Chroniques rebelles
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Avis au consommateur de Pun Ngai. Trois Rwandaises accusent l’armée française
Samedi 10 septembre 2010
Article mis en ligne le 11 septembre 2011
dernière modification le 17 janvier 2012

par CP

Avis au consommateur

Chine : des ouvrières migrantes parlent

Enquête de Pun Ngai

Traduction de Claire Simon et Hervé Dénès (L’Insomniaque)

Avec Claire Simon

et

Amnistie partout, justice nulle part

Rwanda : trois femmes accusent l’armée française

Avec Aya Cissoko et Nestor Potkine

Nous parlerons aujourd’hui des femmes, des femmes exploitées, violentées, ignorées, violées…

Être femme n’est guère facile, du moins pour une large majorité d’entre elles, leur situation étant encore plus dramatique dans certains pays et dans certaines situations de guerre ou de crise aggravée. Un rapide tour d’horizon des pays occidentaux, la France par exemple, pointe les différences salariales en hommes et femmes. Il est à présent un « fait établi » — et peu de gens semblent s’en offusquer ! — que les femmes salariées gagnent en moyenne 27 % de moins que les hommes. En Angleterre, une étude récente prévoit pas moins d’un siècle pour atteindre l’égalité salariale. No comment ! Les femmes sont en grande majorité dans les boulots précaires, les mi-temps soi-disant « consentis » et autres CDD. L’exploitation adopte partout différentes formes, on peut compter sur l’imagination de ceux qui en profitent.

En Chine, la situation des femmes migrantes — villageoises qui partent travailler dans les grandes villes — est dantesque. Preuve en est ce livre de Pun Ngai, publié par l’Insomniaque — Avis au consommateur — qui dresse un portrait cru de « l’atelier du monde » que sont les villes côtières du Sud de la Chine.

Avis au consommateur est une enquête auprès de seize paysannes devenues ouvrières qui font le récit de leurs mésaventures dans les villes-usines où sévit un système d’exploitation féroce. Les parcours de ces femmes sont incroyables. Elles racontent leur arrivée, les rabatteurs dans les gares, les premiers boulots, les bas salaires — et même leur non-paiement —, les horaires démentiels, les amendes, la discipline brutale, le surmenage, les accidents et les maladies professionnelles, l’encasernement ou encore les logements insalubres et le travail à la chaîne sans aucun recours aux euphémismes habituels à propos des conditions de travail. Les conditions décrites par les femmes révèlent que ces entreprises, qui vantent le miracle économique chinois, sont en fait de véritables bagnes industriels.

« Maintenant, c’est boulot-dodo, [dit l’une des ouvrières], je ne fais rien d’agréable et je pense tout le temps à rentrer au pays. De toute façon, je ne suis plus toute jeune et travailler ici n’est pas mon but ultime dans la vie. Mais que je continue, ou que je rentre au pays, dans tous les cas, ce sera les mains vides. »
Avis au consommateur. Des ouvrières migrantes parlent.

La prise de conscience de ces femmes se fait par un apprentissage cruel, certaines regrettent leur naïveté, mais presque toutes font le constat d’une lucidité acquise qui les fait remettre en question les règles d’une société oppressante pour les femmes qui leur ôtent tout espoir d’autonomie. C’est peut-être pour cela qu’elles reviennent souvent dans ces villes-usines.

En deuxième partie des Chroniques, nous parlerons du Rwanda parce que les 12 et 13 septembre, est accueilli à Paris, en visite officielle, Kagame, président du Rwanda depuis qu’il a arrêté le génocide en 1994.
Cela signifie-t-il la reprise de relations françafricaines entre la France et le Rwanda ? Et l’on peut alors se demander s’il existe un marché entre Kagame, qui cesserait de reprocher à la France son rôle actif pendant le génocide, et Sarkozy qui oublierait d’évoquer les crimes de guerre ultérieurs du président rwandais.

Amnistie partout, justice nulle part !

Trois femmes, trois Rwandaises victimes de viols accusent l’armée française de complicité avec l’armée Hutu coupable de crimes contre l’humanité.
Saluons l’armée française au Rwanda, écrit Nestor Potkine dans le Monde Libertaire, saluons l’armée française « qui rassembla les réfugié.es tutsi dans des camps, et fit administrer ces camps par l’armée rwandaise génocidaire et l’administration rwandaise génocidaire. En gros, comme si l’armée [étatsunienne] entrant à Buchenwald en 1945 avait demandé à la Wehrmacht […] d’administrer le camp. Avec élégance, les soldats français du camp de l’une des trois plaignantes remercièrent l’administration rwandaise de leur fournir des listes des plus belles réfugiées Tutsi. Seules les femmes présentes sur cette liste étaient autorisées à sortir du camp pour aller chercher le bois, indispensable combustible pour préparer à manger. Pardon. QUAND il y avait à manger, parce que l’une des plaignantes se souvient fort bien que la généreuse armée française lui donnait une cuillerée à soupe de lait concentré. Par jour. Pour elle et ses trois enfants. »

Les femmes les plus belles sortaient donc en corvée de bois — cela ne rappelle rien ? — et elles étaient alors violées par les membres des forces armées de la République Française.

Les 12 et 13 septembre prochains, le président du Rwanda arrive en visite à Paris. Va-t-on tirer un trait sur les massacres et les horreurs qui se sont déroulées au Rwanda pour que les affaires reprennent ?

Amnistie partout, justice nulle part !

Trois femmes, trois Rwandaises victimes de viols accusent l’armée française de complicité… Elles ont survécu et depuis des années, elles se battent pour être entendues…

« Grâce à l’obstination de l’association Survie et d’une femme française, médecin, témoin atterrée du génocide de 1994 dont l’État français fut le complice actif, grâce donc à Annie Faure », les trois femmes violées ont pu porter plainte.

« Trois plaintes seulement ? Alors que des dizaines de milliers de femmes ont été violées ? Tout d’abord, un très grand nombre de femmes violées ont été ensuite assassinées. Le cas échéant, après avoir été en plus torturées. Je ne parle pas de Ravensbruck 1943, je parle de l’Opération Turquoise, menée par l’armée française au Rwanda en juin 1994. Ensuite, selon un schéma aussi tragique que classique, ce sont les victimes qui sont persécutées, cependant que ce sont les meurtriers qui continuent à persécuter. Repoussées par leurs maris, par leurs familles, par leurs voisins, les femmes rwandaises violées mènent une existence très difficile. Ces femmes, le plus souvent, n’osent pas parler. À la fois pour ne pas revivre l’horreur, comme tant de victimes de tortures à travers le monde (très peu de survivants des camps nazis acceptaient facilement de parler de ce qu’ils avaient personnellement subis), et pour ne pas se faire remarquer dans leur pays. »

Avec Aya Cissoko et Nestor Potkine.

Aya Cissoko et Nestor Potkine animeront un débat sur ce même sujet

samedi 24 septembre à 16h30 à la librairie Publico

145 rue Amelot

75011 Paris.

http://www.izuba.info/francegenocide/conclusion-l-etat-francais-etat,013.html