Chroniques rebelles
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Samedi 21 juillet 2007
I.C.O. La Grève généralisée. Mai-Juin 68 (Cahiers Spartacus)
avec Henri Simon
Article mis en ligne le 20 décembre 2007
dernière modification le 21 décembre 2007

par CP

Dernière parution des Cahiers Spartacus, ces textes de Mai-Juin 1968 font partie d’une série de rééditions initiée par le collectif Spartacus.
Cet ouvrage rassemble des textes écrits à chaud par ceux et celles qui formaient alors Informations Correspondance Ouvrières, ICO.

La préface d’Henri Simon replace ICO dans le contexte de cette époque et de celle qui a précédé — depuis 1958 —, mais, écrit-il, « Retracer son histoire, si cela peut permettre de comprendre la genèse de la présente brochure écrite dans le feu de l’action au cours de l’été 1968, n’est pas totalement donner vie à tout un ensemble de relations qui n’étaient pas seulement politiques, à des incompréhensions, à des différends qui ne venaient pas toujours à la surface. »

Diversité dans les réflexions, dans les analyses, dans les champs de lutte, ICO n’était cependant ni une organisation, ni un syndicat…
ICO rassemblait des anarcho-syndicalistes, des conseillistes, des anciens de Socialisme ou Barbarie, plusieurs générations d’activistes… Certains avaient connu la crise des années 1930, la révolution et la guerre civile espagnoles, la Seconde Guerre mondiale, la prison, les luttes, la clandestinité… Tous et toutes avaient à cœur la « primauté de l’expérience dont l’analyse permettait d’aborder des considérations théoriques », de même que « l’intervention dans les luttes était le fait de chaque participant qui agissait alors en tant que travailleur et non comme membre d’une organisation. ICO refusait de se poser en groupe révolutionnaire qui tenterait de propager des schémas soit de lutte, soit d’une société future, considérant qu’il appartenait aux travailleurs eux-mêmes, engagés dans le processus d’exploitation du travail, de décider des conditions, des formes et des perspectives de la lutte. Il était évident que ce faisant, ICO ne se comportait en aucune façon comme une organisation, parti ou syndicat ou tout autre groupe idéologique. »

La grève générale est-elle seulement un mythe alors qu’aujourd’hui le droit de grève est remis en cause ? Et c’est particulièrement sur ce point que les textes d’ICO révèlent un pragmatisme tout à fait actuel dans l’analyse d’une situation insurrectionnelle, néanmoins toujours sous contrôle étatique. Une analyse qui s’est faite dans un moment que beaucoup vécurent comme une utopie possible :
« Dès que la grève généralisée débouche sur l’organisation de la production par les producteurs, se pose le problème du pouvoir à l’échelon de l’entreprise, de l’État, du monde entier. Le pouvoir social se trouve aux mains des travailleurs lorsqu’ils gèrent leur propre activité dans les entreprises ; cependant, la survie d’organes du pouvoir politique disposant d’un appareil répressif (police, service d’ordre, partis, etc.) provoque tôt ou tard un conflit. »

Rien de nouveau peut-être, mais « la dictature du capital, le léninisme, le le stalinisme et les fascismes de tous ordres, la deuxième guerre mondiale, ont réussi à effacer jusqu’au souvenir de tout ce qui, dans la Russie de 1917, l’Allemagne de 1918 à 1921, l’Espagne de 36-37, la Hongrie de 1956, pouvait attester de l’existence d’un courant d’émancipation visant à l’organisation de la production et de la consommation par les producteurs eux-mêmes. Au-delà du problème du pouvoir, cette nouvelle société — dont nous savons désormais qu’elle est tout autre chose qu’un mythe consolant — devra résoudre des problèmes économiques, ceux d’une production et d’une distribution communistes. »
I.C.O. La Grève généralisée. Mai-Juin 68 (Spartacus).

CP