Chroniques rebelles
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Ma vie de clandestin en France. 17 ans d’errance dans la France d’en dessous de Mehdi Sayed. Deuxième partie : Éric Frasiak
Samedi 21 janvier 2012
Article mis en ligne le 21 janvier 2012
dernière modification le 22 janvier 2012

par CP

Ma vie de clandestin en France

17 ans d’errance dans la France d’en dessous

Mehdi Sayed (L’Échappée)

Avec la collaboration de Virginie Lydie

Octobre 2011

Mehdi Sayed est Tunisien. Depuis l’âge de 11 ans, Mehdi veut venir en France. En 1991, il y parvient , il n’a que 14 ans. Pendant 17 ans, Mehdi vit clandestinement en France. Il y a tout fait, tout vécu, jusqu’à la prison. 17 passages en prison, près de huit ans de sa jeunesse gâchés, jusqu’à ce que la police retrouve son identité. Expulsé en Tunisie en 2009, interdit de territoire français, il tente à nouveau de gagner la France en cette période de révolution du Jasmin.

C’est en France et nulle part ailleurs que Mehdi veut vivre. Son histoire brûlante est celle de sa vie de clando en France et de sa vie de paria en Tunisie. Car là se trouve la double peine de Medhi : il n’est rien en Tunisie, et il n’est rien en France.

Pourquoi un tel acharnement ? Comment survit-on en France quand on est clandestin ? Comment est-on un « mort-vivant » en Tunisie quand aucun avenir ne s’ouvre à vous ?

La réponse est là, racontée à quatre mains. Terrifiante...

Il est des livres qu’il est important de lire pour comprendre les situations vécues par des personnes que l’on côtoie tous les jours, souvent sans les voir. Il est des livres qui témoignent de ce qu’est « brûler » les frontières pour ces hommes, ces femmes… Ces adolescents en ce qui concerne Mehdi Sayed, il a 14 ans lorsqu’il réussit sa première tentative de traverser la Méditerranée pour atteindre un ailleurs idéalisé.

Ma vie de clandestin en France. 17 ans d’errance dans la France d’en dessous de Mehdi Sayed, est l’un de ces livres. C’est une rencontre avec une réalité crue, sans fioritures, sans superflu pour décrire l’itinéraire d’un être humain qui se débat pour sa dignité et gagner le droit d’être indépendant.

L’année dernière, nous avons reçu Virginie Lydie pour son livre, Traversée interdite. Les harragas face à l’Europe forteresse. Elle y recensait les témoignages de candidats et de candidates au départ, à l’exil, les témoignages de clandestins, d’expulsés qui évoquaient les difficultés de cet exil et la traque des sans-papiers.

Mais comment arrêter de rêver ? Circuler librement n’est-il pas le propre de l’être humain ? Comment renoncer à l’espoir d’un ailleurs lorsque le sentiment d’enfermement domine ?

Mehdi sait qu’« un jour de chantier [ici] rapporte autant que quinze jours de travail au sud. […] Il sait que, même s’il trouve du travail dans son pays, il ne gagnera pas suffisamment pour être indépendant et avoir son propre logement, en dehors de la famille. [Alors] La rue, la prison même, sont plus faciles à supporter que le poids des regards. »

Partir ou mourir. Dissuasion et répression n’y changent rien, la galère non plus quand on a grandi dans des familles où la préoccupation majeure est la survie au jour le jour. Quand le futur est en cul-de-sac, on a envie d’aller voir ailleurs. Un ailleurs hostile où nombreux sont ceux et celles qui s’y perdent.

16 janvier 2012. Rafle dans le quartier de la Goutte d’Or. Des flics en civil accompagnés d’un dispositif de CRS chassent dans les rues. En milieu de matinée, une personne constate que déjà plus de 20 personnes sans papiers ont été arrêtées alors que le dispositif se déploie dans le tout quartier. L’opération se poursuit toute la journée, les flics en civil arrêtent des gens en continu dans les rues et les cafés. Un homme réussit à s’enfuir malgré les sept flics à sa poursuite. Les personnes appréhendées sont emmenées au commissariat de la Goutte d’Or.

Le pire est qu’il semble que l’on s’y habitue… La « douce France », pays des droits humains… L’ironie est amère. Plus jamais ça ! disait-on il n’y a pas si longtemps. Alors jusqu’à quand allons-nous supporter les politiques et les pratiques racistes des quotas, des rafles, des contrôles au faciès, des brutalités policières ?

Le recours à l’enfermement est devenu systématique, sans recherche d’alternatives. En 2010, plus de 60.000 personnes sont passées par un centre de rétention. La surenchère répressive bat son plein. Le nombre de places en centre de rétention a augmenté de plus de 80 % entre 2005 et 2011.
Il est des livres qu’il est important de lire pour comprendre les situations vécues par des personnes que l’on côtoie tous les jours, sans les voir peut-être, et aussi de prendre conscience de la banalisation de la barbarie…

Éric Frasiak

Autour d’un album et de ses projets

Éric Frasiak… Une découverte, au XXème théâtre, le 5 décembre 2011, dans un concert pour les 50 ans de l’Union pacifiste…

Belle rencontre que ce type qui déboule sur scène avec sa guitare et se met à chanter le monde, ses blessures, les drapeaux imbéciles et d’apaiser la haine. Parlons-nous…[dit-il] De rien, de tout… Histoire d’échanger nos différences. Parlons-nous même de rêve un peu fou.

Et il enchaîne en racontant qu’il a pris sa guitare en écoutant François Beranger et le Monde bouge. Les années 1970… Bien avant Internet, Google, l’ADSL, les SMS et Facebook…

François Béranger, c’était son maître à chanter. Ça signifie qu’il a des choses à dire Frasiak. Mais attention, il n’est ni gourou ni porte parole… C’est juste un mec avec des mots dans le désordre et des musiques… J’espère que son micro va marcher, ça serait trop con… En tous cas, Éric, merci d’être là.

http://www.frasiak.com/indexFR.php

www.frasiak.com