Chroniques rebelles
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Samedi 7 juillet 2007
L’Algérie des généraux
Lyes Laribi (Max Milo)
Article mis en ligne le 20 décembre 2007
dernière modification le 21 décembre 2007

par CP

« L’État ne sert pas la nation, mais lui porte préjudice. »
Qui dit cela ? C’est difficile à croire, mais c’est l’actuel président algérien.
Crise de conscience ou lapsus malencontreux ? « À bon entendeur salut. »
conclut Lyes Laribi dans L’Algérie des généraux.
Lyes Laribi est également l’auteur d’un précédent ouvrage, Dans les geôles de Nezzar, sur le système carcéral et la répression en Algérie.

L’Algérie des généraux est un ouvrage très détaillé qui nous permet de cerner la nature du régime algérien, de « comprendre comment quelques généraux ont pu faire main basse sur le destin de l’Algérie, et tracer des lignes rouges autour de leurs vitrines légales (présidents de la République, chefs de gouvernement, ministres, juges, députés…) [Et] comment ce pouvoir opaque et parallèle s’est […] substitué au pouvoir légal ».
D’où certaines questions comme : qu’est-ce qu’un pouvoir légal et quelle pourrait être la nature d’un pouvoir légal ?

La remise en cause du pouvoir et les hypothèses n’ont certes pas été absentes durant les dernières décennies de l’histoire algérienne. La violence subie par toute une population, les enjeux du pouvoir, les luttes pour ce pouvoir ont évidemment été discutés et analysés. Mais la chronologie des évènements, les analyses croisées, les témoignages et les interrogations du livre de Lyes Laribi entraînent immanquablement la remise en cause des thèses officielles, livrent un éclairage différent sur la situation et conduisent à une réflexion sur fond de querelles internes des militaires et des clans.

« Le troupeau est lâché,

Les chacals sont aux aguets.

La hideur d’une liberté pervertie

A fait leur union.

À semblable liberté

L’oppression d’hier est préférable.

Certes nous peuplions les geôles,

Le chemin au moins nous était visible.

Les ténèbres se répandent

Et les ventres sont vides.

Les mosquées s’érigent,

S’abritent à l’ombre de la disette.

Les mosquées s’érigent,

La disette les fera pulluler. »

Lounès Matoub, Les Monstres.

Lounès Matoub a été assassiné en juin 1998. À « l’annonce de sa mort, des manifestations spontanées ont éclaté dans les rues et les villages kabyles, […] des milliers de jeunes sont sortis crier leur colère, accusant le pouvoir d’être derrière cet assassinat, en scandant : “Pouvoir assassin”. »
Par qui l’assassinat de Lounès Matoub a-t-il été commandité ? Le chanteur-poète engagé dérangeait beaucoup de monde et était le symbole de la résistance amazighe.

Assassinats politiques, répression, arrestations de masse, massacres, exécutions ont émaillé les dernières décennies de l’histoire algérienne et, entre autres questions, Lyes Laribi en pose une — essentielle — : « quels sont les moyens de sortir de cette impasse ? »