Chroniques rebelles
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Contre les publicités sexistes de Sophie Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent (L’échappée). Y’a pire ailleurs. Film documentaire de Jean Henri Meunier
Samedi 17 mars 2012
Article mis en ligne le 19 mars 2012

par CP

Contre les publicités sexistes

de Sophie Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent (L’échappée)

Comment la publicité véhicule les pires clichés sexistes
et renforce la domination patriarcale.

La publicité exploite le corps des femmes pour susciter du désir, générer de l’envie, exacerber les frustrations et rendre le produit à vendre attirant. Soumise aux normes aliénantes d’une beauté stéréotypé, symbole du plaisir sexuel, ou encensant la ménagère passive cantonnée dans sa cuisine, l’image des femmes n’a jamais été autant instrumentalisée.

Omniprésentes et conçues pour marquer les esprits, ces représentations modèlent notre imaginaire et participent à la construction des normes du genre :d’un côté, la féminité associée à la jeunesse, à la beauté et à la maternité et, de l’autre, la virilité à la force, à la puissance et à l’action. Loin d’être un art, tout sauf inoffensive — c’est-à-dire perçue au second degré par des consommateurs responsables —, la publicité véhicule les pires clichés sexistes et renforce la domination patriarcale.

En compagnie de Sophie Pietrucci et Aude Vincent

et

Deuxième rencontre avec Jean Henri Meunier

Contre les publicités sexistes

de Sophie Pietrucci, Chris Vientiane et Aude Vincent (L’échappée)

L’utilisation de l’image des femmes — entendez les stéréotypes dits « féminins » — sont une véritable aubaine pour la propagande. Dans l’Italie fasciste de Mussolini, l’image autorisée des femmes était celle de la mère. Exit les images de femmes indépendantes… Une représentation maternelle omniprésente qui fut suivie de près, dans la mouvance fasciste, par la France de Pétain : souvenez-vous de la « révolution nationale », de la création de la fête des mères et du fameux slogan « Travail, Famille, Patrie ».

Très forts également les publicistes étatsuniens dans les années 1950 pour les images de femmes à cadrer, à soumettre et à vendre, histoire de formater et de mettre au pas la moitié de la population, c’est-à-dire la gent féminine qui aurait des quelconques velléités d’autonomie.

Images de femmes modèles et images de femmes idéalement ordinaires — et là ça se complique — avec les images de femmes à vendre, à faire vendre et qui consomment. C’est le trio des principes publicitaires dont l’objectif essentiel se résume en un mot : le profit. Le profit sur le dos des gogos et, bien sûr, en confortant les tendances machistes des couillus et de leurs groupies, les gardiennes du temple.

Saliver sur une blonde pulpeuse… Fantasmes torrides… Ah elle mange un yaourt ? Super ! Il faut illico presto acheter le yaourt et, en le dégustant, rêver de se « taper » la pin up… Ou bien de lui ressembler, c’est selon. Je passe sur le lien subliminal entre les capots de bagnoles, les cuisses et les fesses des tops models, les pare-chocs et les seins façon Wonderbra des femmes-publicité. Bref, nous sommes servi-es et la coupe déborde !

Si vous tentez une critique, attendez-vous à être taxé-e de coincé-e… Parce qu’il faut comprendre que les représentations sexistes, « c’est au second degré ! C’est de l’humour ! » De l’humour, l’image récurrente des femmes objets, des bimbos aguicheuses ou lascives, prêtes à l’emploi sexuel… L’humour se place-t-il donc à hauteur des parties génitales et des rapports codés et obligés de genre ?

Vendre un film en montrant un mec, pantalon baissé, devant deux jambes écartées, sans corps ni visage. Vagin bon pour le service. C’est de l’humour
au second degré ? J’oublie le commentaire, en bulle, assorti d’un sourire complice : « Je rentre en réunion. » Eh bien, il faudrait le comprendre au second degré d’un humour particulier — celui des machos convaincus — un humour respectant les femmes. Je ne doute pas que ce respect soit celui du droit des femmes à être uniquement des sujets dont les efforts doivent se borner à susciter le désir ou le plaisir… des hommes !

Il faut tout de même préciser qu’il a fallu une bagarre, et des menaces sur fond de remise d’Oscar à Hollywood, pour que ces images de « promotion » — jambes écartées devant l’homme sans pantalon — quittent les colonnes Maurice et autres lieux d’affichage au grand dam du réalisateur qui, candide, n’a pas compris pourquoi.

Y’a encore beaucoup de boulot ! Et c’est pourquoi le livre de Sophie Pietrucci, Chris Vientane et Aude Vincent, Contre les publicités sexistes, arrive à point nommé. Documenté et argumenté, il donne le pannel — pour employer un terme choyé par les publicitaires — des utilisations des images des femmes.

L’ouvrage revient aussi sur l’historique de ces utilisations et donne des clés pour déconstruire ces images — issues de l’imaginaire patriarcal — omniprésentes et agressives, des affiches aux panneaux vidéo, des
pubs « surgissantes » sur Internet aux pleines pages des magazines…

Non, les femmes ne sont ni à vendre, ni soumises, ni femmes-publicité, ni de jolies sottes, ni dans l’obligation de suivre un modèle imposé par le marché, encore moins des décors, les femmes sont des êtres humaines.

Deuxième rencontre avec Jean Henri Meunier

Sortie nationale le 21 mars de son film documentaire

Y’a pire ailleurs !

Trois films tournés à Najac, La Vie Comme Elle Va, Ici Najac, à vous la Terre et, enfin, Y’a pire ailleurs, à voir absolument en une libre « suite désordonnée » de rencontres avec un cinéma différent et des personnages du coin de la rue, du café de la place, du marché ou de la maison d’en face… Cinéma en roue libre, chroniques du réel… C’est juste du cinéma comme on l’aime et comme on aimerait en faire. Pas de trucages, pas de montage bousculé ou saccadé, juste des plans qui s’installent, des axes différents pour que l’œil parte en vadrouille sur un détail, un arrière-plan… Au choix.

Les dialogues ? Vifs et spontanés, immergés dans la quotidienneté… On oublie la caméra. Elle est là comme un accessoire presque invisible et anodin, un témoin discret du moment cocasse, magique ou attendrissant, toujours surprenant.

Les trois films se croisent, habités des réflexions sur l’environnement, les passions, les engueulades, l’ironie tendre, les dictons, l’amour des gens…
Il y a Henri Sauzeau, le bricoleur de rêve qui travaille tout le temps et s’invente un musée de la récup. C’est lui qui lance «  La lune, c’est fait pour rêver. Le soleil, c’est pour vivre ». Arnaud, le chef de gare philosophe, gourmand et animateur de la gare de Najac. Henri Dardé, le paysan voyageur et sa vision du monde, qui vit avec sa mère Simone, la fermière. Jean-Louis, le retraité lucide, Christian qui a vécu des moments difficiles, mais n’a pas pour autant appris à
« fermer sa gueule », comme il dit. Sans oublier Jacky, le clown, qui ouvre Y’a pire ailleurs en jouant à la trompette l’Internationale ; enfin Dominique, celle qui a son franc parler, le maire et Christopher, le chanteur de ballades.
Et il y a le château sur la colline, veilleur ancestral sur les saisons qui passent… Mais place aux gens ! La Vie Comme Elle Va, Ici Najac, à vous la Terre et
Y’a pire ailleursY’a pire ailleurs dernier opus d’une trilogie et libre
« suite désordonnée » d’une très belle histoire.

http://www.youtube.com/watch?v=aEC5GcPdH1I