Chroniques rebelles
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D’égal à égales. Film de Corinne Mélis et Christophe Cordier et Article 11
Samedi 12 mars 2011
Article mis en ligne le 13 mars 2011

par CP

D’égal à égales

Film de Corinne Mélis et Christophe Cordier (2010, 52mn)

Elles s’appellent Nora, Dorothée, Keira et Anissa. Elles sont immigrées ou filles d’immigrés, et syndicalistes.

Face à la dureté des conditions de travail et à la précarité des salarié-es dans les secteurs du nettoyage, des services aux particuliers et aux entreprises où l’on retrouve nombre de femmes issues de l’immigration, elles ont choisi de s’engager.

Activistes en milieu masculin, elles sortent des rôles féminins attendus. Elles prennent la parole, s’organisent, bougent, librement inspirées par les ouvrières en lutte de LIP qu’elles redécouvrent à travers le film À pas lentes (1977, Collectif Cinélutte). Dans une société où sexisme et racisme restent d’actualité, tandis qu’augmente la violence des rapports de force dans le travail, elles nous racontent une démarche d’émancipation individuelle et collective. Dans l’espoir d’être traitées, enfin, « d’égal à égales ».

Avec Corinne Mélis, Larry Portis…

et

Article 11

Avec l’équipe du bi-mensuel, Jean-Baptiste, Adrien, Lemi, Laure et Jean-Pierre Garnier, Samantha…

L’égalité hommes/femmes dans le travail, nous en sommes loin ! Et si les femmes représentent aujourd’hui la moitié des salarié-es, elles gagnent en moyenne 28 % de moins que les hommes et sont 82 % à travailler à temps partiel. L’égalité professionnelle, on en parle beaucoup et dans de grandes envolées mais, dans la réalité, la mise en pratique se fait attendre à tous les niveaux de la société. La progression de l’égalité professionnelle demeure théorique et les clichés perdurent.

Les femmes feraient soi-disant preuve de « moins d’ambition que les hommes » a dit le Premier ministre, voilà qui traduit assez bien le taux de sexisme ancré dans les mentalités et montre aussi l’absence de volontarisme des dirigeants concernant les inégalités injustifiables entre hommes et femmes.

« À travail égal, salaire égal »… La revendication est toujours aussi importante et actuelle, car les bilans sociaux, les rapports, les statistiques soulignent les discriminations dont sont toujours victimes les femmes salariées dans les secteurs du public et du privé, qu’il s’agisse des salaires, de l’accès à la formation professionnelle, du déroulement de carrière ou du fameux « plafond de verre » à partir d’un certain niveau de responsabilité. En outre, si elles sont plus diplômées que les hommes, les femmes sont plus nombreuses à être au chômage, à devoir accepter le temps partiel imposé et les boulots précaires et dévalorisants. Sans parler des conditions de travail puisqu’elles sont, par exemple, de plus en plus nombreuses à travailler de nuit.

Anissa, Dorothée, Keira et Nora, quatre femmes qui ont décidé de prendre la parole contre les inégalités. Elles sont issues de l’immigration et, à ce titre, elles subissent une triple discrimination : sexiste, raciste et sociale. D’égal à égales de Corinne Mélis et Christophe Cordier raconte leur prise de conscience, leurs luttes pour les droits des femmes, pour la dignité. Le film suit ces quatre itinéraires d’où il ressort une réflexion sur l’émancipation individuelle et collective, car les deux réalisateur-es ont choisi de croiser les expériences d’Anissa, Dorothée, Keira et Nora avec les paroles des ouvrières de LIP dans les années 1970.

Hier et aujourd’hui… Les mêmes constats, mais également la même détermination, comme le souligne Keira au début du film : « C’est pas un syndicaliste homme qui va décider ou parler à notre place, ça c’est hors de question. Qu’on nous aide, c’est une chose, mais qu’on parle à notre place, c’est autre chose. »

Article 11 . Il y a le site …

http://www.article11.info/spip/La-Tunisie-est-l-avenir-du-monde

http://www.article11.info/spip/Les-sept-du-Mirail-proces-d-un

Et il y a maintenant, et depuis trois numéros, le papier. Un bi-mensuel qui assure et assume une volonté de casser les critères, les formats et autres chartes journalistiques et graphiques… OUF ! On respire, v’la autre chose qui veut informer — avec recul —, amuser — avec curiosité —, fini les sempiternelles reprises des dépêches AFP et Reuters !

http://www.article11.info/spip/Veni-vidi-imprimi

Si l’équipe dit qu’elle "n’a pas les moyens", il est certain qu’elle a l’imagination, le regard critique et l’envie d’autre chose à partager avec les lecteur-es. On tourne la page et c’est une autre rencontre et, en plus, c’est joli à voir !

http://www.article11.info/spip/Howard-Zinn-un-hommage-de-Noam

Les couleurs. Toujours le bleu (un des graphistes a-t-il/elle flashé sur Klein ?) et une autre couleur, selon les numéros, "c’est en bichromie. On a pris le partie de travailler avec le bleu qui revient de numéro en numéro et avec lequel on fait la plupart des choses. Et il y a une deuxième couleur qui change d’un numéro sur l’autre." Le troisième numéro sort le 15 mars.
Et côté début de phrases, ça ondule… Fini les blocs — tous pareils dans les journaux papier —, la typo change aussi, histoire de surprendre l’œil.

Les illustrations, elles sont là, non pas pour "meubler" des espaces, mais comme des images qui ont à dire elles aussi, au même titre que les textes.
Et faîtes un détour par la chronique de Lucien, "Embedded à l’UMP".

Un mot sur les mots (sic) croisés (je crois que je vais m’y mettre !) et sur la chroniques judiciaire signée antimollusques qui décrit "tout ce qui est des logiques de domination de classes. Même si cela n’est pas dit de manière abrupte, c’est ce qui ressort, c’est-à-dire criminalisation de la pauvreté, des petites gens qui se retrouvent face à l’institution judiciaire sans maîtriser les codes. Et pour cette chronique, il fallait trouver un ton et aborder le problème de la justice de manière différente, montrer les détails, montrer les à-côté. C’est en fait parti d’un compte-rendu du procès de Vincennes fait à des sans-papiers accusés d’avoir mis le feu à leur taule — c’est appelé centre de rétention, mais c’est en fait une taule —, et cela m’a intéressé de fréquenter ces endroits qui sont des lieux de pouvoir, de parler des codes et de cette violence institutionnelle, symbolique, cette violence d’État qui s’exerce dans ces endroits. "

Article 11  : en kiosque, dans certaines librairies — Publico, 145 rue Amelot, 75011 Paris — dans toute la France et sur abonnement (en France 15 euros par an pour 6 numéros. Chèque à l’ordre de Article 11, 3 allée Gambetta. 92 110 Clichy. mail redaction@article11.info)