Chroniques rebelles
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Cinéma : Richard Prost
Samedi 10 janvier 2009
Article mis en ligne le 12 janvier 2009

par CP

En voyant les images des bombardements de Gaza — l’un des endroits les plus peuplés au monde —, me sont revenues en mémoire les images du bombardement de Guernica en 1937. C’était jour de marché et c’était une population civile qui était visée. Le bombardement de Guernica a marqué le début d’une stratégie de guerre effrayante, le choix de massacrer des civils.

Aujourd’hui les autorités israéliennes parlent de « tragédie » pour qualifier la mort de civils palestiniens, mais justifient la poursuite des bombardements par la présence du terrorisme. Et la punition collective, le massacre d’hommes, de femmes, d’enfants se poursuit dans l’indifférence générale des États, même si une résolution des Nations Unies « appelle » à l’arrêt des bombardements sous réserve du contrôle du passage de Rafah. Cela n’engage à rien. On sait ce qu’il en est des résolutions des Nations Unies concernant Israël, la résolution 242 par exemple qui demandait le retrait israélien des territoires occupés en 1967, lors de la guerre des six-jours. Le résultat de cette résolution, c’est le mur de séparation, c’est-à-dire encore plus de Palestiniens expropriés et la création de bantoustans en Cisjordanie. La lenteur diplomatique et la poursuite des massacres entérinent une situation catastrophique du deux poids deux mesures.

Les bombardements sur Gaza ont commencé à la sortie des écoles et, même si les bombes étaient destinées, selon les discours officiels aux « terroristes du Hamas » — formule consacrée par les militaires et les politiques israéliens —, il était évident que des civils, notamment des enfants seraient touchés. Quiconque est allé à Gaza ou a vu des reportages sur cette bande de terre, sait qu’il est impossible de se mettre à l’abri des bombes dans les camps de réfugié-e-s.

À Gaza, ce sont les mêmes images de désolation et d’horreur qu’à Guernica en 1937, la même mauvaise foi et le même cynisme de la part des États. Une commisération affectée au mieux, ou un mépris affiché de la vie des innocents.

« Gaza affamée. Gaza assiégée. Gaza bombardée ! » pouvait-on lire sur l’une des banderoles de la manifestation de samedi dernier, 3 janvier, ou sur une autre, « Encore combien de morts ? »
Depuis, le bilan s’est alourdi, les écoles de l’UNWRA ont été bombardées au prétexte que des batteries de combattants étaient installées sur les toits.

L’entrée des journalistes est interdite à Gaza pour cause de « sécurité », sauf pour ceux qui sont choisis et embarqués avec l’armée israélienne…

Quant à la population palestinienne, elle est prise au piège, sans refuge et sans possibilité de soigner les blessés. Et côté israélien, on blâme les victimes, pratique récurrente… Les accusations de terrorisme sont brandies à propos d’une population qui vit sous blocus depuis des mois, avec 80 % de chômage.

Il ne fallait pas élire le Hamas peut-on entendre… Comme en 1937, à Guernica, il ne fallait pas élire les républicains…

« Encore combien de morts ? » Gaza, Jenine, Sabra, Chatila… Combien de morts pour une paix juste au Moyen-Orient ? Pour l’autonomie de la population palestinienne ? Pour la liberté de circulation entre la Cisjordanie et la Bande de Gaza ? Pour l’arrêt du blocus ?

Les Palestinien-ne-s « dérangent » tout le monde par le simple fait de ne pas quitter leur région où les enjeux sont essentiels pour les puissances mondiales et le capitalisme.

Les libertaires espagnols, les anarchistes ont « dérangé » les États en 1936. L’élan libertaire, les collectivisations ont effrayé et la réponse a été le pacte de non agression face aux attaques fascistes que subissait l’Espagne libertaire et républicaine.

« Il fut un temps durant lequel le prolétariat espagnol a pris en main la production et la distribution, [un temps] durant lequel le capitalisme a disparu, de fait. » Trois années durant lesquelles le capitalisme a perdu son pouvoir.

C’est sur ce rappel de Federica Montseny que commence le premier des quatre films de Richard Prost — Un autre futur .

Quatre films, quatre parties de cette histoire libertaire espagnole. Quatre films qui sont un enseignement pour ceux et celles qui souhaitent un autre monde.

1/ «  Je demande la parole  » revient sur les origines de la CNT et les raisons de la Révolution sociale.

2/ «  Sous le signe libertaire  » décrit la Révolution sociale de 1936, puis la guerre d’Espagne.

3/ «  Il n’y a plus de fous  » relate la fin de la guerre et l’exil.

4/ Et enfin : «  Contre vents et marées  » où il est question de la Seconde Guerre mondiale, de la Résistance en France, de la libération de Paris, de la Résistance en Espagne jusqu’à la fin des années 1970.

N’oublions pas que ce qui s’est passé en Espagne, entre 1936 et 1939, est la preuve manifeste que le prolétariat peut changer le monde et peut initier un autre futur.

Richard Prost : cinéma et engagement

I. L’ESPAGNE EN ROUGE ET NOIR

50 ans après, l’histoire des anarcho-syndicalistes espagnols, qui menèrent une révolution autogestionnaire au coeur de la guerre civile.

Ce film est né de la volonté des vieux libertaires espagnols de reconstituer la mémoire collective de leur génération, et de nous en laisser témoignage. Dispersés par l’exil, affaiblis par l’âge, ils ont gardé une étonnante jeunesse lorsqu’il s’est agit de se lancer, une fois encore, dans une aventure commune.

À Barcelone en 1936, la révolution qu’ils faisaient, ils l’ont filmée.

Aujourd’hui, ils donnent à voir ces images lyriques arrachées au temps et aux persécutions, pour que leur témoignage et leurs vies ne se dissolvent pas dans l’oubli.

Les films de la CNT sur DVD.

Nosotros somos asi. Comédie musicale dont les comédien-ne-s sont des enfants. Un conte moral où les enfants, majoritairement pauvres, se liguent contre les adultes pour sauver le père d’un de leurs camarades, condamné à mort après le début de la guerre.

Nuestro culpable de Fernando Mignoni est un film à l’humour décapant et subversif. C’est l’unique film de Fernando Mignoni qui était décorateur dans le cinéma d’avant 1936. Mignoni était certainement un homme très libre, dont le scénario était prêt et qui a bénéficié de l’opportunité de l’époque. Le ton du film et les dialogues sont d’une insolence étonnante. Le film démarre dans une moralité révolutionnaire, notre héros cambriole un banquier pour offrir un cadeau de mariage à des amis. Il rencontre sur les lieux la maîtresse du banquier qui profite de la présence du voleur pour prendre une valise avec deux millions de dollars et le faire accuser.
Le film est à la fois une dénonciation de l’hypocrisie des convenances bourgeoises, de la corruption, de la justice et du système pénitentiaire. Une satire du système en général. Les dialogues entre El Randa, le voleur, et le banquier sont extraordinaires. Par exemple, quand El Randa prend le banquier à témoin : « J’ai volé deux millions de dollars, vous savez ce que c’est, vous ! »

Carne de Fieras est un film très particulier, ce n’est pas réellement une production de la CNT. Il a été produit avant le 19 juillet 1936 par un producteur privé, et le tournage s’est arrêté au moment de la révolution. Le réalisateur, Armand Guerra, anarchiste et membre de la CNT, voulait partir au front filmer la guerre.

Aurora de esperanza de Antonio Sau se déroule en 1935, en pleine crise économique. C’est un drame social qui se démarque des autres films. Il est sérieux dans sa forme, dans ses dialogues, et classique dans la mise en scène. Le film se rapproche du cinéma soviétique. Dans la dernière partie, il y a beaucoup de plans en contre-plongée qui ajoutent à la dramatisation de la marche des chômeurs.

Barrios bajos de Pedro Puche (1937).
Un jeune avocat tue l’amant de sa femme en état de légitime défense. Il se réfugie chez El Valencia, un ancien client, docker au port de Barcelone. L’homme habite une pension de famille en plein barrio Chino. C’est là que El Valencia rencontre une jeune fille qu’il sauve de la prostitution.

Pour les films de Richard Prost et les films de la CNT :

www.prost.tv