Chroniques rebelles
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Livres, cinéma, musique et dessins en direct…
Samedi 17 juillet 2010
Article mis en ligne le 25 juillet 2010

par CP

Invité des chroniques rebelles, Luc Arnault a dessiné en direct dans l’émission pour commenter à sa manière et avec ses crayons les sujets abordés dans l’émission…

Pour voir ses dessins du jour qui illustrent les actualités :

http://www.durdecifer.com

http://durdecifer.over-blog.com

Ou encore pour en voir une sélection :

http://www.divergences.be/spip.php?article2058

Pour une éducation humaniste Noam Chomsky (éditions de L’Herne)

Outre ses travaux de linguiste, son engagement libertaire et ses critiques du traitement de l’information par les médias ou encore de l’histoire officielle, Noam Chomsky est également un « penseur de l’éducation ».

Cet intellectuel, « militant libertaire, […] fortement attaché aux idéaux des Lumières et à une politique émancipatrice, ne pouvait manquer de s’insurger à la fois contre la tendance endoctrinaire de l’éducation telle qu’elle est trop souvent pratiquée dans les écoles ou les universités et contre la propagande politique qui en prend le relais, notamment dans les médias, toutes deux dressant autant d’immenses obstacles contre l’idéal d’une société libre, juste et véritablement démocratique. »

Pour une éducation humaniste est une brochure qui présente trois textes :
« Pour une conception humaniste de l’éducation » (1975), « Démocratie et éducation » (1994) et « Précis d’information et d’autodéfense intellectuelle » (1999). Dans ce dernier texte, « Précis d’information et d’autodéfense intellectuelle », il écrit : « La vérité n’est pas belle à voir, mais il est temps de la regarder en face. C’est ainsi qu’une presse libre (s’il y en avait une) se devrait de présenter l’histoire. Avec une bonne dose d’opiniâtreté, on parvient à glaner ici ou là quelques indices permettant de reconstituer la vérité. Mais pour cela, il faut faire un effort, et bien connaître le dessous des cartes. »
Pour une éducation humaniste où figure, en dernière partie, un entretien entre Noam Chomsky et Normand Baillergeon.

Dans la même collection, les carnets de l’Herne publient un entretien avec Noam Chomsky et Jean Bricmont, Raison contre pouvoir, le pari de Pascal.

À propos du même thème de l’éducation, deux autres ouvrages à signaler :

Henri Roorda ou le zèbre pédagogue (éditions du Monde Libertaire)

et

Éduquer pour émanciper (CNT)

tous deux d’Hugues Lenoir.

Dans Henri Roorda ou le zèbre pédagogue (éditions du Monde Libertaire), l’objectif d’Hugues Lenoir est de faire connaître un pédagogue libertaire méconnu, critique des limites des systèmes éducatifs autoritaires. Un discours critique plus que jamais d’actualité.

Henri Roorda fut à la fois un praticien et un critique du système éducatif en Suisse romande bien que sa critique dépassât largement cette région. Il fut impliqué dans l’École Ferrer de Lausanne et, pour lui, comme dans tout projet d’éducation libertaire, « il s’agissait non pas de dogmatiser, mais d’enseigner. C’est du travail que devait se dégager la morale », car, ajouta-t-il, « l’École Ferrer a tablé sur deux éléments d’avenir, qui permettent tous les espoirs, toutes les audaces : sur les enfants et sur le travail ».

Éduquer pour émanciper (CNT), un ouvrage dans lequel Hugues Lenoir se penche sur les pratiques et les théories éducationnistes du patrimoine anarchiste. Plusieurs articles dont « À l’origine du syndicalisme : l’éducation ou éduquer pour émanciper », « Syndicalisme et formation : une histoire en tension » et « Georges Sorel et l’éducation ».

Aisheen (Chroniques de Gaza)

Documentaire tourné en février 2009 et réalisé par Nicolas Wadimoff.

Dans une oliveraie ravagée par les bombardements israéliens, des Palestiniens ramassent du bois… C’est tout ce qui reste d’oliviers centenaires. « Pour retrouver les oliviers, il faudra attendre des générations », remarque le père, qui ajoute, « je ne sais pas par où recommencer notre vie. »

Cette séquence du film de Nicolas Wadimoff résume à elle seule le désespoir des habitants de Gaza que les différents gouvernements israéliens ont souhaité voir disparaître ou « sombrer dans la mer » comme le rêvait Itzhak Rabin. Gaza, prison à ciel ouvert et paysage de décombres : une bande de terre surpeuplée de 1,5 million d’habitant-es. Gaza qui subit un blocus inhumain, une punition collective qui touche la population civile et la prive de denrées, de soins, de matériel de première nécessité. Un accord entre Israël et l’Égypte ferme les points de passage vers l’extérieur, Erez Check-point vers Israël et Rafah vers l’Égypte.

Le blocus continue et la « communauté internationale » le « regrette » sans condamnation unanime. La population palestinienne, on la plaint beaucoup, ça ne coûte guère de pleurer sur la souffrance des enfants et de déplorer les bombes au phosphore utilisées lors de l’opération Plomb durci. Tout se passe comme si la population palestinienne devait rester dans cette situation invraisemblable et jouer son rôle convenu de victime, à blâmer bien évidemment.

Aisheen, « toujours vivants ».

Poste frontière égyptien de Rafah : quelques familles tentent de passer la frontière, pour des soins médicaux. Refus sans appel.

Beit Hanoun : un gamin, touché par un drone, raconte le déferlement des bombes et la mort d’un ami lors des bombardements de l’attaque israélienne de 2008-2009.

Hôpital Al Shifa : une mère est au chevet de son bébé touché par une bombe au phosphore, entre la vie et la mort.

Deux jeunes pêcheurs tentent de récupérer quelques poissons dans les filets. Il leur est interdit de pêcher en mer sous peine de se faire tirer dessus.

Sur la plage, une baleine est échouée, tuée par des roquettes : « s’ils le pouvaient, ils tueraient même les fourmis » commente l’un des témoins.

Le zoo, où les animaux sont nourris de graines d’oiseaux car il n’y a que ça pour le moment. Un zoo misérable, lui aussi bombardé. Le lion est mort faute d’être soigné. Il est empaillé et le singe surnommé Sharon s’énerve dans sa cage.

Une adolescente raconte la mort de sa mère fauchée par une bombe, sous ses yeux, dans la cuisine. Il faut vivre avec la mort et la menace des bombes au phosphore, apprendre à ouvrir le larynx pour permettre de respirer.

Au centre de loisirs, les enfants regardent les clowns qui parlent des raids aériens.

Les valeurs de la vie humaine sont-elles les mêmes vis-à-vis des Israélien-nes et des Palestinien-nes ? Sont-elles les mêmes concernant les occupant-es et les occupé-es ? Et c’est quand la fin du cauchemar ?
La réalité de Gaza est là, tout au long du documentaire de Nicolas Wadimoff et laisse libre une parole désespérée, révoltée, accablée…

Aisheen…Un documentaire à voir absolument.

La résistance populaire non-violente en Palestine, coordonné par Bernard Ravenel (Association France Palestine Solidarité). 21ter rue Voltaire, 75011 01 43 7215 19) ou sur Internet www.france-palestine.org

Droit à la vie ?

Alain Brossat (Seuil)

« Tels sont l’étrangeté et le paradoxe du « droit à la vie » aujourd’hui : bien davantage qu’un énoncé, une formule, il apparaît comme une force qui va et dont rien ne semble pouvoir arrêter l’expansion. Il couvre les domaines les plus variés, la santé, la procréation, l’ingénierie du vivant, la protection de l’enfance, la lutte contre la torture, la peine de mort, l’esclavage… Plus ce syntagme semble s’imposer comme une norme universelle et tous usages, plus il apparaît comme cette puissance qui soumet les pratiques humaines à ses conditions, et plus se multiplient les angles morts, les zones d’ombre, les « espaces autres » : là où ce n’est pas le « droit à la vie » qui règle les conduites et informe les sensibilités, mais une tout autre énergie ou pulsion, distinctement tournée, elle, vers la mort. » Alain Brossat.

La réversibilité du principe du “droit à la vie” en droit de mort prend une tournure incroyable. Comme le vit d’ailleurs le million et demi d’habitants de la bande de Gaza. Depuis les destructions et les pertes subies au cours de l’intervention terrestre et aérienne de l’armée israélienne, en décembre 2008 et janvier 2009, la population placée sous l’autorité du Hamas subit un blocus de la part de l’État d’Israël et l’aide humanitaire internationale n’y parvient qu’au compte-gouttes…

La communauté internationale, notamment les Etats-Unis et l’Union européenne assistent à l’asphyxie collective de la population et ce blocus apparaît à leurs yeux comme une sorte d’effet secondaire, mais apparemment inévitable de l’affirmation active par l’État d’Israël d’un droit à la vie, d’une condition d’intégrité et d’immunité dont la communauté internationale aurait nécessairement, pour des raisons historiques, à se porter indéfiniment garante.

Aux conditions de la diplomatie et des jeux stratégiques des grands États, occidentaux, le “droit à la vie” des uns a pour corollaire inéluctable le “laisser mourir” des autres, voire l’active complicité avec un “faire mourir” fondé sur le “droit” immémorial du plus fort.

Du droit des animaux à celui de la biodiversité, jamais le vivant n’a été tant défendu. Une préoccupation qui, selon Alain Brossat, anesthésie le sens critique.

Avec Droit à la vie ? Alain Brossat poursuit son travail de décodage idéologique entrepris avec Le Grand Dégoût culturel (Seuil, 2008).

Quelques ouvrages d’Alain Brossat :

Le Yiddishland révolutionnaire, 1983 (avec Syvia Klinberg), réédité chez Syllepse, 2009.

Les Tondues, un carnaval moche, Pluriel Hachette, 1993.

Pour en finir avec la prison, La Fabrique, 2001.

La Démocratie immunitaire, La Dispute, 2003.

Bouffon Imperator, Nouvelles Éditions Lignes, 2008.

Le Grand Dégoût culturel, Le Seuil, 2008.

Jenan, la condamnée d’Al Mansour

Zehira Houfani Berfas (LUX)

En mars 2003, une averse de bombes dévaste l’Irak. Zehira Houfani Berfas, séjourne alors à Bagdad et décide de témoigner de la vie quotidienne de la population sous les bombardements états-uniens. Jenan, la condamnée d’Al-Mansour raconte l’enfer irakien à travers l’histoire d’une fillette atteinte de leucémie à la suite du largage dans les années 1990 de bombes à l’uranium appauvri.

2003, l’Irak est frappé par un embargo économique depuis 13 ans. Zehira Houfani travaille dans les hôpitaux de la capitale irakienne avec la section montréalaise du groupe Irak Peace Team. C’est là qu’elle rencontre Jenan. Le gouvernement vide les hôpitaux pour y accueillir les soldats blessés et Jenan est transportée à la campagne chez des parents.

Débute alors pour Zehira Houfani une quête au cœur de l’Irak pour retrouver Jenan, lui donner des médicaments et un cahier à colorier. Elle traverse la région de Bagdad en flammes et croise des personnes terrifiées, déambulant entre les débris de leurs quartiers détruits et est témoin du courage et de l’hospitalité de la population irakienne.

De cette expérience, Zehira Houfani va tirer un récit et une analyse terrible des motivations et des conséquences de cette guerre, mais aussi de la fausse conscience des pacifistes occidentaux, fort silencieux dans cette guerre sans fin faite à la population civile irakienne.


Zehira Berfas Houfani est née en 1952 dans un petit village de Kabylie, en Algérie et son enfance est marquée par la guerre de libération qui opposa l’Algérie à la France coloniale. Elle vit au Canada depuis 1994, signe de nombreux articles dans la presse canadienne, notamment sur la tragédie algérienne. Dans le cadre d’une mission internationale, elle a séjourné en Irak avant, durant et après l’invasion des États-Unis. Elle est membre du groupe Iraq Peace Team et fait des conférences sur les conséquences désastreuses de l’invasion états-unienne en Irak sur la population.

Histoire d’un film. Mémoire d’une lutte

Tangui Perron (Éditions Scope et Périphérie)

Livre-DVD, richement illustré par des photos du mouvement ouvrier, permet de mieux comprendre des phénomènes caricaturés, fantasmés ou occultés : l’immigration, la banlieue, les mobilisations politiques et syndicales.

Le DVD

ÉTRANGES ÉTRANGERS

Documentaire de Marcel Trillat, Frédéric Variot (1970, couleur, 60’).
Image : Frédéric Variot. Son : Henri Roux. Montage : Catherine Dehaut.

Dans la nuit du 31 décembre 1969 au 1er janvier 1970, cinq travailleurs noirs meurent asphyxiés dans un foyer d’Aubervilliers. Dans le contexte de l’après 68, ce drame va connaître un retentissement national, à la fois politique et médiatique.

Marcel Trillat et Frédéric Variot réalisent alors Étranges étrangers, un documentaire qui montre sans fard les bidonvilles et les taudis.

Marcel Trillat s’est rendu dans les bidonvilles d’Aubervilliers et de Nanterre, à la rencontre d’immigrés d’origines portugaise et africaine. Composé d’images prises sur le vif et de témoignages, ce film dénonce avec force la politique alors suivie par la France en matière d’immigration.

De cette histoire est né le deuxième livre de la collection Histoire d’un film, mémoire d’une lutte. Écrit sous la direction de Tangui Perron, l’ouvrage retrace l’histoire du cinéma parallèle après 1968, les parcours de Marcel Trillat et Frédéric Variot, et aborde également la lutte des foyers avant le long conflit des foyers Sonacotra.

LE LIVRE

Écrit sous la direction de Tangui Perron, l’ouvrage retrace l’histoire du cinéma parallèle après 1968, les parcours de Marcel Trillat et Frédéric Variot, et dresse les portraits de syndicalistes. Il aborde également la réalité des bidonvilles et, pour une des premières fois, la lutte des foyers.

« Histoire d’un film, mémoire d’une lutte » est illustré par des photos du mouvement ouvrier et rassemble les contributions de Fanny Doumayrou, journaliste, Laure Pitti, historienne, et de Nicolas Jounin, sociologue. Ces regards croisés permettent de mieux comprendre des phénomènes caricaturés, fantasmés ou occultés : l’immigration, la banlieue, les mobilisations politiques et syndicales.

Cette collection Histoire d’un film, mémoire d’une lutte revisite notre histoire sociale contemporaine et son expression cinématographique. Chaque titre de la collection réunit un documentaire de création tourné au moment d’un mouvement social et un livre qui inscrivent la lutte dans le contexte politique, historique et cinéphilique de l’époque.

Le premier livre-DVD de la collection Le Dos au mur de Jean-Pierre Thorn.

Carole Roussopoulos

Caméra militante. Luttes de libération des années 1970

Dotée d’un sens aigu de l’Histoire, Carole Roussopoulos se saisit de la caméra vidéo au tout début des années 1970. Elle fonde à Paris, avec son compagnon Paul Roussopoulos, le premier groupe vidéo, « Vidéo Out », pour donner la parole aux « sans-voix », opprimé-es et exclu-es que les médias ignorent ou évoquent sans jamais écouter.

Une sélection de six films tournés au cours de la « décennie rouge » témoigne de son engagement, caméra au poing, dans les luttes de libération, ouvrières, homosexuelles et féministes. Ces documents uniques, libres et inventifs, sont accompagnés d’une série de contributions portant sur la pratique et les usages militants de la vidéo, dont Carole Roussopoulos est une figure majeure et pionnière.

Carole Roussopoulos (1945-2009) est une réalisatrice et militante féministe d’origine suisse.

Textes
▪ Nicolas Brenez. Carole Roussopoulos ou « l’attention créatrice »

▪ Jean-Paul Fargier. La vidéo militante contre la télévision

▪ Hélène Fleckinger. Une caméra à soi

▪ François Bovier. Images de Lip

▪ Carole Roussopoulos avec Hélène Fleckinger. Marcher le nez au vent

6 Films

Genet parle d’Angela Davis (1970, 7 min)

Le F.H.A.R. (Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire) (1971, 26 min)
Monique (Lip I) (1973, 25 min)

Christiane et Monique (Lip V) (1976, 30 min)

S.C.U.M. Manifesto (avec Delphine Seyrig) (1976, 27 min)

Maso et Miso vont en bateau (avec Nadja Ringart, Delphine Seyrig et Ioana Wieder) (1976, 55 min)

Pour commander :

PUBLICO ou Carole Roussopoulos. Caméra militante. Luttes de libération des années1970.

Association Carole Roussopoulos

www.carole-roussopoulos.com

contact@carole-roussopoulos.com

LES REVUES :

Documentaires (n° 22-23)

Mai 1968. Tactiques politiques et esthétiques du documentaire

Les commémorations du 40è anniversaire de mai 1968, comme les précédentes, ont été l’occasion de mesurer où nous en sommes à l’égard du projet d’une émancipation radicale, universaliste et égalitaire.

Nicolas Sarkozy, un an plutôt, avait activé l’antagonisme en réclamant que soit "liquidé" l’héritage de mai. Cela a plutôt eu pour effet d’inciter la revue à un vaste inventaire, l’amorce d’un bilan encore à venir de "l’évènement mai 68".

N’y a-t-il pas déjà, dans cette antagonisation de la relation à 68 une bonne nouvelle : si les plus hautes instances étatiques du présent peuvent faire de la "liquidation de l’héritage de mai 1968" une tâche centrale de l’heure, c’est bien que cet héritage est toujours actif, toujours menaçant pour les
nanti-e-s ?

"Mai 68" serait-il le nom actuel du "spectre" qui, depuis si longtemps déjà , "hante l’Europe" ?

Inversement, n’y a-t-il pas une fétichisation de "mai 68" qui tend à le dépolitiser et le vider de ses enjeux pour nous aujourd’hui ?
La revue veut ici tenter un effort de réappropriation de cet héritage décrié, dont les ennemi-es même leur enseignent à quel point il compte. Quelles leçons, encore fécondes, 68 nous a-t-il léguées, spécifiquement dans le champ des cinémas documentaires ?

Émission prévue en novembre 2010 avec plusieurs auteur-es de la revue.

Chimères n° 72

Clinique & politique

Nous ne sommes pas sortis des années d’hiver

Nous ne sommes pas sortis des années d’hiver. Et les conflits actuels autour du délitement des institutions en témoignent. À l’heure où le psychiatre, le juge, le professeur, le psychanalyste, se rassemblent (enfin) pour condamner la politique qui les vise, on peut voir aussi que la prophétie foucaldienne achève de se réaliser : ce sont les anciennes figures du pouvoir disciplinaire qui sont aujourd’hui directement mises à mort, et leurs institutions avec (institutions que bien souvent ils incarnaient personnellement).

Évidemment cela ne va pas sans dégâts et cela ne va pas sans morts. Et l’on ne saurait aucunement se réjouir, ou fêter cette nouvelle violence déterritorialisante du CMI. Non pas parce que la fin de cet ancien mode de gouvernementalité signe la prolétarisation de ces anciennes figures du pouvoir, mais surtout parce que ces dernières continuent d’oublier, dans leur ambition de résistance, les vrais prolétaires : ceux qui, depuis longtemps déjà, triment, oubliés dans les recoins ténébreux du Socius. Pour que le sommet de l’iceberg se fissure de la sorte à son faîte dans un tel craquement spectaculaire, il fallait que le bloc ait déjà été défait depuis longtemps à sa base, et que, surtout, rien n’ait été fait à temps pour prévenir son délitement fracassant, qui résonnera encore longtemps bruyamment dans nos esprits.

Quand, en d’autres époques, le mot d’ordre politique était de critiquer l’aliénation par le travail, aujourd’hui, sous le signifiant de résistance s’est glissée la revendication dérisoire (et assez triste) d’un : « nous voulons continuer à travailler ! ». Évidemment, personne n’est dupe. C’est bien que l’on soupçonne que l’aliénation qui vient (à défaut d’une véritable insurrection) est bien pire que la précédente. Foucault l’appelait « biopouvoir », et Deleuze, lisant Foucault, « contrôle ». Et, de la société disciplinaire à la société de contrôle, seule la réaction mélancolique semble se faire entendre : « Redonnez nous un vrai maître pas un manager ! » L’alternative paraît être entre Charybde ou Scylla : soit se résoudre à l’aliénation ancienne, soit en risquer une bien plus grande encore. C’est l’histoire qu’on raconte à l’enfant de « la fin de l’histoire » : il doit choisir entre deux craintes, entre d’anciens maîtres et de nouveaux plus terribles. Il doit se résigner à serrer les rangs —pour ne pas dire les fesses — « face à la menace », et c’est ainsi qu’on lui fait oublier qu’il pourrait combattre et refuser et les uns et les autres. Ironie du sort (ou logique des choses), c’est souvent la psychanalyse la plus normative qui devient l’une des figures de proue de cette injonction au renoncement, érigée tel le dernier et seul rempart face à la barbarie !

Ce n’est donc pas seulement la casse actuelle de toutes les institutions héritées de l’après-guerre, que tout le monde déplore, que nous constatons. Mais c’est surtout d’abord l’échec quant à la création de nouvelles institutions et même l’abandon de tout projet révolutionnaire ou d’émancipation qui est en cause, et dont nous souffrons. Pour que l’on puisse quitter le « réalisme politique », les « leçons de l’histoire » — et surtout celles où il est question sempiternellement de sa fin —, il s’agit de rouvrir l’histoire, de rêver et de mettre en lien notre histoire, nos histoires avec l’Histoire : pour que l’on schizo-analyse en somme. Ce n’est pas un hasard si c’est la folie qui est écrasée de toute part aujourd’hui, plus que jamais. Voilà l’ambition de ce numéro, voilà la scène conflictuelle sur laquelle se place Chimères et dont l’écho s’est retrouvé dans les discussions au sein même du comité de rédaction. Et comme l’Histoire est d’abord une histoire de désirs et d’inconscient, ce numéro sera spécialement consacré au rapport de
la « science psy » (psychanalyse, psychologie, psychiatrie) et du politique
pour aujourd’hui et surtout pour demain. Chimères propose donc de larguer les amarres, et d’ouvrir ses pages à cette critique qui manque
(et qui appellera son peuple), et à ces lignes de fuite toujours possibles : lignes de fuites théorico-politiques, lignes de fuite pour la folie, espace pour la parole de la folie. Assurément, il se pourrait que l’une des tâches qui s’annoncent ne consiste pas seulement à repolitiser le champ psy, mais à repolitiser l’inconscient lui-même. C’est dire l’immense travail qui nous attend, le gai savoir qui se prépare en ce moment même, secrètement, à l’ombre des puissances de l’inconscient.

Concept

Claire Nioche, L’institution des insoumis 


Anne Bourgain, Depuis Foucault, les loges de la folie 


Igor Krtolica, La « tentative » des Cévennes : Deligny et la question de l’institution

Anne Sauvagnargues, Les symptômes sont des oiseaux qui cognent du bec contre la fenêtre

Politique


Jean Oury, Florent Gabarron-Garcia, Psychothérapie institutionnelle et guerre d’Espagne. Entretien 


Jean-Claude Polack, Florent Gabarron-García, Psychiatrie et politique : deux questions à Roger Ferreri


Elie Pouillaude, Le concept d’aliénation en psychothérapie institutionnelle. L’apport de Bourdieu 


Caterina Réa, Daniel Beaune, Un destin post-œdipien de la psychanalyse ? Possibilités et limites


Clara Duchet, Florian Houssier, Vincent Estellon, Psychanalyse et politique, regards croisés
Matthieu Bellahsen, Psychiatrie : du futur au passé

Terrain


Anick Kouba, La contrainte à dire, dire la contrainte


Mireille Rosaz, De beaux draps 


Pedro Serra, Une rencontre décisive

Agencement 


Charlotte Hess/Valentin Schaepelynck, L’hiver des années 80 n’est pas terminé. Entretien avec François Cusset

Guy Trastour Politique, psychiatrie, institutions, trois focalisations 


Sophie Mendelsohn Ligne de conduite ou lignes d’erre ?

Fiction

Antonella Santacroce, Esquisse d’un voyage parmi les bûchers des âmes

Francis Bérezné Un élève indiscipliné reçoit du bâton


Covu, Dans la ligne de fracture de mes paysages-psychiques

Esthétique

Jacques Brunet-Georget, Du Trieb au trip : eXistenZ, ou comment « liquider » la pulsion

Clinique

Patricia Janody, Les cahiers pour la folie


Adrienne Simar, Ceci n’est pas une cure 


Florent Gabarron-Garcia, « L’anti-oedipe », un enfant fait par Deleuze-Guattari dans le dos de Lacan, père du« Sinthome »


Patricia Attigui, Penser le thérapeutique et la formation clinique aujourd’hui

LVE

Livio Boni, Sur la production du désir de Guillaume S-Blanc

Nicolas Tajan, « Etre psy ? » 


Pirangelo di Vitorio, L’uniforme et l’âme


Pierre Marshall, Filmer la psychanalyse ?

Gavroche n° 163

N° 163 : juillet-septembre 2010

Au sommaire :

 L’image de l’apache dans la caricature de la Belle Époque et de la Grande Guerre
par Bruno DE PERTHUIS

 Aux origines du racisme "scientifique" au XIXe siècle
par David VINSON

 Le regard sur le monde de Vaillant
par REMEDIUM

 Les pauvres à l’aumônerie Saint-Jean-Baptiste de Montreuil-Bellay (XIVe-XVIe s.)
par Geneviève SIGOT

 Une organisation ouvrière singulière : la F.O.R.A. argentine
par Pierre-Henri ZAIDMAN

Divergences : nouvelle parution

www.divergences.be

RÉSISTANCES…RÉFLEXIONS…

La démocratie participative entre détournement et inachèvement

Afrique du Sud 2010 : la Coupe immonde des townships

Corps de coupe et coupe du corps

Football et psychologie de masse

« La Philosophie de l’argent » (2)

Le policier et le Pékin

Le meilleur des mondes : les caisses automatiques

Bavardage durable

Sur l’angélisme « post-colonial »

Chomsky était à Paris : circulez ! Il n’y avait rien à voir !

Ces mauvais jours qui n’arrêtent pas d’en finir…

Le neveu de Freud a mal tourné

La beauté de la lame

De l’irresponsabilité du capital

Sans-logis volontaire

Une allocution du président de la république

Le président de la république parle de "l’Affaire" aux Français-es

INTERNATIONAL

Bolivie. Domitila, une femme des mines

Bolivie. Le massacre minier de Saint Jean

Canada-Québec. Grève au Journal de Montréal

Israël. Le danger vient de la mer

La bande de Gaza, présent-passé, passé, présent

Chine. La vie facile

Grèce. La vie facile

CINÉMA… THÉÂTRE…

L’An prochain la Révolution de Frédéric Goldbronn

Aisheen (Chroniques de Gaza) de Nicolas Wadimoff

LIVRES, REVUES

Le Mexique en armes. Guérilla et contre-insurrection 1943-1981 de Laura Castellanos (LUX)

Sourate pour Dubaï de Jean-Manuel Traimond (ACL)

Le programme et la main de Bernard Demiaux (Sextant)

Les philosophes des Lumières dans la France des années noires (1940-1944) de Pascale Pellerin (L’Harmattan)

Quel sport ? Football : opium du peuple et guerre en crampons

Réfractions N° 24. Des féminismes…

Chimères N° 72. Clinique & politique

Barricata. Le devoir de révolte. N° 21

UN GUIDE MÉCHANT [ET PARFOIS MOCHE] DE PARIS

Une verge d’airain

Hommage aux disparues

Hommage au fantôme

Hommage à la ressuscitée

Le monument aux mères françaises

Décoration des Invalides. Diversité dans l’unité

Une intéressante théorie

Les canons des Invalides

PHOTOS… ART… VIDÉOS…

Marche des femmes. Solidarité contre les violences sexistes

Femmes en marche ! Femmes en luttes !

Grand tableau antisexiste collectif

Contre la réforme des retraites. Manifestation du 27 mai 2010

Contre la réforme des retraites en région

Contre la réforme des retraites. Manifestation du 24 juin 2010

Pour une radio publique indépendante, Radio France, 1er juillet 2010

Le dessin du jour par Luc Arnault

BARRICATA n°21
(été 2010)


Au sommaire :
 Apéro saucisson-pinard : une manipulation réussie


 Peut-on critiquer Israël ?


 Didier Bernard des Conti, un combat pour la dignité ouvrière 


 Les Skalopes passent sur le grill


 La dope : toujours au service du pouvoir 


 Interview de Joke 


 Dossier : Femmes, debout ! (30 pages !)


(La lutte des femmes de People & Baby

Un questionnaire nous questionne 


Interview de Sharon Woodward

les Communeuses, interview de Martine Storti

interview de Corinne du Planning Familial

Les Mujeres Libres

Quand je dis oui, c’est oui, mais quand je dis non, c’est non)

 Histoire : Erich Mühsam 


 Interview de The Midnight Rovers


 David Morgan Thomas, un romancier social 


 interview de Strike Anywhere 


 Stratégie de paix : rap conscient 


 Interview de Napalm Death 


 Chroniques de livres, zines, disques