Chroniques rebelles
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Femmes de Srebrenica : que sont-elles devenues ? Avec Aude, Sadija, Frédéric…
Samedi 26 septembre 1998
Article mis en ligne le 11 janvier 2009

par CP

Ça recommence, l’histoire bégaie atrocement au Kosovo. Bombardements massifs de civils, arrestations, séparation des hommes et des femmes, disparition des hommes. Que faut-il penser et espérer du cynisme des décisionnaires occidentaux devant ces crimes contre l’humanité ?

En France, on abat des enfants tziganes, en Belgique, on étouffe à mort une jeune Négériane lors de son rapatriement forcé et à deux pas de chez nous, les populations civiles kosovares sont pourchassées, liquidées avec la complicité des grandes puissances. Des menaces d’intervention… mais seront-elles suivies d’effet ? Le boycott de la compagnie aérienne yougoslave, voilà qui doit bien faire sourire Milosévic. Un responsable européen n’a-t-il d’ailleurs pas déclaré qu’il était normal de vouloir récupérer des territoires conquis par l’armée de libération du Kosovo ?
L’indépendance du Kosovo, les grandes puissances n’en veulent pas, alors on laisse Milosévic faire sa sale besogne, on abandonne les populations civiles aux mercenaires, avec quelques protestations bien sûr.

Ça recommence, l’histoire bégaie atrocement au Kosovo. Le droit des personnes à la vie, on s’en fout, on s’asseoit dessus, on pactise avec le tyran. La région des Balkans a toujours été explosive entend-on… Quelle explication convainquante pour accepter à nouveau d’être témoins par voie médiatique d’une chasse aux êtres humains !

Après tous les récits d’atrocités en Bosnie, les témoignages, les films, les photos, les appels au secours, les promesses non tenues, pouvait-on imaginer que le nationalisme d’un Milosevic s’arrête en chemin ? Plaindre les Kosovars, cela ne coûte guère et laisser faire semble la seule conduite adoptée par la communauté internationale. Bientôt, il s’agira de blâmer les victimes, surtout si des groupes se révoltent.

Encore une fois, après le sacrifice planifié des populations civiles bosniaques de la vallée de la Drina et de Srebrenica, en 1995, pouvait-on attendre un arrêt des velléités expansionnistes du gouvernement serbe ? La guerre en ex-Yougoslavie a commencé au Kosovo sur fond de nationalisme fanatisé. La manipulation recommence. Personne ne l’ignore et personne ne pourra dire : on ne savait pas…
Et d’ailleurs quelle est, aujourd’hui, la situation des rescapé(e)s de Srebrenica et de la vallée de la Drina ? La guerre est finie… mais que sont-ils et elles devenu-e-s ?

Après plusieurs visites aux camps, délaissés par volonté d’oubli d’une guerre abominable (entre autres raisons), Sadija, Aude, Marie, Fabrice et Jérôme nous avaient alertés sur les conditions inhumaines vécues par les réfugié-e-s. Manque de nourriture, conditions sanitaires précaires, entassement des populations, soins quasi inexistants, absence de suivi psychologique, etc… Ceci étant variable selon les camps.

À l’écoute des témoignages, une impression se dégageait : celle de l’abandon, encore une fois, des populations qui avait vécu le cauchemar d’août 1995. Ajouter à cela l’ignorance totale du sort des disparus, la découverte de charniers, l’espérance folle que, peut-être, le ou les disparus, le père, le compagnon, l’enfant étaient retenus quelque part, prisonniers ou dans l’incapacité de donner des nouvelles. Ce qui signifie impossibilité d’accepter la disparition de l’être cher, de tourner la page, de faire son deuil…
La dernière cruauté, c’est le manque d’informations et la volonté d’erradiquer la mémoire de ces populations.

Association aux survivants de la vallée de la Drina-Srebrenica
tel 01 44 40 08 41 / Fax 01 45 74 22 84