Chroniques rebelles
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Samedi 22 décembre 2007 : ÉTATS-UNIS
Mumia Abu-Jamal. Un homme libre dans le couloir de la mort et USA PATRIOT ACT. De l’exception à la règle
Claude Guillaumaud-Pujol (Temps des cerises) et Robert Harvey et Hélène Volat (Lignes)
Article mis en ligne le 23 décembre 2007

par CP

ÉTATS-UNIS
Chroniques de Philadelphie.
Mumia Abu-Jamal. Un homme libre dans le couloir de la mort.

de Claude Guillaumaud-Pujol (Temps des cerises)

USA PATRIOT ACT. De l’exception à la règle
de Robert Harvey et Hélène Volat (Lignes)

Dans ces premières chroniques sur Philadelphie, Claude Guillaumaud-Pujol retrace l’itinéraire du militant Mumia Abu-Jamal, enfermé dans le couloir de la mort depuis 25 ans.

Mumia Abu-Jamal, la "voix des sans voix", symbolise la lutte contre la peine de mort et celle des Black Panthers qui ont revendiqué la liberté, « le droit au travail, une compensation pour le préjudice subi par leurs ancêtres esclaves, le droit au logement, à l’éducation, le refus de la conscription, l’arrêt immédiat des brutalités policières, la libération de tous les prisonniers »… Et cela rappelle également la répression brutale de l’État US qui s’est abattu tant sur les Black Panthers que sur les militants et militantes de l’AIM (American Indian Movement).

Depuis 25 ans, la mobilisation est forte autour de Mumia, contre l’acharnement pénitentiaire et policier dont il est l’objet.
Mais que peut la mobilisation face à la nouvelle dérive autoritaire du gouvernement des États-Unis, confrontée aux outils législatifs dont celui-ci s’est doté depuis 2001 ?
La « guerre contre le terrorisme » fait toujours recette. Mais il faut souligner que le soit-disant “nouvel” ordre mondial était en place bien avant septembre 2001. Le cas de Mumia Abu-Jamal en est une triste illustration.

Six semaines après le 11 septembre 2001, le Congrès vote majoritairement le USA PATRIOT Act — l’un des appareils de lois les plus liberticides — à l’exception d’une seule voix contre, celle d’un sénateur du Wisconsin.
C’est une loi complexe que la plupart des membres du Congrès n’ont pas lu (350 pages) et qui est votée dans un contexte de totale irrationalité.
En effet, comment s’opposer à une loi qui prétend « unir et renforcer l’Amérique en fournissant des outils appropriés pour déceler et faire obstruction au terrorisme » ? (« Uniting and Strengthening America by Providing Appropriate Tools Required to Intercept and Obstruct Terrorism »)

Signée le 26 octobre 2001, cette loi d’exception est reconduite en 2005.
Robert Harvey et Hélène Volat résument la loi dans ces termes :
« Si certaines portions de ce gigantesque texte législatif sont relativement anodines, il n’en reste pas moins que l’Act modifie rien moins que quinze lois fédérales, qu’il octroie au gouvernement et à diverses agences gouvernementales (dont le FBI, la CIA, l’armée) des pouvoirs sans précédent et les autorise à faire irruption dans chaque aspect de la vie des citoyens. Inaugurant un nouveau régime fondé en majeure partie sur le secret d’Etat, il neutralise les contre-pouvoirs en vigueur dans le système gouvernemental en laissant le pouvoir administratif empiéter sur le judiciaire et, surtout, il met en place un système de surveillance électronique tous azimuts qui porte atteinte aux libertés individuelles des citoyens et des étrangers, en violation de leur vie privées. Les résultats sont manifestes pour qui veut les voir : en quatre ans, l’USA PATRIOT Act a […] permis des arrestations secrètes et des détentions illégales fondées sur l’arbitraire du pays d’origine, de la race ou de la religion. »

Une fois ce programme de lois d’exception approuvé par le Congrès et le Sénat états-uniens, l’ambiance tourne à la paranoïa, à la suspicion, avec des articles anticonstitutionnels, la légalisation de la surveillance électronique des personnes, la restriction des libertés, la délation… Bref le contrôle généralisé et banalisé.

Le nouveau ministère de la Sécurité du territoire peut « enrôler les agences gouvernementales et les compagnies privées pour qu’elles lui fournissent toutes les données possibles sur toute la population » et « exploiter des centaines de millions de dossiers et pouvoir en déduire qui est ou n’est pas une menace terroriste ».

La manifestation d’une psychose que représente le PATRIOT ACT n’est pas une exclusivité états-unienne, la "guerre antiterroriste" est largement exploitée et instrumentalisée par les États pour restreindre les libertés et maintenir une amnésie historique nécessaire au pouvoir.

Aujourd’hui, les « voix des sans voix » sont plus que jamais nécessaires, c’est pourquoi la mobilisation pour libérer Mumia Abu-Jamal est importante. C’est lever le carcan de lois scélérates, c’est lutter contre le racisme et résister au rouleau compresseur de la mondialisation de la peur qui va de pair avec la globalisation du capitalisme.

CP