarrasser notre pays des éléments indésirables » et les enfermer dans des « centres spécialisés ». Ce sera ensuite le tour des opposants politiques, des démobilisés, puis des Tsiganes et des juifs.

Et aujourd’hui ? « L’étranger qui arrive en France par la voie ferroviaire, maritime ou aérienne et qui, soit n’est pas autorisé à entrer sur le territoire français, soit demande son admission au titre de l’asile, peut être maintenu dans une zone d’attente… » où les droits fondamentaux sont ignorés et, « Bien que n’étant pas un délinquant, la personne “maintenue” dispose de moins de droits que le détenu emprisonné.

« Les textes législatifs et réglementaires pris contre des “hommes” et des “femmes” qui comptent parmi les “plus pauvres du monde” se sont multipliés en raison de l’adoption de dispositions nouvelles toujours plus restrictives, destinées à prémunir la France contre leur arrivée et leur présence, réputées dangereuses sur le plan économique, social et politique. […] Presque tous les gouvernements, de droite ou de gauche, ont, quelles que soient les raisons invoquées […], jugé nécessaire, voire indispensable, de légiférer dans l’urgence en matière de “gestion des flux migratoires ” ». Légiférer en matière de “gestion des flux migratoires ”, une formule déshumanisée dont les discours officiels et les bureaucrates sont prolixes.
Car il faut déshumaniser l’autre pour parquer des êtres humains dans des camps ou les déporter dans le désert — des hommes, des femmes, des enfants et des blessés abandonnés sans soins. Ou bien encore les abattre aux grilles de Ceuta et de Mellila.

Si, « Avec Sangatte, l’opinion publique française a pris conscience de la présence sur le territoire français de camps d’un autre type, liés aux politiques migratoires. Il lui reste beaucoup à découvrir sur des camps plus ordinaires que sont les “centres de rétention administrative” (CRA), dans lesquels on place les étrangers sans papiers en vue de leur expulsion. »
C’est de cela que traite cet ouvrage collectif, Le Retour des camps ? Sangatte, Lampedusa, Guantanamo… qui pousse plus loin la réflexion sur la nature même du droit et de ses dérives possibles. Derrière les formules, les arguments électoraux fondés sur la peur, les « on ne peut pas aider tout le monde » ou «  on n’est pas responsable de la misère du monde », avec l’idéologie sécuritaire et l’individualisme institué en principe, se profile une société et un système qui font froid dans le dos.

Le Retour des camps ? Sangatte, Lampedusa, Guantanamo…
« Aujourd’hui, le camp est l’instrument d’une véritable politique d’exception institutionnalisée » Aujourd’hui, ce sont les immigré-e-s, les sans-papiers, les demandeurs d’asile qui sont visés… Et demain, ce sera qui ?