Chroniques rebelles
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Le pari du Grand-Paris : contre les couches populaires ?
Samedi 11 avril 2009
Article mis en ligne le 14 avril 2009

par CP

Avec Hervé Bennezon

Montreuil sous le règne de Louis XIV , 2008 (éditions Les Indes savantes)

Histoire du Grand-Paris de la Renaissance à la Révolution , 2009, Perrin (Ouvrage en collaboration avec Marie-José Michel et Robert Muchembled)

Paris s’agrandit-il ou la banlieue s’assimile-t-elle à la capitale ? L’un dans l’autre, l’effet de contamination semble produire le même résultat : un impérialisme municipal qui relègue le banlieusard toujours plus loin du périphérique. Augmentation des loyers y compris dans ce qui passe pour être la «  zone », la capitale nettoie toutes les classes populaires de son centre en compensant cette épuration silencieuse par une apparence de convivialité : hygiénisme du vélib’, muséophilie alimentée par le fantasme de la gratuité, sophistication des bars devenus « branchés », rénovation de la goutte d’or comme cache-sexe d’un racisme sous le masque de la propreté immobilière. La banlieue subit fatalement le coup de soleil parisien : immobilier flambant, équipements culturels clonés sur ceux de la capitale (abonnements toutefois moins onéreux), invasion du vélib’ et du noctambus comme relais écologico-pratiques entre le centre et la périphérie. La banlieue a-t-elle encore une spécificité en termes d’urbanisme et de population ? L’expansion parisienne est-elle un progrès, une sortie des banlieues de l’enclave ou une main mise sur des alentours moribonds ?

Le projet d’un Grand-Paris n’est pas neuf. Nous essaierons de comprendre comment l’influence de Paris sur la banlieue dans ses formes actuelles prend sa source dans le puits de l’Histoire. Dans son ouvrage, Montreuil sous le règne de Louis XIV, et plus récemment, Histoire du Grand-Paris de la Renaissance à la Révolution, Hervé Bennezon, spécialiste en Histoire des sociétés rurales, montre comment les marges de la capitale sont influencées par la griffe parisienne. Dans quelle mesure les mœurs du Grand-Paris s’imposent sur les pourtours ? Comment s’articulent les relations inégalitaires entre village et capitale ? Peut-on considérer que le pari du Grand-Paris trouve sa source sous l’Ancien Régime ? Comment les couches populaires vivent-elles le joug socio-économique parisien ?

Le Paris que vous aimâtes n’est pas celui que nous aimons, et nous nous dirigeons sans hâte vers celui que nous oublierons. Raymond Queneau

Émission présentée par Nicolas Mourer