Chroniques rebelles
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Les éditions Chant d’orties
Article mis en ligne le 24 décembre 2011

par CP

LA MARSEILLAISE

Hervé Mestron

Illustrations : Christine Dècle

Chant d’orties éditions

Un jeune homme de banlieue issu de l’immigration siffle la Marseillaise dans un stade de foot. Sa sœur cherche à comprendre les raisons de son geste ainsi que le déchaînement judiciaire et politico-médiatique qui s’en suit. En donnant la parole à Yasmina comme narratrice, l’auteur offre un texte tout en finesse et humour pour remettre en cause les paroles de ce chant en tant que symbole fédérateur des citoyens de la République.

LES DÉMONS DU MUSÉUM

Michel Perrin

Chant d’orties éditions

La nuit, au muséum d’histoire naturelle, les ombres deviennent menaçantes. Thomas, le fils du gardien, aidé de son amie Chloé et de son père, un commissaire pas comme les autres, tente de découvrir qui en veut au squelette de Lucy, notre ancêtre australopithèque. Entre un groupuscule créationniste, un taxidermiste noctambule et les fantômes de Buffon et Darwin, les deux jeunes iront jusqu’à risquer leur vie pour que le musée retrouve la paix. Mais y parviendront-ils. Au fond de la galerie, Thomas montre à Chloé le fameux Smilodon. - Ses crocs ont accroché la cape écarlate du fantôme... on aurait dit un lambeau de peau déchiquetée. En frissonnant, la fille rousse s’écarte du colossal fauve squelettique. Reculant, elle se heurte à une vitrine : celle dans laquelle sont exposés les Primates. Le garçon, stupéfait, fixe la cage de verre. Sa camarade étonnée se retourne et papillonnant des paupières effleure du regard les ossements. Sabrant la vitre qui protège un moulage des vestiges de Lucy, un mot est tracé à grands traits rageurs rouge feu et sang : guenon !

ALDO RÊVAIT

AUTEUR : LÉNA ELLKA

Illustrateur : Marion Claeys

Chant d’orties éditions

Aldo rêvait d’une voiture puis d’un garage puis d’un circuit puis d’une ville. Sur un rythme obsessionnel, le désir lui prend la tête et donc Aldo ne fait autre chose que tendre vers la satisfaction immédiate qui engendre un nouveau désir sur le même mode. Ce modeste album métaphysique nous dit qu’avec le désir, on construit le monde mais aussi que la satisfaction du désir le sature : lorsque tout est acquis, reste le vide, sidéral, pascalien.

L’illustration de Marion Claeys, selon technique du collage est particulièrement bien venue puisque peu à peu l’espace s’encombre et se noircit jusqu’à l’irrespirable. Un chat blanc mutique offre le contrepoint à l’agitation du récit. Avec fantaisie et distance, un petit conte de sagesse.

Avec Hervé Mestron et les éditions Chant d’orties, Thierry et Béatrice.

Les éditions Chant d’orties, une association dont le but est la promotion de la littérature sociale et de tous moyens d’expression s’y rapportant… Belle définition pour l’œuvre d’édition poursuivie, dans des domaines différents, de l’essai à la littérature…

Par exemple, La Marseillaise d’Hervé Mestron. Momo refuse de se considérer comme un modèle d’intégration, alors qu’il est né en France. Et ne voilà-t-il qu’un jour, il siffle, dans un stade médiatisé, l’hymne national. Du coup, tout le quartier de Momo est transformé en Loft Story sous les caméras… et l’œil des flics qui s’en donnent à cœur joie côté blagues racistes. Tout ça pour un coup de sifflet !

C’est donc la chronique d’un quartier sous haute surveillance avec Yasmina, adolescente qui n’a ni la langue, ni les yeux dans sa poche, et qui est la sœur de Momo. Elle observe, elle raconte, elle organise des micro-trottoirs…
« Comment peut-on rabâcher sans cesse par voie médiatique le devoir de tolérance, stigmatiser continuellement les dangers de la xénophobie et
en même temps sacraliser un chant qui accepte qu’il puisse y avoir un sang impur ?
 » Ça, c’est la question. Parce que, lorsque « je relis les paroles de la Marseillaise, j’ai de plus en plus envie de siffler ce chant malsain. » Et l’on peut ajouter que lorsque le gouvernement parle d’identité nationale, le sifflet s’impose aussi.

Sous le titre, Marius Gardebois dit le Savoureux, sont regroupés trois textes d’Albert Londres, Figures de nomades, L’arrivée d’un convoi de forçats à Saint-Laurent-du-Maroni et, enfin, Un scandale : la vie des libérés. Trois textes magnifiques contre toute forme d’enfermement et qui en dénoncent la barbarie et l’inutilité.

Comme l’écrit Claire Auzias, dans sa préface, « Dans tous les cas s’opère un simulacre de justice avant d’expédier le malheureux vers sa mort lente programmée. » Ce qui génère évidemment une réflexion sur la prison aujourd’hui, mais aussi sur la recrudescence du racisme d’État, et en particulier le racisme anti Rom.

« La prison moderne n’est assimilable ni au bagne d’antan ni aux camps de torture des guerres coloniales ni aux galères ; autant de lieux où périrent, parmi d’autres, tant de Roms. La prison est l’expression moderne de la
barbarie du siècle en cours. À chaque époque son niveau d’inconscience, d’inhumanité et de cannibalisme toléré. Lorsque la prison tue, voilà une bavure, un accident ou un dégât collatéral, car, défini comme tel, l’assassinat n’est point sa raison.
 »

Figures de nomades ouvre le recueil. C’est un texte qui, à mes yeux, évoque une Internationale du voyage, et si ce n’est la liberté, c’est toutefois la découverte et l’ouverture aux autres. La route et les rencontres, celle de Jean-le-Pied, celle du fils de Marius. Marius condamné à huit ans de travaux forcés, au bagne : « Quand un homme est condamné à huit ans et plus, ce n’est pas alors pour lui : quitte et double, mais quitte et crève. Il doit rester toute sa vie sur le Maroni. [En Guyane] »

Dans cette émission, il sera aussi question des projets et des autres publications des éditions Chant d’orties avec un enfant qui donne forme à ses rêves — Aldo rêvait — et, dans un autre genre — Les démons du muséum de Michel Perrin. L’histoire se situe au muséum d’histoire naturelle… Mystère autour du squelette de Lucy, ombres rouges menaçantes, mais un groupe intrépide ira jusques dans les catacombes pour défendre le musée menacé par une bande de créationnistes allumés.

Et pour commencer, la Marseillaise. Non, il ne s’agit pas de celle de Gaston Couté, La Marseillaise des requins — contre la guerre coloniale au Maroc — ni de celles, et il y en a plusieurs, de Jules Jouy, La Marseillaise des locataires, La Marseillaise de la jeunesse, La Marseillaise des fusillés. Non, il s’agit de l’hymne national, obligatoirement chanté par les élèves des écoles communales jusque dans les années 1960, chant totalement nationaliste et guerrier et qui appelle au meurtre avec la fameuse injonction :
«  Qu’un sang impur abreuve nos sillons » ! Mais qui est donc visé par cet appel sanguinaire ? Les jeunes étiquetés « jeunes des banlieues » ? Pas de réponse évidemment, sinon la répression.
Alors y a vraiment de quoi siffler, non !