Chroniques rebelles
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Terre et liberté. Et théâtre : Où vas-tu Pedro ? de Manon Moreau
Samedi 19 septembre 2009
Article mis en ligne le 20 septembre 2009
dernière modification le 1er mars 2011

par CP

Loisir et culture. Terre et liberté : le village de Ruesta

Avec Daniel Pinos

Où vas-tu Pedro ?

Un spectacle musical écrit à partir de témoignages de républicains espagnols

Avec son auteure, Manon Moreau

Un salon de la formation pour les cadres, vendu par une affiche de pub qui se présente comme autant d’opportunités pour trouver un boulot… Non, ce n’est pas une blague ! Et au même moment, les infos annoncent que cette année, il y a une baisse de 25 % des offres d’emplois pour les jeunes cadres qui arrivent sur le marché du travail.

Cherchez l’erreur !
La propagande libérale a des trouvailles que la raison ignore.

Mais en quoi consiste donc ce salon de la « formation » de futurs cadres chômeurs et chômeuses ? En la circonstance, la publicité d’un salon vantant la réussite des techniques « modernes » de « management » pourrait nous faire sourire, si les conséquences humaines de ces techniques
« managériales » n’étaient pas aussi graves et dramatiques. Les 23 suicides à France Télécom, les suicides à Renault ne sont que la partie médiatisée de ces conséquences. La souffrance au travail se banalise et laisse de nombreuses personnes désemparées, fragilisées par l’attitude des
« managers » et des « manageuses », autrement dit des petits et petites chefs qui se la jouent, je devrais dire qui se la pètent, avec leur petit pouvoir de nuisance et d’humiliation.

À l’écoute des récits de collègues en plein désarroi, qui reviennent sur les vexations, les exigences et les demandes extravagantes d’une hiérarchie affirmée, il est difficile de réprimer la violence qui monte en soi face à la généralisation de méthodes pernicieuses destinées à briser les individus.
Vous me direz, ça commence tôt ! Dès l’école, le collège et le lycée, surtout avec la réforme mise en place qui vise à produire de futurs lobotomisé-es ! Il est exigé de ne pas penser, d’obéir et de se couler dans le moule !

La terrorisation des personnes, ça marche et avec cette politique du tout sécuritaire avançant au pas de charge, sans tenir compte ni du mal vivre ni de la paupérisation de la population, qui joue la non-solidarité et le repli craintif sur soi, il est à parier que nous allons bientôt nous retrouver dans un ghetto, avec des plus miséreux de l’autre côté du mur …

Quand même, il y a des résistances ! Ça ne passe pas aussi facilement ! Côté entreprises par exemple : il va falloir utiliser la peur et un autre spectre de « pandémie » pour que les gens se taisent et acceptent l’inacceptable.

Certains et certaines bougent et résistent… Même de longues années après. Terre et liberté, le village de Ruesta, autogéré par les anarcho-syndicalistes de la CGT espagnole, renaît. Ruesta se trouve dans la province de Saragosse, aux portes des Pyrénées de Navarre et de Huesca.

« Lorsque le gouvernement de Franco a noyé leurs terres sous les eaux d’un lac de retenue, les 600 habitants du village perché sur la colline sont partis. Relogés de force. Troquant leurs demeures pour le béton et le bitume. Les vieux en sont morts rapidement, les autres ont fait mine d’oublier. C’était le progrès. Financé par les Américains, mis en oeuvre par le franquisme.

Dans les années qui ont suivi l’évacuation du village, les paysans et les brocanteurs des alentours sont venus lui arracher tout ce qui pouvait encore servir : tuiles, portes, volets, fenêtre… Village fantôme, Ruesta est bientôt devenu village en ruine. Jusqu’à ce qu’en 1988, la Confederacion hidrographico del Ebro confie sa gestion pour cinquante ans aux... anarcho-syndicalistes de la CGT espagnole. Le fait n’est pas exceptionnel : d’autres confédérations syndicales se sont ainsi vu confier des villages abandonnés, en respectant un certain nombre d’engagements en matière d’activités sociales, de réhabilitation du bâti, de protection de l’environnement. »

Pourtant, en dépit de ses tours sarrasines du XIe siècle, le village de Ruesta, abandonné depuis 1959 et réhabilité, ne figure sur aucun guide.

Daniel Pinos, auteur de Ni l’arbre ni la pierre, publié par l’atelier de création libertaire, m’a confié récemment : «  Je me suis attaché à ce lieu qui est magique… » Alors j’ai eu envie de le connaître et que Daniel nous en parle.

En deuxième partie des Chroniques rebelles : théâtre avec un spectacle musical écrit à partir de témoignages de républicains espagnols.

Manon Moreau, auteure de Où vas-tu Pedro ? nous parlera de sa pièce jouée à Confluences, du 30 septembre au 10 octobre.

Vous l’aurez compris, il s’agira aujourd’hui d’Espagne…

Ni l’arbre ni la pierre, vous vous souvenez ?

« On réquisitionna quelques cafés et on aménagea les vastes salles en réfectoires populaires. Dans ces cuisines collectives, on préparait à manger, à la hâte, pour les hommes et les femmes des barricades. De mille manières, on pouvait déceler l’amorce d’une vie nouvelle. Les vieux concepts de maître et d’esclave brûlaient en même temps que les images religieuses. Tout brûlait, même les banques. Un nouveau monde allait naître dans lequel l’argent et l’inégalité disparaîtraient. C’était une fête révolutionnaire. »

http://www.ruesta.com/

Où vas-tu Pedro ?

Un spectacle musical écrit à partir de témoignages de républicains espagnols

Du 30 septembre au 10 octobre

à Confluences

Texte : Manon Moreau

Mise en scène : Elise Chatauret

Composition & direction musicale : Thomas Bellorini

Scénographe : Lucie Lelong

Création lumière : Jean-Philippe Morin

Vidéo : Léa Chatauret, Alexandra Tesorini.

Avec : Hélène Avice, Adeline Benemara,

Anne Cantineau, Karme Malaga,

Xavier Mestres Emilio, Jean-Philippe Morin.

Violoncelle : Johanne Mathaly

RUESTA

ENVIRONNEMENT, FAUNE, FLORE

Ruesta se trouve dans la province de Saragosse, dans la contrée des Altas Cinco Villas, aux portes des Pyrénées de Navarre et de Huesca. Ruesta se trouve à une altitude de 554 m.

Au-dessus du niveau de la mer, les montagnes qui entourent le village se trouvent aux environs de 1000 m. La sierra de Leyve au nord et la Peña Musera au sud abritent l’enclave rocheuse sur laquelle est construit le village. Il domine la vallée et le lac de Yesa.

Le climat est typique de la basse montagne, de légères gelées l’hiver, des printemps et des automnes doux et parfois pluvieux, et des étés chauds.
Nous sommes dans les pré-Pyrénées, une région où l’on trouve une grande variété d’espèces animales et végétales. La forêt est une forêt atlantique, avec de nombreux pins, on peut y voir de près de nombreux rapaces, des aigles et notamment les derniers quebrantahuesos vivant dans la péninsule ibérique. Ce sont des gypaètes, de très grands rapaces qui se nourrissent de charognes et de rongeurs, ils ont été exterminé pratiquement dans toute l’Europe.

HISTOIRE

Les musulmans ont érigé la forteresse de Ruesta, avec ces 2 tours sarrasines, et l’ont abandonné au Xe siècle. Les navarros, les habitants de la Navarre, ont ensuite construit, près de la frontière, le monastère de Saint-Jean de Ruesta et de 1016 à 1018 ils reconstruisirent la forteresse. En 1054, le roi de Navarre concèda le village de Ruesta au roi d’Aragon. A partir de là, Ruesta joua un rôle important dans la défense du canal de Berdun. En 1283, l’infante Alonso demanda aux habitants de Tiermas et de Ruesta de fortifier les villages. L’église de Ruesta était très importante.

Cette localité fut abandonnée en 1959 lors de la construction du barrage de Yesa, ce qui entraîna l’inondation des terres de culture qui constituaient alors le mode de vie de ses habitants. Le village de Ruesta ne figure sur aucun guide ou carte. Lorsque le gouvernement de Franco a noyé leurs terres sous les eaux d’un lac de retenue, les 600 habitants du village perché sur la colline sont partis, ils ont été relogé de force, troquant leurs demeures pour le béton et le bitume. Les vieux en sont morts rapidement, les autres ont fait mine d’oublier. C’était le progrès, financé par les Américains, mis en oeuvre par le franquisme.

Dans les années qui ont suivi l’évacuation du village, les paysans et les brocanteurs des alentours sont venus lui arracher tout ce qui pouvait encore servir : tuiles, portes, volets, fenêtres, etc. Village fantôme, Ruesta est bientôt devenu village en ruines.

En juin 1988, la Confédération Hydrographique de l’Èbre (CHE) céda l’exploitation de Ruesta à la Confédération Générale du Travail (CGT) de l’Aragon, une cession qui faisait partie de la politique de la CHE pour la récupération de noyaux ruraux abandonnés à cause de la construction de barrages.

En novembre 1992, on prorogea la cession, qui comprenait l’ensemble urbain et quelques centaines d’hectares du mont entourant le village, pour 50 ans.
En plus du village intra-muros, la CGT a reçu la gestion d’un grand nombre de terres de la montagne, mais aussi des terres cultivables. Aujourd’hui un litige existe à propos des terres qui ont été cédées. Les municipalités et certains particuliers des alentours aspirent à exploiter le valeureux patrimoine, il faut le préciser classé par l’UNESCO « Patrimoine de l’humanité » qui a été cédé à la CGT. Tout cela a une relation avec les investissements qui auront lieu dans la région quand le projet d’agrandissement du lac de Yesa aura été ou non réalisé par la Confédération Hydrographique de l’Èbre.

Aujourd’hui, la CGT en relation avec l’Association d’action publique pour la défense du patrimoine aragonais et avec les municipalités de plusieurs villages environnants se battent afin d’empêcher l’agrandissement du lac de Yesa qui verrait de nouvelles terres inondés, le camping géré par la CGT notamment. Mais aussi le chemin de Saint-Jacques de Compostelle reconnu par l’UNESCO « Patrimoine de l’humanité ». Le chemin au nord disparaîtrait totalement et le chemin au sud serait altéré sur plusieurs kilomètres. La faune et la flore à l’état sauvage depuis 1959, depuis que les terres ne sont plus cultivés seraient en partie détruite. Il faut dire que du fait de la disparition de l’agriculture de nombreuses espèces animales et végétales sont protégés dans la région et l’ont a vu réapparaître des espèces qui ont disparu ailleurs. Une action est menée aujourd’hui en direction de l’UNESCO et du gouvernement d’Aragon pour le projet d’ampliation du lac soit arrêté.

Le fait n’est pas exceptionnel : d’autres confédérations syndicales se sont ainsi vues confier des villages abandonnés, en respectant un certain nombre d’engagements en matière d’activités sociales, de réhabilitation du bâti, de protection de l’environnement, etc.

ACCUEIL

Située sur le chemin de Saint - Jacques - de - Compostelle, l’auberge de Ruesta accueille les randonneurs et les pèlerins, ainsi que des anarcho-syndicalistes de la CGT-E comme de tous les coins du monde. Un mélange étonnant de prime abord mais pour y avoir séjourné une semaine, je peux dire que la cohabitation se déroule très bien. L’équipe chargé de la gestion des auberges et du restaurant est aujourd’hui composée de 6 personnes, tous membres de la CGT. Le village abrite aussi divers séminaires ou journées de travail et de formation de la CGT. Mais l’ambition est plus vaste...

RÉHABILITATION

La gestion du projet de réhabilitation de l’ensemble du village a été confiée à un groupe de travail composés de militants de la CGT, avec à sa tête un coordinateur de la région aragonaise.

La CGT, en collaboration avec l’Ordre Officiel d’Architectes de l’Aragon, réalisa un projet de réhabilitation qui a été finalement mis à bien en plusieurs phases avec des financements publics. En août 1993, on conclut la première action sur l’ensemble urbain en récupérant la maison Casa Valentín, aménagée en auberge et, en 1995, on inaugura une deuxième auberge, Casa Alifonso. Toutes les deux font partie du réseau du Chemin de Saint-Jacques.

En 2000, on inaugura le Centre d’Interprétation du Chemin de Saint-Jacques, où l’on réalise, parmi d’autres activités, une étude de la flore et la faune de la région, et la Casa de Cultura (Maison de la Culture), des espaces ayant une salle de conférences, une salle d’audiovisuels et une bibliothèque.Au bord de la rivière, il y a l’aire de camping -16.000 mètres carrés de surface et ayant capacité pour 200 personnes- complètement plantée d’arbres et entourée de végétation. Le camping est traversé par une ancienne route jacquaire dont il reste des vestiges du pavé et du pont. Le village a aussi un bar, un magasin et des terrasses avec des vues merveilleuses.

Dès que la Confédération Hydrographique de l’Èbre prendra définitivement position sur l’agrandissement du lac, la CGT en collaboration avec l’Ordre Officiel d’Architectes de l’Aragon et avec l’aide financière du gouvernement d’Aragon, réalisera une nouvelle tranche de travaux qui devrait s’achevée fin 2011. Elle comprend la réhabilitation d’une grande maison à l’entrée du village appellée la casa Palacio Lacacena qui devrait devenir une auberge un plus confortable que les auberges qui existent actuellement, avec des chambres pour une, deux ou trois personnes et avec des salles de bains. Un projet qui comprend aussi la réhabilitation de l’église Santa Maria de Ruesta, datant des Xe et XI e siècles. La CGT a pour projet de la transformer en salle de concert où pourrait être organisé un festival d’été et de nombreuses activités culturelles (expos, projections, réunions en tous genres).

LOISIRS

La proximité du lac de barrage de Yesa et la possibilité de réaliser des excursions dans les environs et les vallées proches font de Ruesta un endroit idéal pour les loisirs. On peut aussi réaliser de nombreuses activités comme les sports nautiques dans le lac de Yesa et dans les rivières Aragón et Gallegó, le deltaplane, l’alpinisme, les safaris photographiques et les visites touristiques et artistiques à des ensembles historiques proches comme Sos del Rey Católico et Uncastillo, le Monastère de Leyre, entre autres, ou faire de courtes excursions à pied ou à vélo à de beaux villages comme los Pintanos, à l’ermitage de Saint-Jacques de Ruesta, à celui de Saint Sébastien ou au belvédère de Vidiella, ou même réaliser une étape du Chemin de Saint-Jacques, de Ruesta à Undúes de Lerda.

Au cours de toute l’année et notamment les week-ends, il y a des cours et des activités de loisirs : des cours de percussion ou de danse africaine, des ateliers de magie, des malabars, de calligraphie japonaise, de fabrication de marionnettes... On organise aussi des campements et des colonies de vacances, des programmes éducatifs et des excursions guidées pour groupes et associations.

CONCLUSION

La nouvelle équipe qui s’occupe de Ruesta entend bien renouer avec le projet initial : faire revivre ce village, y créer une activité économique, en faire un lieu de vie alternatif fonctionnant avec les principes du municipalisme libertaire.
Ruesta, avec ses 350 hectares de terres, ses paysages magnifiques et ses belles maisons à reconstruire, ne demande qu’à revivre. Nos camarades espagnols font valoir que bien des activités y sont possibles, aussi bien agricoles qu’agro-alimentaires, mais aussi le tourisme ou les nouvelles technologies. Ou encore l’accueil des enfants en colonies de vacances, l’accueil des anciens qui aimeraient retrouver un peu de calme et cultiver leur jardin, la réouverture d’une école dans le village voisin, etc.

Ils tiennent beaucoup à ce que Ruesta devienne un lieu d’échanges et de rencontres internationales. Une belle occasion de passer quelques jours de vacances dans ce village et cette région magique.
C’est l’occasion de faire de belles rencontres avec des randonneurs, des amants de la nature. Si vous souhaitez vous ressourcer dans une ambiance pleine de chaleur humaine au contact de gens très généreux et très solidaires qui pourront vous servir de guides faite une halte à Ruesta. C’est une fenêtre grande ouverte sur tout ce qui fait le charme et la beauté de l’Aragon, a travers un choix de ballades splendides ! En un mot : une invitation à découvrir et donc à aimer les Pyrénées.

Information supplémentaire :

* Asociación Nuevo Ruesta
Place Santa Cruz 13-15, 2º izq.
50003 (Saragosse)
Tél. : 00 34 976 29 05 38

* Auberge et camping : 00 34 948 39 80 82 / 00 34 620 93 19 25

Adresse mail Paris : soliruesta@gmail.com

CGT-E

La CGT espagnole est issue de la scission de la CNT, confédération anarcho-syndicaliste, en 1979. La CNT éclate alors en quatre organisations concurrentes. Ce sont des divergences stratégiques qui entraînent cette dispersion. Les responsables de la CNT, revenus de leur exil et qui ont connu la période de la révolution espagnole et de la guerre contre le franquisme, alliés à une partie des jeunes activistes impliqué-e-s dans la lutte pour la libération des prisonniers politiques mais qui désertent les entreprises, se replient sur un passé mythique et sont incapables de construire une organisation s’adressant aux travailleuses et aux travailleurs de plus en plus touché-e-s par le chômage. D’autre part, on trouve des militantes et militants actif-ve-s en Espagne pendant la période franquiste et qui ont pour priorité la reconstruction de la CNT sur la base de sections d’entreprises et d’unions interprofessionnelles, tout en s’appuyant sur une forte identité libertaire.

Alors que les « historiques » se replient de plus en plus sur des préoccupations identitaires. Les trois autres secteurs se réunifient à Valence en 1984. La CNT « rénovée » perd le procès sur la récupération du patrimoine qui l’oppose à la CNT AIT et, obligée de changer de nom, elle devient la CGT en 1988. Plus importante organisation libertaire au monde, elle est devenue au cours des années 2000 la troisième organisation syndicale d’Espagne derrière les Commissions ouvrières et l’Union générale du travail (proches du Parti socialiste au pouvoir) et compte autour de 80 000 adhérent-e-s. Implantée aussi bien dans le secteur privé que dans le secteur public, elle s’efforce d’organiser également les salarié-e-s les plus précaires dans les secteurs des services en pleine expansion (télétravail), ainsi que les migrants et les migrantes surexploité-e-s avec ou sans papiers. Elle s’emploie par ailleurs à aider aussi bien au développement du mouvement libertaire que des mouvements sociaux et syndicaux autonomes en Amérique latine (Mexique et cône Sud), au Maghreb (Algérie et Maroc) et en Europe (Portugal).

Daniel Pinos



Exposition photos à CONFLUENCES

Confluences, 190 Bd de Charonne 75020.

EXPO PHOTO de CRISTINA VATIELLI

EXILIO DE DENTRO

Jusqu’au 13 octobre 2009