Chroniques rebelles
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L’intellectuel, l’État et la révolution. Essais sur le communisme chinois et le socialisme réel de Roland Lew (L’Harmattan)
Samedi 31 janvier 1998
Article mis en ligne le 14 décembre 2008

par CP

La Chine est-elle à la veille de grands changements ? La crise financière de l’Asie, le déclin des idéologies ne risquent-ils pas de provoquer une crise sans précédent ? Les manifestations, l’agitation sociale contre des conditions de travail de plus en dures et de plus en plus mal supportées dans un pays qui affiche un taux de croissance important, peuvent-elles déclencher une révolte contre ce régime légitimé politiquement par cette croissance qui paraît le but et la finalité de la société chinoise ? La démocratie-carotte n’est toujours pas brandie dans cette période de l’après-Deng Xiaoping et le Printemps de Pékin ou Beijing reste dans les mémoires.

Le XXe siècle en Chine a été marqué par des révolutions : la révolution de 1911, puis celle de Mao en 1949. Depuis l’Empire, les réactions à l’expansion occidentale, le capitalisme, le communisme marquent des transformations radicales de la société chinoise où le rôle de l’intellectuel a été majeur. Comprendre ce rôle des "intellectuels radicalisés" qui sont passés du “mandarin au militant”, c’est aussi se poser des questions sur l’État centralisé qui a été mis en place et sur “l’inertie” des populations. Qu’il s’agisse des ouvriers : "L’ouvrier se met facilement sous la tutelle des chefs socialistes qui sont le plus souvent des intellectuels, ou des bourgeois radicalisés qui ont leur propre vision du socialisme, leurs propres motivations, et tout simplement leurs propres intérêts." ou des paysans qui, au début du siècle, constituent la majorité de la population et dont les élites révolutionnaires ne tiennent pas vraiment compte.

L’industrialisation a-t-elle modifié les campagnes en rendant "homogènes […] les statuts sociaux à la ville et à la campagne" ? Le constat de Roland Lew est ironique : "Le socialisme, qui prenait la tête d’un courant prônant l’émancipation sociale du plus grand nombre, ne savait que faire de la majorité de la nation."

Mais, avant le communisme, le système en place a-t-il toujours été accepté ? La répression a-t-elle été efficace au point d’empêcher toute révolte spontanée ? Les théories libertaires ont-elles influencé les populations ou les intellectuels ? Quelles ont été les origines du communisme chinois et l’émergence du maoïsme ? Et le mouvement révolutionnaire, le socialisme, qu’a-t-il apporté aux populations ?

En guise d’ouverture de débat, on pourrait reprendre cette phrase de Roland lew dans L’Intellectuel, l’État et la révolution : "En dehors du courant anarchiste, le socialisme du XIXe siècle a toujours eu des penchants étatistes, même si dans la tradition marxiste le dépérissement de l’État devait se faire conjointement au dépérissement des rapports marchands et des classes dans la société postrévolutionnaire. Mais c’était un objectif plutôt lointain."