Chroniques rebelles
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Samedi 11 décembre 1999
Citoyennes militairement incorrectes
d’Andrée Michel et Floh (L’Harmattan)
Article mis en ligne le 17 décembre 2007
dernière modification le 21 décembre 2007

par CP

Après la guerre froide et la menace de l’empire du mal, voici le terrorisme ! La politique de la peur est un moyen idéal pour faire passer tous les abus et toutes les aberrrations : par exemple des dépenses militaires exhorbitantes quand le budget pour la santé et l’éducation s’amenuise de plus en plus. Et cela dans des pays "en voie de développement" — comme on dit pour ne pas dire des pays pauvres —, et évidemment délestés de leurs matières premières en raison de leur dette par FMI et banque mondiale interposés.

Vive la guerre ! En effet, quoi de plus efficace pour relancer l’économie… des pays riches bien sûr !

Depuis la seconde guerre mondiale, les États-Unis ont créé le FMI, la CIA, la Banque mondiale, autant d’institutions pour réguler le monde, façon états-unienne. Les États-Unis ont perdu le rang de premier producteur mondial, mais ils occupent la première place pour les nouvelles technologies et surtout les technologies militaires. Alors, il faut bien des guerres pour faire marcher le commerce ! Il faut bien écouler les bombes — à fragmentation, à effet de sol, etc. — les missiles, les chars, les avions, les mines anti-personnelles, et autres engins de mort. Et il faut bien les tester — grandeur nature… sur les autres bien sûr, car il n’est pas question de se mettre à dos l’opinion publique occidentale. D’ailleurs, les pays occidentaux sont aussi producteurs d’armes et, donc, sont complices.

Les conflits éclatent un peu partout, et on nous parle de gendarme du monde, d’Alliance, de guerre du droit, de coalisés, de guerres humanitaires, de frappes chirurgicales… qui tuent les civils et détruisent les infrastructures d’un pays… On appelle ça les dommages colatéraux. Le cynisme n’a plus de limites quand il s’agit de donner des leçons et de conserver l’hégémonie en Amérique latine, en Afrique, au Moyen Orient, en Irak, où — en quelques semaines — les gouvernements occidentaux ont déversé plus de bombes que les alliés pendant la Seconde Guerre mondiale…

Michel Allner et Larry Portis rappelent dans un livre sur la politique étrangère des États-Unis : "Un an après cette guerre [la guerre du Golfe], le New York Times cita un document du Pentagone, relativement clair sur les intentions américaines en matière de politique étrangère : “la principale mission politique et militaire de l’Amérique durant l’après-guerre froide a été d’empêcher l’émergence d’une superpuissance rivale en Europe de l’Est, en Asie ou sur le territoire de l’ex-Union soviétique.
La guerre contre l’Irak s’explique comme un événement confortant les États-Unis dans leur rôle de première puissance mondiale, l’objectif global étant de “demeurer la puissance extérieure dominante au Moyen-Orient et de protéger l’accès des États-Unis et de l’Occident aux ressources pétrolières de la région…

On ne touche pas à l’or noir, au pétrole, mais on peut massacrer des civils et sacrifier une population. En Irak, on estime que la guerre et l’embargo sont la cause d’un million de victimes, des femmes, des enfants surtout. Un vingtième de la population irakienne !

La course à l’armement aboutit à la course à l’analphabétisation. Voilà qui arrange les États et les multinationales ! Avec une grande partie des populations analphabètes et misérables, le risque est moindre, côté contestation, pour les minorités dirigeantes et les élites ! Dans ce contexte, la manipulation, ça marche ! Et, comme le rappelle Andrée Michel dans Citoyennes militairement incorrectes : "Dans cette civilisation, on est pour le sacrifice de la femme et de la petite fille au nom du père , du fils et du canon."
CP