Chroniques rebelles
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Amnesty International. Rapport 1998
Samedi 18 juillet 1998
Article mis en ligne le 11 janvier 2009

par CP

Avec Denys Robiliard (président Amnesty International-France)

Alors que la peine de mort est utilisée dans certains états des États-Unis comme argument électoral, Amnesty International publie son Rapport 1998, avec en annexe notamment les chiffres sur la peine de mort :

" Au cours de l’année, au moins 2 375 prisonniers ont été exécutés dans 40 pays et 3 707 personnes ont été condamnées à mort dans 69 pays. Ces chiffres représentent uniquement les cas dont Amnesty International a eu connaissance, et le nombre réel de personnes condamnées et exécutées est certainement plus élevé.[…] À la fin de 1997, 61 pays avaient aboli la peine de mort pour tous les crimes et 16 pour tous les crimes sauf les crimes exceptionnels, tels que ceux commis en temps de guerre."

25 pays étaient considérés abolitionnistes en pratique, mais 93 pays et territoires, dont l’Afghanistan, l’Algérie, l’Arabie saoudite, le Chili, la Chine, les États-Unis, l’Inde, le Maroc, le Nigéria, le Soudan, la Syrie, la Thaïlande, la Tunisie, etc.…au total 93 pays ont maintenu la peine de mort et ont procédé à des exécutions les dix dernières années.

Les crimes d’État sur fond de justice expéditive ne sont pas l’apanage des dictatures, la discrimination et la torture non plus, c’est ce que révèle encore cette année le Rapport 1998 d’Amnesty international.

Si les médias parlaient de la torture, "instrument indissociable du pouvoir de l’État", autant que du dopage des sportifs, si la pratique de la torture institutionnalisée, encouragée, légalisée soulevait la même indignation, cela susciterait sans doute plus de réaction, de débats et de questions au sein de l’opinion publique. Mais, en général, il n’est question de tortionnaires, de torture sur les prisonniers politiques, les « suspects », les opposants politiques, que dans des cas présentés comme exceptionnels… dans le cadre de bavures. Cependant, ces cas de torture sont monnaie courante dans les prisons — l’utilisation de "pressions physiques" disent les autorités —, et cela n’est pas seulement le fait des dictatures ! La torture était encouragée pendant la guerre d’Algérie par les autorités françaises. En 1959, Maurice Papon autorise le recrutement de supplétifs algériens pour faire la sale besogne dans les caves d’hôtels réquisitionnés, rue de la Goutte-d’or. Malgré la convention internationale contre la torture, en 1984, la Cour suprême israélienne autorise, en novembre 1996, l’utilisation de la torture, à la demande du Shin Beth, contre les prisonniers palestiniens..

Les États dits démocratiques s’accomodent fort bien de la torture, des "pressions physiques", des bavures et autres pratiques violentes à l’encontre des individus jugés marginaux, rebelles, minoritaires, des détenus… Raison d’État ou ordre obligent. Le silence est souvent de règle et le silence tue.

C’est pourquoi le Rapport Annuel 98 d’Amnesty International est dédié à tous les défenseurs des droits humains et que, dans la grand-messe du foot sur fond de mondialisation, de pouvoir et de promotion des multinationales, Amnesty International a proposé une équipe alternative composée de 11 prisonniers d’opinions ou de victimes de violations des droits humains dont les pays ont participé à la Coupe du Monde. Pour ne pas oublier…