Avec Fred Alpi et Lila.
Musique d’abord avec Fred Alpi et un nouvel album, J’y croyais pas qu’il a présenté jeudi dernier en concert.
Et en deuxième partie, le Burkina Faso et la contestation qui s’amplifie dans tout le pays, bien que les médias français soient plutôt absents sur le terrain. Les mouvements sociaux du Burkina Faso sont en effet rarement médiatisées et l’on peut se poser la question de la place de ce pays dans le système Françafrique.
Mais d’abord place à un texte que j’ai choisi d’emblée pour commencer ces chroniques : Étranges Abysses…
Chaque fois qu’éjacule le fascisme ordinaire
Celui qui rend le sourire aux actionnaires
Terrorisés par les anarcho-autonomes
Qui voudraient libérer les déviants du génome
On voit disparaître le plaisir de l’instant
Remplacé illico par la terreur d’un présent
Et d’un futur qui se rêvent au passé
Privés des imprévus qui les font angoisser…
[…]
Ces clones décérébrés par la logique militaire
Mais quand je dis non, je ne renonce pas
Me taire serait laisser croire que je ne juge pas
La conscience s’éveille avec la révolte
Celle qui concrétise la colère qu’on récolte
Mais si penser, c’est déjà désobéir
Nos seules intentions ne permettent pas d’agir
Il manque encore le courage et l’intelligence
Qui nous donneront la force de répondre à l’urgence
En choisissant la vie contre le sacré
C’est avec joie que nous allons blasphémer
Nous délivrer de Dieu pour délivrer le monde
Et détruire les gamètes de la bête immonde
Ce n’est pas seulement la vie que nous voulons
C’est également son sens et ses raisons
Et que je sois une femme ou un homme
Je me révolte, donc nous sommes.
Fred Alpi et Fred Bureau, concert donné à la CNT rue des Vignolles pour la sortie de Joe Hill. Les IWW et la création d’une contre-culture ouvrière révolutionnaire de Franklin Rosemont, éd. CNT région parisienne, 2008 (Trad. Fred Bureau. Préface de Fred Alpi et chanson).
Contestations populaires au Burkina Faso
Depuis le 22 février dernier, la jeunesse du Burkina Faso se révolte à la suite de la mort d’un collégien, Justin Zongo, dans des circonstances étranges. Le 20 février, après son arrestation par la police, les autorités déclarent qu’il est décédé des conséquences d’une méningite. À l’annonce de la mort du jeune homme, la mobilisation des élèves se transforme en soulèvement. Les manifestations ont d’abord eu lieu à Koudougou, dans le Centre-Ouest du Burkina Faso, d’où est originaire Justin, puis elles se sont très vite étendues à tout le pays.
Le gouvernement a d’abord choisi de n’opposer aucune résistance à la revendication des jeunes, espérant ainsi une accalmie. Dans la foulée, le directeur de la police et le gouverneur de la région du centre-ouest ont été relevés de leurs fonctions, et les manifestants interpellés ont été libérés. Mais la répression a vite repris la place des tentatives d’apaisement « pour que cessent ces agissements contraires aux règles qu’impose l’État de droit à chaque citoyen. » (déclaration du gouvernement)
Ces mises en gardes peuvent-elles désamorcer une colère de plus en plus grande et qui gagne toute la société ?
Les universités sont fermées ; et voilà qu’une affaire, celle de militaires condamnés pour violences, montre que le deux poids deux mesures règne dans le pays. Les militaires, en réaction au jugement, ont commis des actes de vandalisme, ont brutalisé la population, sans pour autant être inquiétés ou arrêtés, tandis qu’on refuse de faire toute la lumière sur la mort d’un élève.
On se souvient de l’affaire Norbert Zongo, journaliste assassiné dans des circonstances jamais éclaircies, affaire qui avait provoqué des émeutes dans le pays. Alors qu’en est-il de cette nouvelle mobilisation contre l’impunité des autorités ?
Pour nous en parler, Lila, qui analysera la situation au Burkina Faso, et particulièrement, le mouvement des étudiant-es.
Lire l’article de Lila dans Divergences :