Chroniques rebelles
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Le Cercle Théo à Levallois, Bram Stoker et Dracula…
Samedi 20 février 2010
Article mis en ligne le 21 février 2010

par CP

Dictionnaire du vampire

d’Alain Pozzuoli (Le Pré aux clercs)

et

Le Cercle Théo

Avant de vous entraîner dans l’univers des vampires et de la transgression, il est question d’une autre forme de vampirisme : le vampirisme économique.

Il était une fois un joli petit bistrot à Levallois-Perret…
Vous connaissez ? Au 22 rue Rivay… Un café pour les gens du quartier, pour se rencontrer, pour échanger…
Un de ces petits bistrots comme il en existe de moins en moins…

Levallois, une banlieue populaire parisienne, bien « gentrifiée » et restructurée, bien surveillée par les caméras… Et puis le café épicerie, Chez Théo, que la famille Houée tenait depuis les années cinquante, avec Paul qui avait continué la tradition familiale…

Alors, bien sûr, un café qui n’a pas son écran plat pour voir les matches, où les habitué-es se parlent, où l’on partage de la musique, des chansons et des parties de dames… Cela fait désordre dans une banlieue devenue chic qui veut se la jouer Neuilly.

Et c’est alors que la mairie et son maire interviennent… De la convivialité ? Des gens qui pensent et qui se parlent ? Et, pendant qu’on y est, pourquoi pas l’anarchie ?! Louise Michel est déjà dans le jardin de Levallois et donne son nom à une station de métro ! C’est bien assez.

Ici, à Levallois, on dépense, on flique ou on se casse !

Mais voilà, la Cour Administrative d’Appel du Tribunal de Versailles prononce son verdict sur l’expropriation de la famille Houée et lui donne raison contre la ville de Levallois-Perret. Mais rien n’y fait. Fin avril 2009, à grand renfort de CRS et d’opération commando, le quartier est bouclé pour déloger une famille tranquille, dont la mère de Paul…

Fallait-il que la mairie se montre si pressée et mette en œuvre un tel dispositif disproportionné ? Pressée elle l’était certainement la mairie, parce que les bulldozers entrèrent très vite en action et détruisirent le joli petit café de quartier…

On peut alors se poser la question : c’est ça le grand Paris ? Détruire les lieux de convivialité, d’échange informel et d’amitié ?

Bienvenue à Levallois ! De l’autre côté des palissades où les chantiers de construction masquent les démolitions menées au pas de charge.

Le profit n’attend pas…

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le cercle Théo, qui regroupe d’abord les habitué-es du café, n’a pas dit son dernier mot. Les rencontres continuent, la mobilisation aussi…

ÇA CHAUFFE à Levallois, ville en chantier, désenchantée !
Invité ce samedi, le Cercle Théo et ses actions solidaires [1] pour un «  idéal qui défie les immeubles et les esprits alignés, cloisonnés »…

Dictionnaire du vampire

d’Alain Pozzuoli (Le pré aux clercs)

et un film

Whitby, la ville de Dracula

de Jean-Michel Ropers

Un livre et un film documentaire sur les vampires et en particulier le précurseur du mythe, Dracula, il fallait bien cela pour revenir sur l’imaginaire du thème vampirique.

Avec Frankenstein, le Prométhée moderne de Mary Shelley, Dracula est certainement l’image la plus populaire de la littérature fantastique. Publié à la fin du XIXe siècle, le roman de Bram Stoker paraît en pleine mode du gothique et nourrira bien des fantasmes exprimés dans les romans et les nouvelles. Puis le cinéma s’empare du mythe, le traduit en images qui deviennent rapidement cultes. Et les diverses et multiples versions et déclinaisons de ce cinéma de genre vont s’enchaîner sans discontinuer.

Dracula, c’est la mort, le sexe, l’interdit, la transgression… Il suffit de se souvenir du Dracula réalisé par Coppola, très proche du roman de Stoker, et en particulier de cette scène érotique entre la bête, l’immortel, le vampire et Lucy, pour illustrer la transgression. Le sexe et le sang… La transgression des tabous, la sexualité mythifiée, le désir et la jouissance des femmes exprimé à travers le personnage de Lucy, l’attirance irrépressible, l’immortalité, la crainte de la mort, la puissance, autant de thèmes qui sont présents dans le roman de Bram Stoker et en font une source d’inspiration. Car Dracula est une source d’inspiration, à l’évidence non tarie, si l’on pense aux romans à succès d’Anne Rice dont le réalisateur Neil Jordan a tiré un film, Entretien avec un vampire. Le mythe est toujours aussi fascinant et n’a pas fini de se reproduire.

Alors partir sur les traces de Bram Stoker (1847-1912), aux sources même de l’inspiration, et filmer la ville qui est l’un des décors du roman a de quoi aiguiser la curiosité. Whitby, petite ville du Yorkshire, entre la mer et les collines vertes… Le décor est planté, le port, l’abbaye en ruines, le cimetière… Il ne manque plus que la cape noire doublée de rouge… Mais elle est là, car la ville est fidèle à Stoker, elle se déguise et fait revivre le mythe. Tout le monde est à la recherche de Dracula. Transgressez, transgressez, il en restera toujours quelque chose… La nuit, les maudits, le sang, le sexe, l’anormalité… Tout un programme.

Photos : pour le Cercle Théo, Danièle, Adriana. Pour le studio, CP.