Chroniques rebelles
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Tanya Reinhart, grande dissidente israélienne
Divergences, mai 2007
Article mis en ligne le 15 novembre 2009

par CP

Tanya Reinhart est décédée à New York le 17 mars 2006, à la suite d’un accident cérébral. Militante israélienne infatigable contre la politique de son gouvernement, la colonisation et l’occupation de la Palestine, brillante linguiste et intellectuelle engagée pour la défense des droits des Palestinien-ne-s, Tanya Reinhart avait une tribune bimensuelle dans le quotidien israélien Yediot Ahoronot. Elle est aussi l’auteure de deux livres remarquables publiés en 2003 et 2006 Détruire la Palestine [1] et L’héritage de Sharon [2].

Amie de Noam Chomsky, elle a « dévoilé le comportement criminel et outrageant d’Israël ». Tanya fut également l’une des rares opposantes israéliennes à soutenir le boycott des institutions de son pays, notamment universitaires. « Nous cesserons de redouter le boycott quand nous respecterons le droit international », répondait-elle non seulement à l’establishment israélien, mais aussi à cette « gauche » israélienne timorée, soi-disant pacifiste, qui accepte l’impunité dont jouissent l’État d’Israël et l’ensemble de ses institutions.

Lors de sa dernière conférence en France, Tanya Reinhart dénonça l’embargo imposé au peuple palestinien, expliquant que les pays européens dont la France (à l’exception de deux pays) n’avaient pas le droit de supprimer ainsi l’aide européenne à la population palestinienne : « Ce n’est pas un acte de générosité que l’Europe aurait la faculté de poursuivre ou pas. C’est un choix qui a été fait de se substituer aux obligations de l’occupant israélien auquel le droit international impose de veiller au bien-être des populations occupées. L’Europe a choisi de ne pas obliger Israël à respecter ses obligations, et a préféré verser de l’argent aux Palestiniens. En cessant de le faire, elle viole le droit international ».

Fatiguée, Tanya Reinhart s’était excusée de ne plus avoir la force de rester en Israël où, indiquait-elle, la répression physique contre les opposant-e-s, était devenue plus brutale. Elle avait donc décidé d’enseigner aux Etats-Unis et venait de s’installer à New York. Avec sa disparition s’éteint une voix dissidente et courageuse contre une propagande dont les moyens sont puissants. Une voix qui prônait un combat de deux peuples : « Les Israéliens qui se dressent aux côtés des Palestiniens face à l’armée sont venus en Cisjordanie parce qu’ils savent qu’il existe une loi supérieure à la loi de l’armée sur les zones militaires interdites : il y a la loi internationale, qui interdit le nettoyage ethnique, et il y a la loi de la conscience. Ce qui les ramène, jour à près jour, c’est le nouvel accord conclu entre les peuples de ce pays, un pacte de fraternité et d’amitié entre Israéliens et Palestiniens. Ils savent qu’il est possible de vivre autrement sur cette terre. » [3]