Chroniques rebelles
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Les travailleu(r)ses du sexe de Jean-Michel Carré. Les éditions du sextant publient deux textes de Voltairine de Cleyre
Samedi 30 janvier 2010
Article mis en ligne le 31 janvier 2010

par CP

Les travailleu(r)ses du sexe

Film de Jean-Michel Carré

en salles le 3 février 2010

Voltairine de Cleyre : deux ouvrages publiés par les éditions du Sextant en 2009 et 2010…

Le Mariage est une mauvaise action

De l’Action directe

Avec Jean-Michel Carré, Isabelle Pivert et Yves Coleman

La sexualité manipulée, contrôlée, mise à l’index, aliénée… Difficile d’y voir clair quand les codes sont continuellement brouillés pour d’abord faire du fric… Parce que c’est cela le fond du problème : le profit.

Dans le film de Jean-Michel Carré, il est à nouveau question de l’économie de marché, cette fois par la marchandisation du corps et de l’intimité des êtres humains. Le marché du sexe est en pleine expansion, la multiplication des salons de l’érotisme, des sites Internet et des productions de vidéos pornographiques en sont l’un des aspects.
La liberté sexuelle et la reconnaissance de la sexualité féminine se concrétisent au super marché avec le libre choix de consommer des sextoys, des vibromasseurs et autres godemichets.

Fantasmes, tabous, pub et substituts à la transgression… Les amalgames sont habilement utilisés et distillés car la sexualité est une source d’exploitation des personnes depuis des millénaires. Le capitalisme, dans ce domaine comme ailleurs, rebondit et se recycle, cette fois en jouant sur la frustration et la misère sexuelle. « La société, elle est comme ça, » dit l’un des intervenants dans le film, exploitant d’une boîte de strip-tease, qui ajoute que vendre des corps : « C’est un business comme un autre. Demain je pourrais vendre des montres ou de la pub dans les abris bus »…

Exit l’idée de libération et de vivre ses différences, fini l’idée de rencontrer l’autre dans un rapport égalitaire, nous sommes dans le monde merveilleux et très tendance des convenances sexuelles, dans l’aliénation de la marchandise. La liberté se situerait donc dans l’emploi de sextoys ou encore dans l’acte sexuel tarifé.

Si l’on prend l’exemple du phénomène prostitutionnel, on sait parfaitement qu’il profite en grande partie aux réseaux mafieux, avec la complicité des États. La prostitution est un phénomène de type capitaliste, les profits sont considérables et à moindre risque. Quant à définir la prostitution, quelle que soit la manière dont elle s’exerce, on en revient toujours au fait que c’est une pratique archaïque, impliquant la domination et la transformation de personnes en objets d’exploitation.

En mars 2003, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, fait voter une loi dite de « sécurité intérieure » incluant le racolage passif des prostituées. Quelles sont les conséquences de cette loi ? Les réseaux mafieux sont-ils pour autant gênés dans leur exploitation lucrative des êtres humains ? Et pour revenir au profit : quelles sont les implications de la marchandisation des corps ?

Voltairine de Cleyre : deux ouvrages publiés par les éditions du Sextant en 2009 et 2010…

Le Mariage est une mauvaise action

De l’Action directe

Deux ouvrages traduits et annotés par Yves Coleman

pour la revue

Ni patrie ni frontières

Figure importante de l’anarchisme états-unien, humaniste radicale, Voltairine de Cleyre a mené des luttes pour l’émancipation des femmes, mais aussi contre le capitalisme, contre les conditions carcérales, pour l’abolition des prisons et pour l’action directe…

« Toute personne qui a pensé, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie, avoir le droit de protester, et a pris son courage à deux mains pour le faire ; toute personne qui a revendiqué un droit, seule ou avec d’autres, a pratiqué l’action directe. […]

Toute personne qui a eu un projet et l’a effectivement mené à bien, ou qui a exposé son plan devant d’autres et a emporté leur adhésion pour qu’ils agissent tous ensemble, sans demander poliment aux autorités compétentes de le concrétiser à leur place, toute personne qui a agi ainsi a pratiqué l’action directe. Toutes les expériences qui font appel à la coopération relèvent essentiellement de l’action directe. […]

Les grèves et les campagnes de boycott en offrent un bon exemple ».

Voltairine de Cleyre, De l’action directe, Chicago, 12 janvier 1912.

La rareté des traductions des textes de Voltairine de Cleyre est surprenante alors que ses analyses cernent des interrogations majeures concernant l’émancipation, les ressorts de la domination, l’exploitation. Voltairine de Cleyre est en effet généralement méconnue, mais depuis quelques mois, nous avons l’occasion de découvrir et de lire certains de ses textes publiés dans les éditions du Sextant et les éditions LUX.

Deux brochures sont parues aux éditions du Sextant, deux textes de Voltairine de Cleyre, De l’Action directe et Le Mariage est une mauvaise action.

Nous avons déjà reçu Yves Coleman, qui a traduit et annoté ces deux textes, quand nous avons parlé de l’ouvrage paru chez Lux, Voltairine de Cleyre, d’espoir et de raison. Écrits d’une insoumise.

Aujourd’hui, l’occasion nous est donnée de parler à nouveau avec lui de Voltairine de Cleyre, et avec Isabelle Pivert, des éditions du Sextant, de la collection les Increvables.

Les éditions du Sextant seront au salon des sciences humaines du 12 au 14 février 2010 à l’espace des Blancs Manteaux (Paris, 4e)