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Ich Bin Eine Terroristin. Film de Valérie Gaudissart. 2/Les éditions LUX
Samedi 25 février 2012
Article mis en ligne le 26 février 2012
dernière modification le 27 février 2012

par CP

Ich Bin Eine Terroristin. Film de Valérie Gaudissart

et, en seconde partie,

Les éditions LUX avec notamment :

 Petit cours d’autodéfense en économie.

L’ABC du capitalisme

De Jim Stanford

 George Orwell.

De la guerre civile espagnole à 1984

De Louis Gill

 La Chasse aux musulmans.

Évincer les musulmans de l’espace politique

De Sherene H. Razack

Elles ont fait l’Amérique

(Tome 1) de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque

L’Empire de l’illusion.

La mort de la culture et le triomphe du spectacle

De Chris Hedges

En compagnie de Valérie Gaudissart, réalisatrice de Ich Bin Eine Terroristin et d’Alexandre pour les éditions LUX.

C’est l’histoire d’une gamine, d’une môme à la langue bien pendue et à la répartie facile. Ich Bin Eine Terroristin de Valérie Gaudissart est un film dont le personnage serait une Alice du XXIe siècle avec le regard acerbe d’une Zazie, plutôt mature pour son âge.

Un conte moderne ? Peut-être. Un conte moderne en forme de road movie… Mais le trajet n’est pas pour autant laissé au hasard, car Violette, c’est le nom de la jeune héroïne, suit l’itinéraire de Rosa Luxemburg, assassinée en 1919, qui disait « Je mourrai un jour à mon poste, en une bataille de rue ou en prison. » Ou encore « Nous sommes tous soumis au destin aveugle, seule me console la pensée affreuse que malgré tout, bientôt peut-être, je serai envoyée dans l’autre monde par une balle de la contre-révolution ».

Violette est fascinée par Rosa l’intransigeante, l’intellectuelle engagée qui soulève encore des polémiques, la femme « gênante » comme l’écrit Claudie Weill dans son livre Rosa Luxemburg. Ombre et lumière. Violette est fascinée au point de fuguer pour aller à la rencontre des lieux où la révolutionnaire a vécu. La prison aussi, à Breslau, où Rosa fut enfermée pendant la Première Guerre mondiale pour ses prises de position contre la guerre. Déterminée, elle l’est Violette du haut de ses 11 ans. Elle discute, elle argumente avec une belle logique et semble souvent plus adulte que ses parents. Il faut dire que sa grand-mère y est pour quelque chose et la filiation radicale paraît avoir sauté une génération. C’est d’ailleurs sans doute sa grand-mère qui a passé à Violette sa passion de Rosa Luxemburg qui, comme elle, aimait la vie, les animaux, l’humanité.

Et puis, il y a un secret entre Violette et sa grand-mère, un secret comme une promesse qu’elle emporte avec elle.

Alors Violette, les Lettres de prison de Rosa Luxemburg sous le bras, prend le train, part à l’aventure et fait de nombreuses rencontres, Karl Marx, par exemple. « Karl Marx n’est pas mort. Je le savais ! » s’écrit l’adolescente et de trinquer avec ce dernier, enfin, juste avec son sosie. Commence alors un périple au-delà des frontières que notre Violette met à contribution pour en savoir plus sur celle qu’elle admire et qu’elle se réapproprie. Le voyage, rien de mieux pour comprendre et apprendre sur les autres et sur soi-même.

Ich Bin Eine Terroristin de Valérie Gaudissart porte un regard facétieux, poétique, musical, atypique sur la prise de conscience et la volonté de savoir d’une presque adolescente bien décidée à ne pas s’en laisser conter. On pourrait dire de Violette ce que Rosa Luxemburg écrivit : « La liberté est toujours la liberté de celui [ou de celle] qui pense autrement. »

Présentation des dernières publications des éditions LUX

Depuis 1995, les éditions LUX compte plus de 100 titres à son catalogue avec un principe éditorial : l’indépendance pour combattre la marchandisation de la culture et du savoir. Les éditions Lux poursuivent une tâche nécessaire, celle de cultiver l’indépendance d’esprit et d’inspirer les révoltes. De même que soutenir la prise de conscience et la liberté des peuples, car l’autonomie des uns et des unes s’accroît avec celle des autres, sans oublier que l’être humain s’inscrit toujours dans une histoire et un territoire particuliers.

« La raison d’être d’un éditeur comme LUX, c’est donc avant tout l’indépendance et l’autonomie. Tout part de là et doit y revenir. Cela dit, entre ce départ et cette arrivée, il y a un chemin qui, comme tout cheminement, est un projet. Chez LUX, il s’agit de l’histoire sociale et politique, des Amériques dans un premier temps, puis de l’engagement politique à gauche — notamment libertaire — et, finalement, de la théorie critique en sciences humaines. » Bref, « partager les connaissances malgré les aléas d’une société qui carbure à la rapidité et à la précipitation. »

Autrement dit, s’opposer à l’urgence surfaite et au modèle de zapping, très à la mode ces jours-ci pour surtout, surtout ne pas penser et encore moins critiquer. Contre-courant, autonomie, émancipation, révoltes, résistances… Une histoire sociale et politique différente et hors du boisseau de la pensée unique. Beau programme !

La chasse aux Musulmans.

Évincer les Musulmans de l’espace politique

Sherene H. Razack

Trois personnages emblématiques caractérisent la guerre contre le terrorisme : le « dangereux » musulman, la musulmane « en péril » et l’Européen
« civilisé ». Dans cet ouvrage, l’auteure étudie la manière dont ces trois figures sont utilisées pour créer une représentation à la mesure des enjeux et de la propagande dominante en cours : représentation fantasmée d’une
grande famille de nations occidentales contraintes, à leur corps défendant, d’employer la force, tant militaire que politique et juridique, pour se protéger contre la « menace » des populations du tiers-monde.

Sherene Razack montre que l’on entretient délibérément cette fable pour justifier l’expulsion des musulmans de l’espace politique, en les stigmatisant d’abord, puis en les plaçant sous surveillance, en les emprisonnant, en les torturant, ou en larguant des bombes sur leurs pays. L’Irak, l’Afghanistan… Le deux poids deux mesures règne.

Sherene Razack est professeure au département de sociologie et d’études sur l’équité en éducation (Institut ontarien d’études en éducation) de l’université de Toronto. Ses travaux portent sur plusieurs domaines d’étude, comme le droit, les sciences humaines et politiques, les études féministes.

George Orwell.

De la guerre civile espagnole à 1984

Louis Gill

Dans un article de 1942 intitulé « Looking Back on the Spanish War » (Réflexions sur la guerre d’Espagne), George Orwell, ancien des Brigades internationales ayant participé à la guerre civile espagnole, écrit des phrases qui annoncent presque mot pour mot le monde fictif qu’il décrira dans son roman, 1984, publié en 1949.

Beaucoup de gens connaissent 1984 pour avoir lu le roman ou vu le film réalisé ensuite. Mais peu savent que son inspiration première est la participation d’Orwell à la guerre civile espagnole et la terreur stalinienne dont il a été témoin en Espagne.

« Je me rappelle avoir dit un jour à Arthur Koestler : "L’histoire s’est arrêtée en 1936", ce à quoi il a immédiatement acquiescé d’un hochement de tête. Nous pensions tous les deux au totalitarisme en général, mais plus particulièrement à la guerre civile espagnole. Tôt dans ma vie, j’ai remarqué qu’aucun événement n’est jamais relaté avec exactitude dans les journaux, mais en Espagne, pour la première fois, j’ai lu des articles de journaux qui n’avaient aucun rapport avec les faits, ni même l’allure d’un mensonge ordinaire. J’ai vu l’histoire rédigée non pas conformément à ce qui s’était réellement passé, mais à ce qui était censé s’être passé selon les diverses "lignes de parti". Ce genre de choses me terrifie, parce qu’il me donne l’impression que la notion même de vérité objective est en train de disparaître de ce monde. »

Beaucoup de gens connaissent 1984 pour avoir lu le roman ou vu le film réalisé ensuite. Mais peu savent que son inspiration première est la participation d’Orwell à la guerre civile espagnole et la terreur stalinienne dont il a été témoin en Espagne.

Louis Gill est économiste. Il a été professeur au département de sciences économiques de l’UQAM de 1970 à 2001. Il est l’auteur de nombreux ouvrages d’analyse socio-économiques et ­politiques.

Elles ont fait l’Amérique

(Tome 1) Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque

Les femmes sont absentes de l’histoire officielle de l’Amérique. Rien de très original ! Les Amérindiennes surtout, mais aussi toutes les autres, sans distinction culturelle : Inuites, Canadiennes, Anglaises, Noires, Françaises et Métisses. Pourtant plusieurs d’entre elles sont des êtres d’exception dont le contact avec le vaste continent Outre Atlantique a révélé l’intelligence et le caractère.

Elles ont fait l’Amérique de Serge Bouchard et Marie-Christine Lévesque rétablit la mémoire de quinze femmes, « remarquables oubliées », héroïnes aux exploits invisibles, résistantes, pionnières, aventurières, diplomates, scientifiques, exploratrices ou artistes... Et c’est le premier tome !

Ce livre s’inspire du matériau et de la philosophie de la série radiophonique
De remarquables oubliés, produite et diffusée par la première chaîne de Radio-Canada. La version littéraire donne une nouvelle vie à l’ambition des deux auteur-es  : regarder l’envers de l’histoire pour éclairer le visage des gens ordinaires, qui souvent en sont les véritables acteurs.

Serge Bouchard est anthropologue, passionné des cultures amérindiennes. Auteur, il a publié une quinzaine d’ouvrages, dont L’homme descend de l’ourse ; Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu ; la série des Lieux communs (en collaboration avec Bernard Arcand) ; ainsi que Confessions animales, Bestiaire I et II. Il anime les émissions de Remarquables oubliés et Les chemins de travers sur la Première chaîne de Radio-Canada. Marie-Christine Lévesque, après une carrière de conceptrice publicitaire, puis d’éditrice, s’est momentanément retirée des bruits du monde pour écrire.

Petit cours d’autodéfense en économie.

L’abc du capitalisme

Jim Stanford. Traduit de l’Anglais par Nicolas Calvé

Qu’est-ce que la dette publique ? D’où vient l’inflation ? Le profit est-il une source de progrès ? Pourquoi le chômage serait-il un mal nécessaire ? L’État nuit-il à l’investissement ?

Mystérieuse et confuse, l’économie est trop souvent mise hors de la portée de la majorité de la population qui cependant en fait les frais lors des crises qui, elles, profitent à la minorité des décideurs capitalistes. Seuls les experts agréés par les pouvoirs sont autorisés à répondre à des questions dont dépend pourtant l’avenir de tous et de toutes.

Le Petit cours d’autodéfense en économie de Jim Stanford veut rompre ce déséquilibre par l’analyse critique de situations concrètes, auxquelles s’ajoutent des synthèses expliquées par des schémas récapitulatifs.

Ce livre démystifie les dessous et les processus du capitalisme, souvent avec ironie et bon sens. Un must de l’illustration sans langage jargonneux ni figures de style obscures.

Jim Stanford est économiste et le fondateur du Progressive Economics Forum, réseau canadien d’économistes progressistes. Il tient une chronique régulière dans le Globe and Mail et exerce sa profession au sein du syndicat des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA).

L’ouvrage est illustré par Charb, dessinateur satirique et directeur du journal Charlie Hebdo, avec une préface d’Éric Pineault, professeur de sociologie économique à l’uqam.

L’empire du capital

Ellen Meiksins Wood

De nos jours, l’hégémonie étatsunienne ne s’affirme pas par la construction d’un empire colonial. Mais la puissance militaire des États-Unis est de loin mondialement la plus redoutable. La domination joue sur un autre tableau. Comment expliquer ce paradoxe ?

L’auteure rappelle l’histoire des grands empires qui furent à la fois des empires territoriaux et commerciaux et montre la nature singulière de l’impérialisme étatsunien qui ne repose pas sur des conquêtes territoriales. Le projet des gouvernements étatsuniens, rendu possible par le capitalisme, est celui d’une domination économique mondialisée, administrée localement par des États souverains, mais « protégée » par la puissance militaire des États-Unis. Vous suivez ?

L’empire du capital débouche ainsi sur ce paradoxe : tout indifférent qu’il soit à la conquête du monde, l’empire du capital a mis en place une machinerie militaire dont l’objectif est la suprématie étatsunienne et le contrôle politique du monde.

Ellen Meiksins Wood est l’auteure de nombreux ouvrages, dont L’origine du capitalisme, publié également aux éditions Lux.

Futurs proches.

Liberté, indépendance et impérialisme au XXIe siècle

Noam Chomsky

Dans ce livre, Noam Chomsky dresse l’inventaire des horizons possibles,
« menaçants » ou « exaltants », du XXIe siècle. Au fil d’une analyse acerbe des événements politiques de ces dernières années, il dévoile les rouages de la mécanique implacable de l’impérialisme étatsunien, mécanique qui plonge des peuples entiers dans la dépendance et le désarroi.

Noam Chomsky explore ainsi les problèmes d’aujourd’hui : le fossé grandissant entre le Nord et le Sud, l’exceptionnalisme des États-Unis qui n’a pas cessé sous la présidence d’Obama, les fiascos meurtriers en Irak et en Afghanistan, l’offensive israélo-étatsunienne à Gaza et, enfin, les crises financières. On est en plein dedans et ce n’est pas fini.

Il montre aussi les effets d’un processus qui s’emballe, mais qui, face à la détermination des populations, n’a pas le caractère inéluctable que les médias de masse — bons petits soldats du système — veulent bien lui prêter.

L’Empire de l’illusion.

La mort de la culture et le triomphe du spectacle

De Chris Hedges

« La culture de l’illusion est une forme de pensée magique grâce à laquelle des prêts hypothécaires sans valeur se transforment en richesse, la destruction de notre assise manufacturière se transforme en possibilité de croissance, l’aliénation et l’anxiété se transforment en conformisme pétulant, et un État qui mène des guerres illégales et administre des colonies pénitentiaires où l’on pratique ouvertement la torture à l’étranger devient la plus grande démocratie du monde. »

Avec son bonheur de magazine et ses émotions factices et fabriquées, la culture de l’illusion étend son emprise sur les États-Unis, mais pas seulement. D’un salon de l’industrie de la pornographie à Las Vegas et aux plateaux de la télé-réalité, en passant par les campus universitaires et les séminaires de développement personnel, Chris Hedges enquête sur les mécanismes qui empêchent de distinguer le réel des faux-semblants et détournent la population des véritables enjeux politiques.

Le portrait qui se dégage de cet ouvrage est terrifiant. Régie par les intérêts de la grande entreprise, la culture étatsunienne se meurt aux mains d’un empire qui cherche à tirer un maximum de profit de l’appauvrissement moral, artistique, intellectuel et économique de ses sujets.

Chris Hedges fut correspondant de guerre pour le New York Times pendant 15 ans. Il a également enseigné aux universités de Columbia et de Princeton. Il écrit des articles d’analyse sociale et politique sur la situation étatsunienne, notamment dans Harper’s, The New York Review of Books, Mother Jones et The Nation.

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