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Le cinéma méditerranéen, un cinéma caché ?
27ème Festival du Film Méditerranéen de Montpellier/Christiane Passevant
Article mis en ligne le 15 novembre 2009
dernière modification le 4 juillet 2010

par CP

Ce qui caractérise les cinémas méditerranéens c’est, d’une part, leur richesse, leur créativité, leur diversité, et, d’autre part, l’absence de distribution dont ils pâtissent en Europe et en France.

Parmi les longs et courts métrages de fiction, les documentaires présentés à Montpellier en octobre dernier au cours du 27ème festival du cinéma méditerranéen, on peut se demander combien bénéficieront d’une distribution sur nos écrans ?

Les qualités cinématographiques de ces œuvres ne sont pourtant pas en question ni d’ailleurs l’engouement d’un public potentiel toujours plus nombreux. Et ce, qu’il s’agisse de films d’auteur(e)s ou de films populaires.

Les films proposés à Montpellier provenaient de 43 pays. À l’honneur, les réalisatrices espagnoles, Chus Gutierrez magnifique El Calentito présenté en ouverture du festival), Iciar Bollain, Patricia Ferreira, Pilar Miro, Daniela Fejerman, Ines Paris... Et une rétrospective remarquable de Vittorio de Seta - cinéaste atypique dans le cinéma italien des années 1950 et 1960 - dont les documentaires et les longs métrages étaient une découverte pour beaucoup.

Les films de l’ex-Yougoslavie étaient très forts, par le sujet mais aussi par le traitement de l’image et le travail sur la bande son, démonstration que la jeune génération des cinéastes est de toutes les expériences novatrices ; les moyens n’étant pas des freins à la recherche d’un langage cinématographique original. Une merveilleuse nuit à Split d’Arsen Anton Ostojic (Croatie-2004) - mention spéciale du jury -, Songe d’une nuit d’hiver de Goran Paskaljevic (Serbie et Montenegro-2004) couronné par l’Antigone d’or, ou encore Go West de Ahmed Imamovic (Bosnie-Herzégovine/Croatie-2005) en sont un bon exemple.

Riche en découvertes, le festival l’est également en rencontres. Deux cinéastes, Maher Abi Samra (libanais) et Jillali Ferhati (marocain), ont évoqué leur travail ancré tout à la fois dans l’histoire et l’actualité méditerranéennes.

Depuis quelques années déjà, le cinéma marocain est en plein essor, partagé entre plusieurs générations de cinéastes. L’une des caractéristiques de cette évolution est sans doute l’ouverture à de nouveaux sujets, parfois graves, comme pour la nouvelle réalisation de Jilali Ferhati, Mémoire en détention.
Le cinéma libanais est particulièrement intéressant et diversifié grâce au nombre impressionnant de réalisateurs et de réalisatrices. À Beyrouth, il n’existe pas moins de huit écoles d’audiovisuel et la ville est, pour la production publicitaire, un pôle cinématographique dans la région. De plus, les cinéastes sont nombreux/ses à faire preuve d’exigence sur la forme comme sur le fond et souvent d’engagement critique...

C’est le cas de Maher Abi Samra dont le nouveau documentaire, Rond Point Chatila, a remporté le prix Ulysse du documentaire au 27ème festival du film méditerranéen.

Le film de Jillali Ferhati, Mémoire en détention, aborde la mémoire ou plutôt l’absence de mémoire de la répression politique au Maroc durant les années 1970.