Chroniques rebelles
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L’An prochain la Révolution. Film de Frédéric Goldbronn
Samedi 29 mai 2010
Article mis en ligne le 30 mai 2010
dernière modification le 16 octobre 2011

par CP

L’An prochain la Révolution

Film de Frédéric Goldbronn

Avec Maurice Rajsfus

(DVD éditions du Monde Libertaire)

Et

Les Nouveaux visages de l’extrême droite

Conférence le mardi 1er juin

à l’Université de Paris 3

Ça commence à Aubervilliers, dans un quartier où rien n’a changé depuis des décennies. Défilent sur l’écran les photos en noir et blanc d’une banlieue populaire, avec son cinéma de quartier, les Jacobins, qui annonce à l’affiche — Attaque à mains nues ! (tout un programme !) —, sa boucherie, son épicerie générale, son coiffeur, ses ruelles pauvres. « C’est vraiment crapoteux » dit Maurice, «  la seule différence : il y a du bitume par terre, avant c’était des pavés. »

Un peu plus loin, un vieil immeuble de briques rouges : « Je suis né ici. Mes parents habitaient au deuxième étage. […] En bas, il y avait le salon de coiffure. C’étaient des amis […]. Le coiffeur était juif polonais comme mes parents. »

Retour à l’enfance, retour à une période sombre de l’histoire : « Ce n’est pas moi qui ai arrêté l’école, c’est l’école qui m’a arrêté ». « Mon père ? C’est difficile d’en parler soixante-six ans plus tard. C’était quelqu’un qui n’était pas destiné à vendre des chaussettes sur le marché d’Aubervilliers. En Pologne, il avait enseigné le russe. Plus tard, il enseignera l’hébreu à Vienne, dans un lycée, et lorsqu’il est arrivé en France… Il était clandestin au début, travailleur clandestin, puis il a été régularisé. Il a travaillé dans une maroquinerie, dans un atelier de l’usine Renault où il faisait, comme beaucoup, un boulot de con… Mes parents sont arrivés en France en 1923 et 1924. »

Aubervilliers, le marché où son père vend des chaussettes à plus pauvre que lui, le canal… Et puis l’obligation de porter l’étoile jaune, pour les reconnaître — les boucs émissaires —, la population juive encadrée par les agents serviles de l’occupant nazi, et la rafle au petit matin du 16 juillet 1942… « Encore une nuit de passée ! » avait dit son père la nuit précédente, mais Mulot, le voisin, le flic était venu faire son sale boulot, avec brutalité : on embarque tout le monde, même les enfants français ! Cette rafle, ces arrestations n’auraient pas été possibles sans l’adhésion de la police française qui fait alors du zèle et arrête les Français comme les étrangers… Ben quoi, faut faire du chiffre !

Question brutalité, rien n’a changé dans la chasse aux immigrés, aux clandestins. Aujourd’hui, ils et elles — les enfants aussi — sont renvoyé-es dans leur pays, à la misère, à la guerre… Et Maurice Rajsfus, «  historien de la répression », rassemble les notes, les articles sur les bavures et les comportements policiers, « cela rentre dans une recherche globale de la répression ». Il multiplie les conférences, les bouquins, fonde l’Observatoire des Libertés publiques en 1994, après la mort d’un garçon de 17 ans — Makomé — retenu illégalement en garde-à-vue au commissariat des Grandes-Carrières et tué par un policier, Pascal Compain, par tir «  à bout touchant appuyé ». Le bulletin Que fait la police ? paraît et dresse un état des lieux de la répression et des comportements policiers.

Maurice Rajsfus rencontre également des enfants pour leur parler de l’Occupation, pour décrire la répression, pour dire que tout peut recommencer…

« Je ne témoigne pas, dit-il, je raconte l’histoire. »

En deuxième partie de l’émission,

conférence sur

Les nouveaux visages de l’extrême droite

Les droites populistes, les partis vantant le retour à l’ordre moral, les groupuscules se réclamant d’idéologies autoritaires ou même fascisantes reviennent sur le devant de la scène politique. Phénomène qui a pour conséquence la résurgence de l’activisme d’extrême droite dans les universités.

La société vit dans la banalisation des idées autoritaires et populistes, entretenues par le gouvernement actuel et ses gimmicks — l’identité nationale, par exemple —, sous l’emprise des médias et de leurs
« informations » triées, de l’abêtissement par le divertissement, la marchandisation et le sport qui joue au nationalisme. Ajoutez à cela
les magouilles politiques, le culte du vedettariat et la crise, et l’on peut comprendre la circulation croissante de thématiques dangereuses et l’occupation sur le terrain par ses nervis.

Dans une conjoncture de crise économique, la question se pose en effet sur l’attrait populiste des tendances fascisantes et sur le basculement d’une situation politique vers un « fascisme » high-tech.